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Suite des opérations.
Quelques jours se sont écoulés, et il me faut relater les derniers événements. C'était mardi, je crois, que j'ai écrit pour la dernière fois. J'avais reçu sa lettre, sa lettre où une partie d'elle disait qu'elle ne m'oublierait jamais, m'aimerait toujours d'une certaine façon, et où l'autre disait qu'elle était heureuse avec son mec. J'ai répondu, longuement, pour mettre un terme aux ambiguïtés, pour lui dire qu'envers et contre tout, je l'aime, je n'aime qu'elle, et qu'elle est celle avec laquelle je veux faire ma vie.
Elle n'a pas répondu. Le lendemain, n'y tenant plus, j'ai pris le téléphone, et le coeur à 210, j'ai composé son numéro. Elle a répondu, et c'était elle, sa voix si douce dans le silence des trois dernières années. J'ai cru pleurer. On est restés une heure, j'ai parlé peu, elle a parlé beaucoup. Je lui ai dit que je tenais à elle, elle m'a dit que si seulement j'avais trouvé le courage de le lui dire plus tôt, elle aurait couru pour se jeter à mon cou. Elle m'a dit que maintenant, c'était difficile, qu'elle devait réfléchir. Elle m'a dit que je n'avais pas laissé leur chances à d'autres filles, et que je retrouverais sûrement une autre personne qui en vaille la peine, même si c'est moins passionnel. Je lui ai dit que non, jamais, jamais, jamais. On a parlé du passé, et elle m'a dit qu'elle ne m'en avait jamais voulu de l'avoir quittée, même si elle n'avait pas compris pourquoi. Elle m'a dit qu'elle était heureuse que j'appelle. On a même ri, un peu. Elle m'a dit qu'elle n'oublierait jamais ce que j'avais été pour elle, et j'ai dit la même chose. Elle a dit que si la vie était bien faite, alors un jour peut-être, on se retrouverait. Son coup de fil a été comme sa lettre. Un mélange de oui et de non, qui m'a remis l'espoir au coeur, mais l'espoir est douloureux, vous savez. J'ai dormi neuf heures en deux nuits, entre jeudi et vendredi. Je lui ai écrit, encore. Jeudi, pour son anniversaire, j'ai envoyé des fleurs. Elle m'a appelé, deux fois, pour me dire merci, et que cela lui avait fait très plaisir, mais qu'elle était embêtée, à cause de son mec. Qu'elle ne voulait pas d'une situation ambigüe. Samedi, j'ai couru en ville m'acheter des fringues ; un pote m'a dit que cela faisait du bien, dans ces moments-là, redonnait un peu confiance en l'image de nous-mêmes. J'ai aussi investi dans un portable ; si certains d'entre vous souhaitent l'avoir, je le leur donnerai. Pour pouvoir lui envoyer des messages, l'appeler un peu. J'en ai envoyé, des messages. Samedi, elle m'a rappelé, car je le lui avait demandé. On a discuté de tout et de rien, de nos familles respectives, de la musique du moment, etc. Mon pote de Rennes aussi, m'a appelé ; on a convenu une semaine au bord de la mer en septembre, puis de remonter chez lui. Ch. a dit qu'on pourrait se revoir, alors. Je ne sais pas si ça lui fait plaisir ou non. Elle m'a dit au téléphone qu'elle avait peur que ce soit dangereux. Je n'ai pas dit que la vie était une chose dangereuse en elle-même (on en meurt tous un jour, d'ailleurs). Hier, je lui ai écrit de mon lever à mon coucher, avec une pause pour aller acheter des clopes. Je n'ai mangé que deux tranches de jambon ; j'ai un peu faim, aujourd'hui. Dans la soirée, je l'ai appelée. Un type a décroché, a dit "Robert, Robert !", alors j'ai raccroché. Je ne sais pas si elle s'est moquée de moi. Je lui envoyé un texto pour lui dire de me rappeler si elle le souhaitait quand elle serait rentrée (de soirée, manifestement), et