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Lettre à Ch., 14/09/04, 15h00
Le 14/09/04, 15h00, chez moi, Aix en Provence.
Ma chère Ch., Notre conversation hier a été riche en information. Une fois de plus, cela a permis de confirmer ce que je pressentais depuis le début, te concernant. Tu me l’avais dit dés le départ : « je crois que je suis devenu une fille influençable ». Et je pense que c’est le cas. Alors, je vais te dire certaines choses, pour t’aider à réfléchir. Je ne reviendrai pas sur le fait que je pense qu’on n’a qu’une vie, et que c’est à nous d’en faire ce qu’on veut en faire. Les navires qui se laissent porter par le courant d’une part n’ont aucune idée de la destination vers laquelle ils évoluent, d’autre part risquent de ne jamais arriver nulle part, errant sur l’océan jusqu’à ce qu’ils meurent de vieillesse. Ceux qui dirigent leur navire ont toutes les chances d’atteindre leur but, même s’il ne sont pas à l’abri des tempêtes et autres imprévus. Personne ne l’est, et la seule certitude que l’on possède ici bas est que celui qui n’essaie pas n’arrivera jamais à son but. Hier, je t’ai fait remarquer plusieurs choses. D’une part, le fait que quand je t’ai quittée, il t’a suffi de 24 heures pour te résigner et accepter cela. 24 heures pour laisser tomber une relation six ans. Je ne t’en voudrai pas pour cela. Il m’est arrivé la même chose avec ma petite amie italienne, à peu près : je m’attendais tellement à ce qu’elle me largue que quand elle m’a écrit que je ne lui manquais qu’un tout petit peu, je me suis fâché et je l’ai envoyée sur les roses, incapable de comprendre qu’elle déconnait. Oh, cela ne nous a pas empêchés de nous aimer ensuite, et quand bien même, ça n’aurait pas été une bien grande perte, de toutes façons. Aussi, je comprends tout à fait pourquoi tu as réagi comme tu l’as fait. Mais je sais aussi, pour m’être adressé le reproche à moi, que ce n’est pas la bonne façon de faire. Que cela trahit un immense manque de confiance en soi, contre lequel il faut lutter. Tout ça pour te dire que tu ne dois pas laisser ta vie s’écouler sans rien faire, accepter qu’un mec te largue sans essayer de défendre ton rêve. La vie est ainsi faite que ceux qui ne luttent pas n’obtiennent rien. Ne t’imagine pas que le bonheur tombe comme ça dans notre bec, et que s’il disparaît, on ne peut rien faire contre. On peut. Je te l’ai dit, il est plus que probable que si, quand je t’ai dit que je préférais arrêter, tu avais pris le premier train pour venir me secouer, j’aurais compris que je faisais n’importe quoi. De t’avoir en face de moi aurait, j’en suis certain aujourd’hui, tout changé. Et c’est ce qu’aurait fait n’importe quelle fille ayant un tant soi peu d’estime d’elle-même, un tant soi peu l’habitude de se battre contre les coups durs de la vie. Je comprends aussi ta position actuelle. Manifestement, tu as encore des sentiments pour moi. Je suppose qu’ils sont assez confus, parce qu’inconsciemment, tu les considères comme une infidélité par rapport à A., et ne dois pas les prendre en compte bien souvent. Mais ils sont là, au fond de toi, et lorsque je te demande de me dire que tu ne m’aimes plus, tu le fais en soupirant, et en ajoutant aussitôt que tu ne le fais que parce que je te le demande. Tu ne me dis pas directement que tu as de l’amour pour moi, mais tu nies le contraire, ce qui revient pratiquement au même. Si tu étais célibataire, tu n’aurais pas hésité bien longtemps avant de me dire oui. Mais tu ne l’es pas, et cela te bloque. Ta situation actuelle t’apporte effectivement du bonheur, loin de moi de prétendre le contraire. Il est toujours agréable d’être avec quelqu’un, même quand ce n’est pas le grand amour. Considère la vie comme un train. On est à quai, et puis un train s’arrête. On monte dedans, sans trop savoir où il va. Il y a des gens qui vont te dire que tant que le train roule, ils n’ont aucune raison d’en descendre. Ce sont ceux qui ne gèrent pas leur vie, qui laissent les événements décider pour eux. Et puis, il y a ceux qui n’hésiteront pas à sauter en marche parce qu’ils ont vu un train dont ils pensent qu’il peut les emmener vers une meilleure destination. Ces gens-là se