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Fait Ch.
Mes chers amis,
Je ne sais plus bien où j’en suis. Je n’ai pas eu le temps de répondre à tous vos commentaires ; je m’y appliquerai plus tard, je le promets. Mais pour l’instant, le peu de temps libre que j’ai, je le passe à penser à Ch., et c’est une occupation qui, même douloureuse, m’apporte un peu de paix. Il me faut vous conter les derniers événements. Je crois que je m’étais arrêté à la semaine précédant celle-ci, et au cadeau que je comptais lui faire. Revenons au 30 juillet, jour de son anniversaire. Je lui ai envoyé un bouquet de fleurs, par Internet. J’en ai pris un beau. Il était un peu cher, mais si l’argent peut soulager un peu notre peine, alors il faut l’y utiliser. En rentrant, j’ai aussi cherché un autre cadeau, plus palpable. Je suis entré dans un magasin de jouets, je cherchais quelque chose de pas trop voyant, une peluche, je savais qu’elle les aimait beaucoup. Je suis finalement sorti avec deux pièces de jeu d’échec. En rentrant chez moi, j’ai fait demi tour, je suis retourné au magasin, et j’ai acheté une troisième pièce. Les deux premières, c’était un roi et une reine. La troisième, un fou. J’ai passé ma soirée à fabriquer un lit, pour y mettre le fou et la reine, et les lui envoyer. Je ne m’en suis pas trop mal sorti. Un peu de menuiserie, un peu de couture, le résultat était bien. J’ai fait un petit paquet, j’ai couché mes deux pièces dans le lit, ajouté une jolie carte sur laquelle j’ai écrit : « Le roi attend sagement dans un tiroir de mon bureau. Le jour où tu te marieras, quel que soit l’heureux élu de ton coeur, je te le donnerai, et tu me rendras le fou. » Lundi dernier, j’ai posté ce présent, ainsi qu’une longue lettre. Mardi matin, j’ai laissé deux messages sur son portable pour lui dire de ne pas lire la lettre. Je l’avais écrite un peu dans l’impatience, et je me suis rendu compte après que ça allait faire trop. Je suis resté sans réponse de sa part depuis samedi dernier. Vendredi, enfin, j’ai reçu une lettre. Cette lettre dit, en substance, qu’elle regrette de n’avoir pas été assez directe. Que les fleurs, les lettres, les messages, ça a fait un peu beaucoup pour elle et pour ses proches, et qu’elle pense que je m’enflamme trop vite. Qu’elle regrette que je veuille continuer l’histoire, qu’elle ne se sent pas prête aujourd’hui pour cela. Qu’elle est heureuse de sa relation avec son mec, qui est beaucoup plus simple, plus durable, où tout coule de source. Qu’elle ne tient pas entretenir une relation ambigüe avec son « ex », qui ferait du mal tant à elle qu’à son mec. Qu’il lui a offert un bouquet de fleurs, mais qu’il n’a pas eu le temps d’aller chez un fleuriste, parce qu’il a travaillé dur jusqu’au dernier moment pour qu’ils puissent partir en vacances ensemble. Qu’il s’est senti con avec son bouquet, à côté du mien. Mais qu’elle l’a trouvé très bien, le sien, et qu’elle croit qu’elle l’aime (lui, je suppose, pas le bouquet) énormément. Et que si je reviens la voir en septembre dans l’intention de la reconquérir, elle préfère qu’on ne se voie pas. Mais qu’elle sera ravie d’aller boire un café avec un ami. Merci d’avoir appelé le premier. PS: elle ne lira pas ma lettre si je préfère. Ca m’a foutu un coup, forcément. Et je sais qu’elle a raison. Je me suis, une fois encore, enflammé comme de la paille. Du coup, j’ai été envahissant, je lui ai fait peur, et aujourd’hui, elle me rejette. Alors, je reste là, déchiré entre une part de moi qui me dit : laisse tomber, vieux, tu vas te bousiller le coeur pour une fille qui s’en fout, et l’autre qui dit au contraire : elle dit qu’elle n’est pas prête aujourd’hui, mais elle ne dit rien pour demain. Et au fond, c’est encore pire. Je finis par penser que je préférerais qu’elle me dise : « écoute, j’aime mon homme, toi c’est du passé, laisse-moi tranquille, maintenant ». Elle entretient l’espoir, avec une cruauté si typiquement féminine, cruauté qui le plus souvent s’ignore. Son amitié... Elle ne ressemble à rien, cette amitié. C’est tout au plus une attache à roue de