que je la rappellerai. Puis, j'ai rappelé, j'ai laissé un message, lui disant que j'aurais aimé lui souhaiter bonne nuit. Elle n'a pas répondu. Alors, je suis malade. Malade de cette attente qui me déchire, malade de ne pas savoir ce qu'elle pense, malade de me dire qu'au fond, celle que j'ai connu n'existe peut-être plus. Mais cela ne me fera pas tolérer qu'elle se moque de moi, qui plus est par l'intermédiaire d'un pote à elle ou de je ne sais qui. J'essaie de me focaliser sur ce qu'elle a dit, que j'avais été pour elle un type extraordinaire, et qu'elle m'aimerait toujours d'une certaine façon. Mais j'ai peur qu'elle se fâche, si je la relance trop ; en même temps, chaque seconde sans l'entendre est une année en enfer. Je ne sais plus rien, mes amis, je ne sais plus rien. J'ai décidé de retourner à Rennes, l'an prochain. Je vais m'inscrire en licence, préparer le CAPES en maths, que je n'aurai certainement pas. Mais j'espère qu'avant la fin de l'année, j'aurai trouvé du boulot là-bas, quelque chose de stable à lui offrir. Reste à gérer avec mes vieux. Mais je crois qu'ils comprendront. L'important, ce n'est pas de gagner la bataille, c'est de la livrer, afin de n'avoir pas de regret. Mon pote de Rennes est près à m'héberger le temps que je trouve une chambre. Si vous saviez comme j'ai peur, si vous saviez comme c'est terrible de jouer sa vie, et en même temps comme c'est malgré tout bon de savoir qu'on ne laisse pas la vie décider pour nous, qu'on ne se dit pas "si la vie est bien faite"... Peut-être, peut-être cette histoire finira mal. Je ne peux pas concevoir ma vie sans elle. Mais peut-être pas. Peut-être, même si elle me rejette, trouverai-je une échappatoire. Je donnerai mon coeur à la première qui en voudra, et je déverserai sur elle tout cette amour dont Ch. n'aura pas voulu, et je ferai d'elle la plus heureuse des femmes, un peu par vengeance, un peu parce qu'un coeur comme le mien, je me dis qu'il ne faut pas en faire du gâchis, qu'il y aura sûrement une fille pour en retirer quelque chose, si Ch. n'en veut pas. J'espère, j'espère, et me voilà à nouveau déchiré, détruit par l'amour alors que j'avais dit : jamais plus. Dans ma lettre, hier, je lui rappelle comment nous avons passé six ans à souffrir, six ans à regretter d'être encore si jeune, à attendre le jour où l'on serait adultes, libres de vivre notre amour pleinement, enfin. Je lui ai dit que ce jour était arrivé, et qu'il ne tenait plus qu'à nous de donner un sens à toutes ces larmes que nous avons versées ensemble, à faire en sorte que toute cette souffrance trouve aujourd'hui sa justification. Je lui ai dit aussi que si elle me rejetait, moi, je lui pardonnerai, mais qu'elle avait intérêt de s'assurer que la jeune fille qu'elle fut était bien morte, car elle, elle ne lui pardonnerait jamais de renier l'homme dont elle a tant de fois fait le voeu de devenir la femme. J'espère, j'espère qu'au fond d'elle, cette jeune fille vit encore. J'ai eu ma cousine au téléphone, hier. Elle était dans le même état que moi. Il faut croire que notre tendance à la passion est dans les gênes. La pauvre ne pouvait plus aller voir le mec dont elle est tombée amoureuse pendant les vacances, un gars de Marseille, et elle était dans ce doute insupportable, à ne pas savoir si il tenait à elle, si cela était raisonnable, à ne penser qu'à une chose : le revoir. Je lui ai dit de venir passer quelques jours ici, elle pourrait prendre le bus et aller le voir sans problème. Elle m'a dit aussi qu'elle connaissait des couples comme le mien (enfin ce qu'il en