projettent un peu plus loin dans le futur, ou tout au moins ne se contentent pas d’être dans un train sans se demander où il va. Ce sont ceux qui gèrent leur vie. Tu me répondras qu’on ne sait jamais de quoi sera fait demain. On ne le sait jamais dans le détail, c’est exact. Mais on peut malgré tout en avoir une vague idée. Ta théorie reviendrait à dire, dans l’exemple des trains, qu’on n’est jamais sûr d’atteindre la destination indiquée, parce qu’il y a des déraillements, des retards, des coupures de courant, etc. Ce n’est pas, tu en conviendras, une excuse valide. Tout juste l’expression d’une angoisse face au lendemain. Effectivement, il y a des trains qui déraillent. Est-ce pour autant qu’il ne faut pas prendre le train ? Est-ce pour autant que le train du moment a moins de chances de dérailler un jour qu’un autre ? Certainement pas. Mais, en ayant passé longtemps à son bord, tu peux avoir une vague idée de sa solidité, savoir s’il tiendra ou non le coup, sauf événement imprévu. Savoir si sa destination correspond à ce que tu attends de la vie. Je comprends ton appréhension. Quitter l’acquis est toujours terrifiant. On sait ce que l’on perd, on ne sait pas ce que l’on va retrouver. Est-ce une raison pour ne plus prendre la moindre décision ? J’étais très triste de quitter ma chambre à Juvisy, j’ai pleuré. Parce que j’y étais attaché, parce qu’elle m’apportait tout ce dont j’avais besoin, et que je ne savais pas à quoi ressemblerait la prochaine chambre. Pourtant, la prochaine chambre (en Angleterre) a été tout à fait bien aussi, voire mieux même : la douche ne faisait pas du chaud froid, j’avais des collocs cools, et le coin était bien plus sûr que la banlieue parisienne. Partir est toujours difficile. Puisque manifestement, tu as encore des sentiments pour moi, laisse-moi te dire que tu ne crains rien à les écouter, sinon évidemment les reproches de ceux avec qui tu partages ta vie aujourd’hui. Mais on n’est plus au dix-neuvième siècle, et une fille a le droit de changer d’avis d’un jour sur l’autre sans que personne n’ait à lui faire le moindre reproche. Tu sais que je ne suis pas venu te demander de recommencer avec moi une relation d’adolescent. Je suis venu te demander, ni plus ni moins, de faire ta vie avec moi. C’était notre rêve à tous les deux, autrefois. Tu n’y croyais pas, j’y croyais pour deux, et après t’avoir poussée à y croire pendant six ans, m’être séparé de toi pendant trois, je reviens avec toujours ce même rêve, qui n’a pas bougé, et en lequel je crois toujours. J’y crois même plus encore du fait que trois années sans te voir n’ont pas réussi à le tuer, et cela prouve sa solidité mieux que n’importe quoi d’autre. Si tu me dis oui, voilà comment les choses s’organiseront. Premièrement, je dirai à mon labo anglais que j’abandonne ma thèse, qu’elle ne m’intéresse plus. Deuxièmement, je serai à Rennes dés le lendemain, pour chercher du boulot. Je squatterai chez Nico, ou chez toi, ou je prendrai une chambre à Rennes, le temps de trouver un job. J’ai réussi à mettre 5000 euros de côté dans ce but, ça devrait largement suffire pour se lancer. Ensuite, dés que j’aurai du boulot, si tu es d’accord, on prendra un appart à Rennes. Ce sera agréable, on se verra tous les soirs, et on pourra manger ensemble le midi. On fera comme ça quelques années, le temps de mettre de l’argent de côté pour acheter une petite maison à la campagne. Alors, on pourra se marier, et considérer sérieusement de transformer le couple en famille. Je ne suis pas en train de faire des plans sur la comète. Je sais de quoi je parle. Je sais que mes sentiments pour toi sont stables. Ca fait plus de dix ans que je te connais, neuf que j’ai fait le voeu de faire ma vie avec toi. Trois années loin de toi m’ont démontré que le temps ne suffirait pas à tuer ce voeu. La seule chose qui puisse le tuer, c’est que tu le refuses. Maintenant, considère ceci. Tu m’as dit qu’avec le temps, tu parviendrais sans doute à m’oublier. Que quand tu aurais tenu plus de six ans avec A., tu serais plus sûre de toi. Cela me fait sourire. Tu as passé trois ans sans avoir de nouvelles de moi, trois ans sans avoir le moindre espoir que je revienne. Trois ans avec