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Dimanche 01 Février 2009
On marche sur la glace, un pied devant l'autre, et comme ça on enchâine les jours, les mois, les années. Avec un peu d'effort, on finit presque par oublier le lac en dessous. Ce lac avec ses eaux gelées, ses fonds silencieux, loin de la lumière. Et ses monstres qui ne dorment que d'un oeil, observant de l'autre le mouvement de nos pas là haut, sur le plafond translucide. Pas de mouches qui s'obstinent, sur cette feuille de glace qui mincit à mesure qu'on avance.
Ecrit par Barjac dans la rubrique Infidélités
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Mardi 16 Septembre 2008
Hier, tandis qu'on rentre du boulot un peu tard, M. envoie des appels de phare à une drôle de remorque qui stationne en travers de notre rue. La remorque s'écarte, et on réalise en passant devant qu'elle porte l'inscription "POLICE" en grosses lettres.
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Vendredi 01 Août 2008
Tout a commencé avec un email comme j'en reçois deux cent par jour. De la pub pour un site de rencontre, voilà qui change un peu du Viagra et autres extenseurs de péniche. Allez hop, poubelle et retour à mes équations. Je passe un moment à regarder à travers mon écran, et puis dans un soupir, retourne à ma poubelle pour en extirper l'email tout froissé. Elle est chez ses parents pour deux semaines, je passe dix heures par jour au bureau, ça me changera les idées, allégera un peu cette solitude passagère. Et puis, c'est juste pour rire, pas vrai ?
Ecrit par Barjac dans la rubrique Infidélités
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Samedi 28 Juin 2008
Nous marchons lentement, un peu ivres, et puis nous arrêtons, sur le pont. Sous nos pieds, les lumières dansent à la surface, noire, du canal. Depuis quelques instants, la conversation s'est faite sérieuse. Curieusement, c'est S. qui a amené le sujet. C'aurait pu être moi. Nous remontions Broad Street, la rue des bars et des boîtes, à contre courant, comme deux saumons au milieu d'une marée de mini-jupes. "T'arrive-t-il, parfois, de regretter l'adolescence ?" Touché juste mon vieux. La porte étant ouverte, je lui raconte. A propos de Ch. A propos de M. Ce sentiment de désensibilisation, d'habitude. Nous en convenons : tant à changé dans notre façons d'aimer, depuis nos quinze ans. L'intensité a disparu, la passion s'est éteinte. Nous vivons avec de chouettes filles, et sommes heureux environ vingt-neuf jours par mois. Mais le trentième jour, il y a toutes ces questions. La question du mariage, bien sûr. Cela nous pend au nez, à l'un comme à l'autre, et tous deux sommes indécis. Ce n'est pas elle, c'est cette drôle de vie qui veut qu'on aime pendant dix ans, et puis qu'on mette nos sentiments à la poubelle. Qu'on "se pose", en d'autres mots que l'on renonce à toute passion, au grand frisson des premiers instants. Ce n'est pas que je ne l'aime pas, c'est juste que le mot "aimer" a perdu sa saveur.
Ecrit par Barjac dans la rubrique Infidélités
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Jeudi 19 Juin 2008
Parce que c'est la semaine internationale du vélo à la fac, un type en collants m'accoste tandis que je laisse mon destrier aux écuries. Il évoque la gratuité d'un café et me fait signe de l'attendre. Dans le hall d'entrée de la fac, les cyclomanes tiennent un stand. On me remet un coupon qui me donne droit à une boisson chaude aux frais de la princesse, un magazine où (surprise) il est question de bicyclage, et une carte des endroits où on peut rouler sans risque à Birmingham, qui ressemble beaucoup à une carte de Birmingham, sauf qu'il y a des lignes de couleur. A y regarder de plus près, ce ne sont pas vraiment des lignes, mais plutôt des tronçons de cent mètres, reliés entre eux par des pointillés, qui signifient "partie non cyclable" si l'on en croit la légende. Me voilà donc avec une carte qui finalement m'explique que pour me rendre du terrain vague à l'usine, pardon de l'appart à la fac, il me faut prendre mon vélo, faire cent mètres, descendre de selle, marcher cent mètres, remonter sur mon vélo et recommencer cent mètres plus loin. Ajoutez une brasse dans le canal et vous serez prêt pour le prochain triathlon.
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