reste), qui s'étaient rencontrés très jeunes, s'étaient aimés longtemps, puis s'étaient séparés, et qui se retrouvaient après quelques années, parce que ce qui les liait était trop fort pour qu'ils vivent séparément. J'espère que Ch. et moi, ce sera un de ces couples. J'espère, et plus j'espère, plus je m'envole haut, et plus je m'envole haut, plus la chute sera douloureuse. Que le ciel fasse que ce que nous avons écrit autrefois dans la matière meuble de nos coeurs ne se soit pas effacé avec le temps, que nos coeurs d'adultes, solides, portent encore cette marque d'une jeunesse où dans le même lit, nous nous disions sans cesse : "un jour, ce sera comme ça, toi et moi, mais ce sera notre lit, notre maison, notre vie." Oh, Seigneur, faîtes qu'elle n'ait pas oublié, faîtes qu'elle ne soit pas devenue une adulte, que la jeune fille en elle qui avait le courage d'aller où son coeur l'appelait, le courage de réaliser ses rêves, vive encore. J'ai trop peur qu'elle se soit assagie, et n'ai plus le courage de se battre avec la vie, qu'elle se laisse aller, conserve ce qu'elle possède aujourd'hui, même si c'est moins bien. "Un chat auquel on a coupé les glandes le volonté", lui ai-je écrit, "et dont le quotidien se résumé à sa pâtée journalière, son câlin du soir, le calme plat". Elle m'a dit qu'elle n'avait plus confiance en moi, qu'elle ne pourrait plus êtresûre que je ne la quitterai pas à nouveau. Mais c'est un faux problème. Elle compare sa stabilité d'aujourd'hui avec l'instabilité de notre éloignement. Les conditions sont différentes, ce n'est pas comparable. Qu'elle compare aujourd'hui avec la période où j'habitais moi aussi près d'elle, là ce serait comparable. Ou qu'elle envoie son homme à l'autre bout de la France pendant trois ans, qu'elle lui rajoute deux années de prépa à bouffer du stress à tous les repas, alors oui, on reparlera de stabilité. Je lui ai écrit que ce que je lui demandais aujourd'hui, ce n'était pas de redevenir ma petite amie pour partir à l'autre bout du monde sans elle. C'était de devenir ma femme, et je ferais tout pour trouver un emploi juste à côté d'elle, pour pouvoir prendre soin d'elle chaque jour. J'ai peur qu'elle me croie fou ; je compte sur cette part d'elle qui sait que ce que je dis, je ne le dirais pas à n'importe qui. J'ai peut-être tort. Vu depuis son quotidien routinier, bien rôdé, apathique, ma passion peut lui faire peur. J'espère que ce ne sera pas le cas. Je ne fais que lui dire : "aujourd'hui, j'ai enfin les moyens de tenir la promesse que je t'avais faite". Il faut que je la revoie, et que je sois calme, que je lui dise que c'est elle, pas une autre. Il faut qu'elle comprenne cela. Peut-être, en face de moi, ses rêves agonisants reprendront-ils vie, et réalisera-t-elle qu'on n'a qu'une vie, et que cette vie, si elle a passé six ans à la souhaiter avec moi (plus encore, car elle m'a dit qu'en cinquième, soit 1992, elle avait fait ce voeu, au passage d'une étoile filante, de devenir ma femme), trois ans de relation avec un type dont elle n'aurait pas été chercher l'amour d'elle-même ne méritent pas qu'elle renonce. J'espère qu'en elle, ces choses-là ne sont pas mortes. J'espère que ce n'est qu'un accident, ce type qui s'est moqué de moi au téléphone hier (et putain, je me ruine, moi qui ne suis pas riche, pour pouvoir l'appeler un peu, j'appelle avec la peur au ventre, et à l'autre bout, on se moque de moi... Il y a dans la vie une cruauté qui me dépasse.) Ecrit par Barjac, le Lundi 2 Août 2004, 17:13.
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