secours, pour le cas où demain son mec la plaquerait, et qu’elle aborde la trentaine seule. Alors, elle se souviendra qu’il y avait un type, un type qui ne l’avait pas oubliée... Merci bien, très peu pour moi. Je lui ai écrit une lettre, quinze pages typographiées. Je ne l’enverrais pas. Je me rends compte qu’elle ne ferait qu’ajouter à son trouble. Je lui parle comme si elle allait se marier, alors que pour elle, tout ça semble encore loin. Mais j’ai tant de peine, à penser que cette fille qui pleurait autrefois dans mes bras tant elle m’aimait n’éprouve plus rien pour moi. Et même de cela, je ne suis pas tout à fait certain. La première chose qu’elle m’a dite, lorsque je lui ai écrit, parce qu’elle était pressée, fut : « ce que je vais juste te dire, c’est qu’il n’y a pas une semaine sans que je pense à toi ». Comment voulez-vous que je ne devienne pas fou d’espoir, en lisant de telles choses ? Au téléphone pareil, elle m’a dit : « si seulement tu m’avais recontactée plus tôt... », ou dans un mail : « je crois que je t’aimerai toujours, d’une certaine façon ». J’ai l’impression qu’il y a deux filles en elle, l’une qui est l’ancienne, celle qui m’aimait et m’aime toujours, à cause de ce que nous avons partagé. Et l’autre, la nouvelle, qui est née de la souffrance de la première, qui a peur de moi, peur de souffrir à nouveau. Ca me fait de la peine de la voir aujourd’hui brandir la stabilité de sa relation, une relation qui certes, « n’est pas fusionnelle », mais est plus tranquille. Quand elle me parle de son mec, ce n’est jamais pour me dire qu’il est l’homme de sa vie, celui qu’elle aime de toute sa force. C’est pour me dire qu’il lui a « un peu forcé la main », mais qu’il est très gentil, qu’il se met en quatre pour elle, et qu’elle l’aime beaucoup. Aimer est un verbe auquel tout adverbe ôte de la puissance. « Je l’aime énormément », « je l’aime beaucoup », « je l’aime bien », ce n’est pas « je l’aime ». J’ai l’impression, chaque fois qu’elle me parle de son type, qu’elle essaie de le justifier, de me faire comprendre qu’il mérite d’être aimé par elle. Comme si l’amour était une chose qui se mérite... Chaque fois qu’elle parle de lui, c’est misérabiliste. Il est si gentil, il travaille tellement dur, il n’a tellement pas de chance. Comme si elle l’aimait par pitié, par compassion, et qu’elle se sente coupable de ne pas l’aimer autant qu’elle m’a aimé moi. J’aimerais qu’elle me dise non pas qu’il est formidable parce qu’il galère, mais parce qu’il est le plus grand, le plus beau. En un mot, qu’elle l’estime plus que tout autre. Pas qu’elle a pitié de lui. Elle m’explique qu’il s’est senti humilié par mon bouquet. J’ai eu envie, sur le coup, de lui demander si elle se moquait de moi. Est-ce à moi de porter la faute ? Et avec quel naturel elle m’explique qu’il a eu de la peine en voyant le bouquet sur la table. Et j’ai envie de lui hurler au visage que sa cruauté n’a pas de nom. Qui a mis ce foutu bouquet sur la table, bien en évidence, de manière à ce que son mec ne puisse pas manquer de le voir ? Moi, peut-être ? Quand on aime un mec, on n’a pas de remords à jeter un bouquet de fleurs, et l’ex qui les envoie avec. On épargne à celui qu’on aime ce genre de désagrément. Cela me met hors de moi. Qu’elle vienne me reprocher, à moi, d’avoir fait de la peine à son mec... Je pensais simplement lui faire plaisir, et moi, j’étais satisfait qu’elle ait reçu et apprécié les fleurs. Après, qu’elle les balance pour ne pas peiner son mec, ça n’est plus mon problème. J’ai l’impression de retrouver la jeune fille qui se faisait toujours un plaisir de me raconter que tel mec l’avait draguée en boîte, que tel type lui courait après. Faut-il être cruelle pour exciter les jalousies des uns et des autres. Les femmes ne se rendent pas compte, parfois, de ce qu’il se passe dans un coeur d’homme. Enfin, je m’en fous. J’ai trop de peine pour que ça me touche plus que ça. Elle est heureuse avec son mec ? Qu’elle reste avec lui. Mais qu’elle ne vienne pas me dire à côté qu’elle pense à moi chaque semaine, qu’elle rêve de moi, qu’elle