A.. Et au bout du compte, tu penses toujours à moi (c’est même la première chose que tu me dis quand je reprends contact avec toi : « il ne se passe pas une semaine sans que je pense à toi »). Ce que trois années sans le moindre espoir que je revienne n’ont pas réussi à effacer, je ne vois pas comment trois autres années où tu sauras que je suis prêt à accomplir ma part de la mission qu’on s’était fixée, où je garderai contact avec toi, t’écrivant, te parlant, venant te voir plusieurs fois par an, parviendraient à l’effacer. Je ne comprends pas pourquoi tu n’écoutes pas ton coeur. Si tu as conservé des sentiments pour moi pendant tout ce temps, c’est forcément qu’au fond de toi, tu espérais que je reviendrais. Et maintenant que je reviens, tu voudrais m’oublier. Cela ne me surprend pas tellement, en fait. Quand j’étais en Angleterre, j’ai monté un groupe avec des potes. Tu sais que j’avais toujours eu ce rêve de devenir musicien, et c’était un peu le réaliser. On a répété, on a bientôt pu participer à des concerts, à la fac. Chaque fois, je rêvais de ces concerts avec impatience, j’étais très pressé d’y être, c’était mon rêve qui se réalisait : jouer devant un public, être musicien (batteur, à l’époque). Et puis, le jour du concert, j’avais le trac. Brusquement, c’était l’angoisse. Et si, et si je n’étais pas à la hauteur, et si je me plantais, un trac tel qu’au final j’ai failli plusieurs fois appeler les potes pour leur dire que j’étais malade, que je ne pouvais plus jouer, que la musique, ça me soulait, que je n’en avais rien à cirer, de ce concert. Je sais que c’était la voix du trac, et que dans ces moments-là, l’angoisse occupe tout l’espace, qu’on oublie complètement le rêve, et qu’on n’a plus qu’un objectif : faire cesser le trac. Je suis quand même allé au concert. Parce que je me suis souvenu que je l’avais attendu, désiré, pendant presque un mois, et que même si sur le moment je ne ressentais plus tout cela, il me fallait malgré tout continuer dans la même direction. Je savais bien que si je n’y allais pas, mon rêve tomberait à l’eau, et que je m’en voudrais longtemps d’avoir été si lâche. (Au passage, tous les concerts se sont toujours super bien déroulés, et j’en garde des souvenirs impérissables.) Les rêves importants ne sont pas faciles à réaliser. Il est normal qu’ils filent le trac. C’est aussi dans ces moments-là qu’on a l’occasion de prouver qu’on est quelqu’un de courageux, tu ne crois pas ? Je ne voudrais pas que tu bousilles ton rêve simplement parce que, oui, ça fout la trouille, ça demande beaucoup de courage, pour s’arracher à une vie bien rôdée. Mais dis-toi bien que si ton rêve est de retrouver ta place dans mes bras, si tu te laisses abattre par l’angoisse de le réaliser, quand cette angoisse aura disparu (et moi avec), ton rêve reviendra, plus fort encore, d’avoir été si proche de se réaliser. Et tu auras l’impression d’avoir tout gâché, des regrets que tu n’as manifestement jamais connus, pour oser croire qu’après tout ils ne seront pas si terribles. J’ai connu de tels regrets, et même si j’avais la trouille de reprendre contact avec toi, la trouille d’aller te voir, la trouille de te parler, je l’ai fait. Parce que je sais à quoi ressemblent les regrets, et je préfère passer pour un con à tes yeux, me briser le coeur devant un refus, que connaître des regrets. J’ai failli me foutre en l’air, pour des regrets ; je ne veux plus jamais connaître ça. Alors je fais tout pour réaliser mes rêves. Mon rêve le plus cher, c’est de faire ma vie avec toi. Si je parviens à réaliser ce rêve, je m’en irai de cette planète en ayant le sentiment d’avoir fait quelque chose de ma vie. Mon second rêve le plus cher, c’est celui de la musique. J’ai passé la journée à gratter, depuis dix heures du matin jusqu’à vingt heures ce soir, ne m’arrêtant que pour les repas et quelques clopes. J’ai mal aux doigts, mal au crâne, mais j’avance, j’avance sur le morceau que j’écris. J’ai passé une semaine à jouer avec Nico, et je sais qu’on ira jusqu’au bout, démos, démarches auprès des producteurs, répétitions chaque week-end. Ca ne garantit pas qu’on réussira, mais ce qui est certain, c’est que si on ne le fait pas, on