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Sexe et décadence (2)
Ezekiel, Alezia, pardonnez le retard avec lequel je fournis une réponse à vos longs commentaires sur mon précédent article. J’ouvre ici un nouveau volet sur la question, où j’exposerai quelques considérations personnelles sur vos réactions, ainsi que d’autres pistes de réflexion. Le sujet est aussi vaste qu’intéressant, et j’espère que vous continuerez à mener la réflexion avec moi. Naturellement, que les autres n’hésitent pas non plus à donner leur avis, car plus nombreux seront les intervenants, plus justes seront les conclusions que nous pourrons en tirer.
Commençons par ton commentaire Alezia. Je ne reviens pas sur la passivité tant des dirigeants que du quidam moyen sur la regrettable exploitation commerciale de l’image de la femme ; nous sommes d’accord sur ce point. Tu soulèves la question du string. Je me l’étais aussi posée en remarquant le même phénomène en Angleterre, observant que là-bas aussi les jeunes filles s’appliquent à mettre en évidence le fait qu’elles en portent un, en le faisant soigneusement dépasser de leur jean à la manière que tu décris. J’ai pour ma part voulu considérer cela comme un phénomène de mode tout aussi inoffensif que celui de la minijupe (remise au goût du jour depuis quelques années). En son temps, la minijupe avait déchaîné les critiques des moralistes et autres bien-pensants qui voulaient y voir un signe caractéristique de débauche. Cela dit, je ne pense pas que la situation soit aussi alarmante que tu sembles le penser. Il s’agit là d’un phénomène qui, je crois, touche essentiellement les adolescentes, et nous savons combien à cet âge où l’on n’est plus enfant, mais pas encore tout à fait adulte, l’identité est fragile. D’où le fait que les modes, qui proposent une identité toute faite, soient si influentes sur les jeunes gens. Je ne crois pas que le string passé par dessus le pantalon frappe ailleurs que dans les rangs des lycéennes et jeunes étudiantes. A noter au passage que le même phénomène est observable, depuis bien plus longtemps, chez les garçons : la mode n’est-elle pas au jean large porté bas, de manière à laisser dépasser le caleçon ? Le problème étant qu’un caleçon ne constitue pas, sauf erreur de ma part (les filles me corrigeront), un argument de séduction, en tout cas pas au même titre que le string. Il y aurait, cela dit, beaucoup à dire sur la question de la séduction. Je m’en tiendrai pour ma part à regretter qu’il y ait, à ce niveau comme à beaucoup d’autres, si peu de dialogue entre les hommes et les femmes. Dans ce domaine, qui n’est qu’une branche de celui beaucoup plus large de la sexualité, les filles se définissent par rapport aux filles et les garçons par rapport aux garçons. La jeune fille ne choisit pas de porter un string à cause du regard des garçons, mais à cause de celui des autres jeunes filles. Il ne s’agit bien moins pour elle d’être désirable (par rapport aux garçons) que d’être « dans la norme » (par rapport aux autres filles). Si toutes ses copines portent des strings, il est certain que la jeune fille éprouvera le besoin de faire de même. C’est encore la question des mécanismes de la mode, dans lesquels le mimétisme joue un rôle essentiel. La mode fournit la référence, il ne reste plus aux jeunes gens qu’à s’y plier. Ce n’est qu’avec l’âge adulte et l’obtention d’une définition de soi solide et relativement indépendante, qu’on peut rejeter la mode. Mais, je le répète, à l’adolescence, la perte d’identité fait qu’on épouse celle qui apparaît comme la règle, et qui n’est pas décidée par nous. Pour ma part, honnêtement, je ne vois pas dans le fait que les jeunes filles exhibent le haut de leur slip un acte de vulgarité mais simplement un acte d’imitation. Ce qui est intéressant, dans la mode féminine, s’est son rapport à la séduction. J’ai tendance à ne voir dans la mode rien d’autre qu’une manière de renouveler régulièrement sa garde-robe, d’introduire un peu de changement dans la façon dont on s’habille. Mais il est certain que pour une femme, se vêtir n’est pas simplement se faire plaisir. Il y a aussi toute la question de la séduction, qui a pour objectif d’attirer le regard de l’autre sexe, et dans laquelle le vêtement joue clairement un rôle. On ne va pas revenir sur le fait que les filles prennent plaisir à être regardées (même si je suppose cela peut parfois aussi devenir une forme de contrainte ou de pression) et que les hommes prennent plaisir à regarder les filles. Je crois qu’il y a là une question d’instinct sur laquelle il serait vain de polémiquer. Tant que le regard d’un homme reste un compliment discret, une façon de remercier une