ne m’oubliera jamais. Je ne vais pas lui réécrire, je ne vais rien faire du tout. Un jour, peut-être, elle se dira qu’autrefois je suis revenu vers elle, et qu’elle n’en a pas voulu. Je ne vais pas me saigner le coeur pour une nana qui ne sait pas ce qu’elle veut. Elle veut de la tranquillité ? Alors qu’elle vive sa petite existence où il ne se passe rien, où « tout coule de source, il n’y a pas de conflit », avec un mec trop gentil pour oser la contredire, et qu’elle chérit par pitié. Nom de Dieu, aimer demande du courage ! Evidemment qu’aimer fait souffrir ! Il ne faut pas être philosophe pour avoir compris que l’amour était un amplificateur de sentiments, les bons comme les mauvais, et que sans les peines, les joies n’existaient pas. Qu’il était un cycle éternel de déchirures et de retrouvailles, car sans se déchirer, on ne connaît pas le plaisir de se retrouver, on sombre dans la routine. Qu’elle lise Belle du Seigneur, Cohen a très bien expliqué les mécanismes de l’amour. Et si elle a peur de souffrir, alors tant pis pour elle. Il y a sûrement sur cette terre des filles qui elles n’ont pas peur de vivre leur rêve, n’abordent pas la vie de manière frileuse, ne restent pas avec un mec « parce qu’il est gentil », n’offrent pas leur amitié pour s’attacher des prétendants au cas où demain elles se retrouveraient seuls. Des filles qui ont de la volonté, et le courage d’avoir un oui qui soit oui, et un non qui soit non. J’ai tant de peine à découvrir que la Ch. d’autrefois est devenue une fille comme celles que je honnis. Une de ces indécises, qui ne savent pas ce qu’elles veulent, et qui entretiennent par leur manque de courage, la peine dans les coeurs des uns et des autres. Peut-être aussi une adulte, au sens négatif du terme. Qui ne cherche plus rien, un chat auquel on a coupé les glandes de la volonté, et qui se contente de son petit confort entre quatre murs, ou chaque jour ressemble à la veille. Une adulte qui n’a plus de rêve, qui n’a plus de force, qui n’a plus de courage. Qui s’abrite frileusement derrière sa sécurité quotidienne, et finit par se convaincre qu’elle a fait le bon choix. « En fait, je n’ai pas envie de me compliquer la vie avec tout ça. » « Je ne veux pas risquer de foutre en l’air ce qu’on [elle et lui] a construit ». Va, Ch., va. J’aime celle qui n’avait peur de rien, qui prenait son vélo à minuit, qui organisait des anniversaires truqués pour voler des baisers, des boums pour attraper les coeurs. Celle qui allait où elle voulait, qui était libre, fière. Je ne sais ce qu’elle est devenue, mais cela ne me plaît pas. Qu’elle reste sur son canapé à ronronner, sans avenir, sans émotion, à vivre sa vie d’endive grasse, je m’en fous. Je n’ai pas un coeur qui peut rester dans une boîte, moi. J’ai besoin de vivre, et vivre, c’est pleurer, c’est rire, c’est souffrir ; ce n’est pas le calme plat, la neutralité sentimentale avec un mec gentil, un type vers lequel on ne serait jamais allée de son propre chef, auquel on a simplement cédé, et auquel on est lié par une espèce de compassion ridicule propre à ceux qui n’ont jamais compris que l’amour n’avait rien à voir avec la justice, et que la souffrance de ceux qui nous aime en fait partie intégrante. Si elle n’a pas le courage de voir souffrir son type, et bien qu’elle passe sa vie avec. Mais qu’elle ne vienne pas me dire demain qu’elle regrette, qu’elle s’ennuie, qu’après dix années de facilité et de relation molle, elle a compris qu’elle voulait autre chose. Puisqu’elle a le courage d’un géranium, qu’elle vive une existence de géranium, cloîtrée dans ses murs, sans aucun rêve, avec un type qui l’aime trop et qui a trop peur de la perdre pour se fâcher avec elle. Puisqu’elle est devenue, selon ses propres mots « une fille malléable », alors qu’elle mène la vie des filles sans volonté, de celles qui se laissent faire. Oh oui, cela sera paisible, et tranquille, et son petit coeur ne souffrira jamais. Oh oui, « si la vie est bien faite, un jour peut-être on se reverra ». Laisser la vie tout décider à notre place, lâcheté des lâchetés, refuser la