s’ôte toute chance de réussir. Dans la vie, il faut savoir ce que l’on veut, et tout mettre en oeuvre pour l’obtenir. Personne n’est à l’abri de l’échec, mais échouer quand on a fait le maximum, cela n’entraîne aucun regret. Je n’aurai pas de regret si on se plante, avec Nico. C’est qu’on n’avait tout simplement pas le talent pour réussir, qu’on n’était pas faits pour ça. J’en aurais à me dire que j’ai laissé tomber ce rêve, et que j’aurais peut-être pu le réaliser, si je m’étais accroché. Considère tout cela, Ch.. Je ne te laisserai pas bousiller ta vie parce que tu manques de courage. Que tu m’aimes ou pas, je continuerai à te pousser à prendre ta vie en main. Pour moi, tu n’es pas une ex. Tu es un peu comme une soeur (petite ou grande, selon les moments). Tu comptes énormément pour moi, et même si tu me disais que tu ne m’aimeras jamais, je continuerai à essayer de te faire comprendre que ta vie, il ne faut pas que tu la laisses se dérouler sans essayer d’en faire quelque chose. Tu as du potentiel, tu es intelligente, jolie, tu as un coeur généreux et droit, je ne veux pas que tu gâches tout ça parce que tu as peur de vivre. Tu n’as aucune raison. Je sais que c’est dans ta nature, mais je sais aussi que cela se change ; j’en suis la preuve vivante. Après, je comprends aussi que tu aies encore de moi l’image du garçon qui t’a plaqué, et que tu te dises que je pourrais recommencer. Mais tu ne dois pas. Je ne suis plus un adolescent. Si je m’engage avec toi désormais, c’est dans une relation adulte. Je sais que ce ne sera pas tous les jours tout rose, mais je sais aussi que ça sera plus facile qu’autrefois. On ne se verra pas tous les jours, toutes les heures. On se verra seulement le soir, en rentrant du boulot ; le midi, si on mange ensemble. Et le week-end. Et je sais que c’est de cela qu’on rêvait plus jeunes, d’une relation où peut-être on se verrait moins, mais où l’on serait certains de ce dont le lendemain serait fait. Autrefois, on avait raison de douter, parce qu’on n’était que deux ados, et que notre vie ne nous appartenait pas encore. Aujourd’hui, c’est totalement différent. Notre vie nous appartient, nous sommes libres d’en faire ce que nous voulons. Ne réfléchis pas trop. Si ton coeur murmure encore mon prénom, ce coeur qui aura attendu des années le jour où je reviendrais, alors fonce. Aie confiance en moi. Je ne te laisserai pas tomber une deuxième fois. Il n’y aura plus jamais mille bornes entre nous, jamais plus de quelques heures de séparation. On ira encore prendre des verres ensemble, et cette fois, on osera rire. Je ne me sentirai pas obligé de regarder ailleurs pour ne pas te gêner, en sentant bien que tu en profites, toi, pour me regarder. Tu ne seras plus obligée de dire non et de penser oui, de te sentir coincée entre deux forces contradictoires. Si tu n’arrives pas à écouter ton coeur, essaie d’aller t’asseoir seule dans la nuit. Dans ces moments-là, on l’entend mieux, il n’y a rien pour nous distraire. Demande-toi qui tu aimerais avoir là, juste à côté de toi, pour poser ta tête sur son épaule, pour qu’il passe un bras autour de tes épaules. Ton coeur te répondra. Et s’il s’y refuse encore, alors observe-toi. J’étais sur Rennes et libre de mercredi à samedi. On s’est vus chaque jour, mais moi, je n’ai demandé à te voir que le mercredi. Je t’avais dit ce que j’avais à te dire. Je n’ai pas réussi à couper les ponts, comme j’aurais aimé le faire. Et je ne le regrette pas. C’est pourtant toi qui a proposé qu’on mange ensemble le jeudi. Qui a proposé de remettre ça le vendredi. Qui a dit que tu essaierais de te libérer le samedi après-midi, alors que je n’avais rien demandé. Ce n’était pas seulement par curiosité. La curiosité pour un ex présente des limites. Quand je t’ai appelée, la première fois, il y a un mois et demi, tu étais ravie. Tu peux dire le contraire, te rétracter comme tu l’as fait ensuite, quand tu as senti que tu pourrais fort bien retomber amoureuse, et a cessé de me parler, de répondre à mes lettres. Quand on risque de tomber amoureux, tu sais, c’est qu’on l’est déjà. Tu m’as vu, Ch. : est-ce que j’ai changé ? Tu m’as entendu : est-ce que mes rêves ont changé ? Dix ans que