femme pour le temps qu’elle a passé le matin à se maquiller, choisir sa robe, ses chaussures, afin qu’un peu de bonheur y passe, je crois que les deux parties y trouvent tout à fait leur compte. Bien sûr, il y a des hommes et des femmes vulgaires ; la séduction devient exhibition, le compliment se fait insulte. (J’insiste sur ce dernier point, et pas seulement pour faire plaisir à Ezekiel : au même titre qu’un type qui lance des propos grivois à une fille l’insulte, une fille qui se ballade à moitié nue insulte l’homme dans le champ de vision duquel elle passe. Le désir, pour être plaisant, ne doit pas être déchaîné. C’est une chose qui s’effleure, et non se martèle.) Mais ce n’est pas parce qu’une poignée de goujats et de filles mauvais genre n’ont rien compris au jeu qu’il faut en blâmer les règles. Contentons-nous d’ignorer les tricheurs, et continuons la partie sans eux, voilà tout. On aurait tort de ne plus regarder les filles dans la rue simplement parce que de temps en temps il en passe une qui prend la rue pour la scène du Lido, tout commes les filles auraient tort, à l’inverse, de ne plus porter que des baggies et des cols roulés parce que de temps en temps il se trouve un crétin pour voir dans leur décolleté ou leur jupe une incitation à l’acte. Disons pour clore ce paragraphe qu’il importe aux garçons aussi bien qu’aux filles de savoir rester corrects les uns envers les autres. Mais laissons là la question de la séduction, et abordons celle de l’exploitation de l’image de l’homme, soulevée par Ezekiel. Cela ne te surprendra pas : je n’épouse pas tout à fait ton point de vue sur la question. Il ne s’agit pas de défendre l’image de la femme parfaite « par définition » que j’ai tant chérie dans ma naïve jeunesse : je l’ai laissée sur le sable en allant prendre un bon bain de réalité, et je sais désormais que les filles sont comme les garçons. Toutes n’ont pas le même statut à mes yeux, et c’était faire insulte aux filles que j’estimais autrefois que de leur supposer toutes les autres identiques (« tu es une fille bien, comme toutes les filles »). Ce qui me fait m’opposer à ton point de vue, c’est l’hypothèse implicite que tu fais, et selon laquelle la sexualité féminine serait le pendant symétrique de la sexualité masculine. Je ne partage pas une telle conception. Je ne pense pas (là encore, je me base sur une expérience qui est certainement incomplète, et j’invite celles qui savent bien mieux que moi de quoi il retourne, parce qu’elles sont femmes, à me compléter, voire me corriger si je me trompe, ou à confirmer le cas contraire) que les filles abordent la sexualité de la même manière que nous. Nous sommes extrêmement sensibles à tout ce qui est visuel, avec une violence qui n’a pas d’équivalent chez les femmes, selon moi. Je veux dire par là qu’il suffit parfois d’une image pour que notre désir se retrouve poussé à des degrés très avancés. Je ne pense pas qu’une image d’homme nu ait sur une femme le même effet que celui qu’a une image de femme nue sur un homme. Si cela était le cas, alors on pourrait s’attendre à ce que la clientèle des médias pornographiques hétérosexuels soit composée à 50% de femmes. On y trouve exposés, après tout, aussi bien des hommes que des femmes. Hors, je persiste à croire que les magazines et films pornographiques répondent aux besoin d’une clientèle quasi exclusivement masculine, simplement parce que de tels médias ne répondent pas à la façon dont les femmes conçoivent le sexe. Mais, comme je l’ai dit, je me trompe peut-être, et j’attends de celles qui me liront des démentis ou bien des confirmations. Cela dit, Ezekiel, je t’accorde que l’image de l’homme connaît de plus en plus une utilisation similaire à celle de la femme, en tant qu’argument de vente. J’impute cela au développement, ou plus exactement à la libéralisation, des comportement homosexuels. Le désir masculin, qu’il soit hétéro- ou homosexuel, reste désir masculin. Si on a pu vendre un produit en utilisant l’image de la femme, on pourra le vendre tout aussi bien en utilisant l’image de l’homme si celle-ci répond aussi à un désir (masculin, j’insiste). Il existe aussi des moyens de séduire la femme pour la faire acheter un produit, mais qui n’utilisent pas l’image de l’homme dans un référentiel sexuel. Je le répète, je ne crois pas que les fesses de Beckham ou les silhouettes admirables des Dieux du Stade engendrent chez les filles un désir sexuel. Je pense qu’elles apprécient ces images au même titre que nous apprécions la vue d’une jolie fille dans la rue. Il ne s’agit pas ici de sexe comme on le trouve dans les magazines comme Max et autres Entrevue, par exemple. Il s’agit d’une appréciation, qui