responsabilité de son destin, parce qu’on a peur de souffrir. Je m’en fous, je m’en fous, je m’en fous. J’ai pris des claques, j’ai traversé des aéroports le visage hagard après des nuits sans sommeil, longé des canaux aux eaux mortes, voulu mourir cent fois tant la souffrance était grande. Mais je continuerai à aimer, je continuerai à me battre pour ne jamais devenir comme toi, un adulte castré, le chien de La Fontaine. Je suis loup et je le resterai. Qu’elle aille au diable, avec sa tranquillité de femme effarouchée, qu’elle porte seule le poids de son incapacité à vivre ses rêves d’antan. Le vrai bonheur n’appartient pas aux lâches. Il demande du courage. Qu’elle se démerde. Je ne vais pas lui courir après pendant des années. De toutes façons, tant qu’elle me saura à ses pieds, elle sera tranquille, et n’aura aucune raison de faire un pas vers moi. Alors je ne lui écrirai plus, même si j’en meurs d’envie, même si je l’aime avec cet amour d’antan, même si je ne suis aps responsable de l’avoir quittée autrefois. Il fallait, pour qu’on puisse s’aimer adultes, que nous ayons connu autre chose que nous-même, vécu notre jeunesse, aimé d’autres personnes, afin de ne pas avoir le regret de n’avoir rien connu d’autre. La rupture était nécessaire. Si elle n’est pas capable de le comprendre, tant pis pour elle. J’étais lié à la jeune fille qu’elle était, mais cette jeune fille est morte, et cela rompt mon engagement de faire ma vie avec elle. Je suis triste, non pas d’être rejeté par la femme qu’elle est devenue, mais de porter le deuil de celle qu’elle fut, celle que j’aimais. Si au moins les souvenirs avaient des tombes, je pourrais aller verser mes larmes sur la sienne... Adieu, Ch. jeune. Tu fus ma meilleure amie, ma confidente, celle que j’aimais, celle qui j’admirais, celle qui me rendait fort. Je regrette que la vie t’ait tuée, que tu aies cédé la place à une femme qui laisse sa vie s’écouler toute seul par peur de prendre des risques. Bien sûr, je dis cela sous le coup de la douleur, qui entraîne la colère, et je sais bien qu’au fond de moi, je suis celui qui a tort, qui demande trop, trop vite. Je sais que ça fait trois ans qu’on ne s’est pas parlé, et qu’en une semaine, je lui parle de mariage. Je sais que personne n’est capable de réagir comme moi, de tout plaquer pour se lancer dans un truc tête baissée. Et pourtant, je l’aime, et je ne souhaite qu’une chose : faire ma vie avec elle. Ce n’est pas une enflammade, c’est pesé, mesuré ; ceux qui me lisent depuis longtemps savent que Ch. ne me manque pas depuis une semaine seulement, et que j’ai eu le temps de réfléchir. Mais vu de son côté, je comprends bien que je dois passer pour un fou, et que ce n’est ni en traînant son désespoir à leurs pieds, ni en les brusquant, ni en leur reprochant d’être indécises, qu’on gagne le coeur des femmes. J’attendrai, donc. Si elle se décide un jour, si la jeune fille se réveille et qu’elle la pousse à revenir vers moi, je serai heureux de l’accueillir sans la moindre rancune. Si elle ne revient pas, tant pis pour elle, tant pis pour moi. Je m’arrangerai avec la vie, je commence à avoir l’habitude. En attendant, je ne lui écris plus, ni lettres, ni messages, ni rien du tout. Je lui ai dit ce que j’avais à lui dire. Qu’elle réfléchisse. Si elle a encore un peu de courage, elle reviendra vers moi. Puisqu’elle pense à moi chaque semaine, c’est bien qu’il reste un peu quelque chose en elle de ce temps passé, de cette promesse d’autrefois, quand on attendait avec impatience d’être adultes pour vivre ensemble. La balle est dans son camp ; espérons que ce ne sera pas une balle perdue... PS: J’aimerai faire lire la lettre que je comptais lui envoyer à certain(e)s d’entre vous, pour avoir un avis extérieur et des conseils qui m’éviteront des erreurs que j’aurais pu faire (des fois que je me décide quand même un jour à l’envoyer, sait-on jamais). N’hésitez pas à m’envoyer un mail à barjac@hotpop.com, je vous enverrai le roman. :) Ecrit par Barjac, le Dimanche 8 Août 2004, 16:39.
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