je rêve de demander ta main, et tu as bien vu que rien n’avait bougé, rien. Oui, il y a eu cette rupture. Elle était nécessaire, je t’ai expliqué pourquoi. On aurait peut-être pu l’éviter, mais je pense que ça aurait été moins bien que de vivre un peu séparément, pour pouvoir ensuite se retrouver. Et puis, tout ça, c’est du passé. Les moments difficiles sont derrière, maintenant. Combien de temps avons-nous rêvé du jour où on pourrait vivre ensemble, avoir terminé nos études, pouvoir enfin vivre notre amour, un amour d’adulte ? Trois ans sans se voir, sans se parler... Je n’ai pas réussi à t’oublier, tu n’as pas réussi à m’oublier. Je ne comprends pas qu’il te faille autre chose pour comprendre que ce qu’il y a au fond de ton coeur, ce n’est pas trois ans supplémentaires avec A. qui pourront le tuer. Si ça avait dû, si ça avait pu mourir, ça serait mort. Le seul problème, c’est que tu manques de courage. Que tu vas peut-être foutre ta vie en l’air simplement parce que tu n’auras pas le courage de prendre la bonne décision. Mais je ne te laisserai pas faire. Je ne suis pas comme toi, je n’accepte pas que tu me dises non alors que je vois que tu penses oui. Tu peux me « plaquer » à ton tour si ça te chante, je me battrai aussi longtemps que je sentirai que ton coeur bat pour moi, même s’il essaie de le cacher du mieux qu’il peut. Souviens-toi de la jeune fille que tu étais, celle qui n’avait pas peur de la vie, qui fonçait, et ne se demandait pas si elle risquait de souffir, si c’était bien, pas bien. Celle qui allait là où son coeur lui disait d’aller, et c’est cela qu’on appelle vivre, tu sais. Si tu pouvais lire dans le mien, de coeur, tu verrais que tu n’as aucun souci à te faire. Appelle-moi, je prendrai le premier train. Il me faudra un peu de temps pour trouver un job, mais après, on sera tranquilles. Nous deux, un petit appart avec un canapé pour se faire des câlins le soir, on fera nos courses ensemble le week-end, on verra des potes le samedi soir, on sortira en boîte ou au ciné (dire que je n’ai jamais été en boîte avec toi...), on prendra des pots dans les cafés, on ira passer le samedi sur la plage, je t’emmènerai faire les soldes, on s’habillera l’un l’autre, on rira, et on aura des milliers de souvenirs à se remémorer la nuit dans le noir. Je te promets de t’épouser, si tu me dis oui. Je pèse mes mots, tu sais. Je ne suis plus un petit rigolo qui s’enflamme au premier coup de coeur. En trois ans, j’ai eu largement le temps de comprendre que tu étais la fille avec laquelle non seulement je voulais, mais surtout je pourrais, faire ma vie. Même si tu as tes défauts, et moi les miens. Je sais que globalement, nous avons les moyens de vivre heureux ensemble. Vraiment heureux, je veux dire. Si ça correspond à ton rêve, celui qui se cache au fond de ton coeur, alors ne gâche pas cette chance. Le bonheur, la vie, tout ça c’est toujours comme les trains : il faut monter dedans tant qu’ils sont à quai. Et dis-toi aussi que l’angoisse nous fait voir des montagnes infranchissables là où il n’y a souvent que des trous de taupes. Les obstables, ils sont dans ta tête, pas dans la réalité. Si trois ans n’ont pas suffi à te faire oublier le garçon que tu aimes, alors ne te prends pas la tête avec des « si » et des « mais », va là où ton coeur te dit d’aller. Tu feras le bon choix (et tu me remercieras dans dix ans de t’avoir empêchée de céder au trac;)). Je ne peux rien te dire de plus que cela : si tu n’as pas confiance en toi, alors aies confiance en moi. Ce qui compte n’est pas que je t’aie plaquée un jour, mais que trois années après je t’aime toujours autant, et que je fasse tout ce que je peux pour réaliser ce rêve, mon rêve, notre rêve. Souviens-toi des choses que tu me murmurais autrefois, souviens-toi de tous les instants où tu as rêvé qu’un jour je revienne vers toi, souviens-toi de tout ça, et n’attends plus de la vie qu’elle prenne les décisions à ta place. Le bonheur est une chose qu’on obtient par la force de sa volonté. Pas un don du ciel ou du destin ou que sais-je d’autre. Courage ! Je t’embrasse. Ecrit par Barjac, le Mercredi 15 Septembre 2004, 17:46.
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