est un plaisir qui se suffit à lui seul ; dans l’autre cas, il s’agit d’un désir qui appelle autre chose — l’acte sexuel — et entraîne donc une frustration. Je pense qu’il importe de faire la différence. Maintenant, il est certain que pour qu’il y ait une fille nue ici ou là dans un magazine, une publicité télévisée, il faut qu’il y ait une fille qui accepte de se montrer en échange d’argent. Et sur ce point, je suis tout à fait d’accord, il n’y a pas dans ce système de gentilles femmes face à de méchants hommes. Mais, l’objectif de mon premier article n’était pas de trouver des coupables, ni de blâmer qui que ce soit, ni l’étudiante qui a besoin d’arrondir ses fins de mois, ni le type qui galère avec ses pulsions parce qu’à chaque coin de rue il y a un poster de nana en petite tenue. Je cherchais simplement à souligner que la façon dont ces phénomènes se banalisent est effrayante, et qu’à mon avis elle pourrait finir par représenter un danger pour la sexualité humaine. Par contre, je ne me considère pas en dehors de la spirale. J’estime qu’il relève du droit du citoyen de pouvoir sortir dans la rue sans voir des affiches qui banalisent le sexe, donnent une image de la femme qui n’est pas représentative, voire est carrément humiliante, et exaltent le désir sans lui fournir d’échappatoire. A 500 mètres de chez moi, il y a un bureau de tabac très fréquenté et, sur sa façade, dix affiches pour la promo d’un magazine / DVD X ont été placardées côte à côte. Je n’ai pas l’intention de faire un détour parce que ce bureau de tabac est sur l’avenue qui me mène à mon arrêt de bus et que tous les matins et tous les soirs je me tape cet affligeant spectacle. Ce n’est pas que cela me choque, ou que ça me donne envie d’aider les grands-mères à traverser, mais j’aimerais commencer ma journée autrement qu’avec ce genre d’images. Hum, je sens que je vais aller te me leur dessiner des habits à la bombe, aux affiches, tiens. ;) Sinon, Ezekiel, je ne saisis pas bien le problème que pose le fait que des filles débattent entre elles de la longueur du idéale de la bestiole. J’ai été moi aussi relativement surpris d’entendre des amies en parler entre elles, sur le ton de la déconne, et j’avoue que c’est un peu déroutant. Mais, je crois qu’il est normal que l’on s’interroge sur les particularités de l’autre sexe. C’est avant tout une question de curiosité, qui offre prise à la rigolade parce que le sujet est délicat. Laisse traîner tes oreilles du côté des vestiaires des terrains de foot, tu verras que nous n’avons rien à leur envier pour ce qui est de ce genre de conversations. Et je ne vois pour ma part, dans les leurs comme dans les nôtres, rien d’autre qu’une façon d’évacuer une angoisse par le biais du rire. Je ne connais pas de sujet plus sérieux que celui du sexe ; je n’en connais pas non plus dont on ait plus ri. Maintenant, tout le monde rit devant ses copains ou copines, mais en face de l’acte, on retrouve tous notre sérieux, tu ne crois pas ? Après, il y a certainement des filles et des garçons qui attribuent à la mythologie phallique dont tu parles une importance exagérée. Je ne dirai pas qu’ils ou elles se trompent ; après tout, peut-être ont-ils et elles une conception de la chose plus mécanique qu’émotionnelle. Je sais que ce n’est pas ma façon de voir les choses, et je sais aussi que les filles avec lesquelles j’accroche partagent en général cette conception aussi. Ah, et pour cette question de « performance » que peut-être certaines femmes exigent, j’ai envie de dire que le sexe, dans les faits, c’est toujours une question de couple. Et si les choses marchent dans le couple, elles marcheront aussi au lit. Simple question de complicité, de confiance. S’il n’y a pas de dialogue au lit, c’est probablement qu’il n’y en a pas ailleurs non plus, et c’est là à mon avis que se situe le vrai problème. Une femme qui te reprocherait de ne pas être performant, c’est une femme qui ne se sentirait pas proche de toi. Une fille qui t’estime, qui te respecte, pourrait exprimer un regret, mais elle ne le formulerait pas comme un reproche. Mais, pour cela, il faut effectivement qu’elle sache que son plaisir te préoccupe, et que tu es prêt à te remettre en question. Tout est dans la confiance, je crois. Voilà, j’arrête ici, parce qu’il faut quand même que j’aille dormir un peu ! Alezia, Ezekiel, mais aussi tous les autres, n’hésitez pas à apporter votre éclairage sur les questions abordées, que ce soit pour infirmer, compléter, ou confirmer. La critique est toujours la bienvenue. En vous remerciant si vous avez lu jusque là. Ecrit par Barjac, le Mercredi 18 Août 2004, 12:39.
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