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Lettre à Ch., 09/09/04, 17h22
Le 09/09/04, 17h22, appartement de Nico, Rennes.
Envie de prendre le bus, d’aller me cacher aux Halles, juste pour te voir sortir du taf. Une seconde de bonheur, et le bonheur est précieux, ces jours-ci. Je me demande pourquoi tu acceptes d’aller manger avec moi demain. Est-ce simplement par compassion ? Le fais-tu simplement pour moi, ou bien aussi pour toi ? Es-tu contente, lorsque tu me vois ? Je sais que même si je suis un peu triste de ne pas pouvoir prendre ta main quand tu marches à côté de moi, je suis heureus que tu sois là. Cela m’apaise. J’espère que malgré la gêne, malgré ces choses que l’on tait, tu es contente de passer du temps avec moi. Je suis pressé d’être à demain, pour te voir. Mais en même temps, j’angoisse car qui sait quand je te reverrai ? Je reviendrai voir Nico, aussi souvent que possible, et j’espère que je pourrai te voir aussi, mais ce ne sera pas beaucoup, malgré tout. Gardera-t-on contact ? Prendras-tu le temps de m’écrire ? Tu sais, n’hésite pas à aller vers moi, même en amie. Je sais que c’est dur pour toi aussi, alors si tu as besoin de me parler, de m’écrire, fais-le. Je n’oublie pas que je ne suis pas seul à avoir de la peine, et je saurai mettre mes sentiments de côté pour t’écouter, faire de mon mieux pour te réconforter. Ne te prive pas de cela en pensant que ça me fera du mal. Ton silence m’en fait, du mal. Mais ce que tu me diras sera toujours un plaisir, un soulagement. Et ça ne m’accrochera pas plus à toi que je ne le suis déjà. Alors, n’hésite pas, d’accord ? Promets-moi de ne jamais te priver à ce niveau-là. Si tu as envie de me parler, je serai heureux de t’écouter. Tu sais, j’étais heureux de te parler, hier soir. Ce qu’on s’est dit était certes pénible, mais de pouvoir aborder ces problèmes ensemble, de pouvoir te dire mes peines et écouter les tiennes, ou tout au moins ton avis sur la question, c’était bien. Comme si j’avais retrouvé l’amie, et que je pouvais lui parler de l’amante. En même temps, je ne veux pas que cela soit un poids pour toi. Je sais que tu en fais beaucoup pour moi, et crois-moi, cela me touche. Mais je ne veux pas que ce que je dis à l’amie peine l’ancienne petite amie. Enfin, je dois te dire merci, car de savoir que tu ne veux plus de moi me fera sans doute du bien. Je sais que tu étas troublée, et cela m’embête car j’ai du mal à ne pas me dire qu’il y a une part de toi qui ne veut pas me perdre, même si tu ne veux rien changer à ta vie actuelle, chose que je comprends tout à fait. Parfois, j’ai l’impression que tu es un peu déchirée entre ces deux choses : une partie de toi qui est heureuse de ta nouvelle vie, et une partie de toi qui est liée à moi. Si c’est le cas, je comprends que la situation soit pénible pour toi aussi. J’espère qu’on saura la résoudre, et je te promets de faire tout mon possible pour satisfaire, par l’écriture, le téléphone, la part de toi pour laquelle je compte peut-être encore. Je sais que c’est m’ôter toute chance que tu reviennes vers moi, car te priver du peu que je représente encore pour toi était un peu mon seul moyen de faire « pression » sur toi, mais je m’en fous. Si je peux, de cette manière, contribuer à parfaire ton bonheur, j’en serai heureux. C’est chiant, j’ai l’impression de me retrouver à Marseille, quand je ne pouvais me sentir bien que dans les lettres que je t’écrivais. J’espère qu’A. ne sera pas jaloux si je t’écris, et que le cas échéant, tu sauras lui faire comprendre qu’il n’a rien à craindre, et que tu as quand même le droit de recevoir un peu de courrier si cela te fait plaisir. Je pourrais bien passer ma vie à te dire que tu me manques, qu’a-t-il à craindre puisque ton coeur est à lui ? Enfin, de toutes façons, il te suffira de me demander de te foutre la paix pour ne plus entendre parler de moi. Je suis conscient que de parler de la Ch. « ancienne petite amie de Barjac » à la Ch. « amie de Barjac » peut gêner la Ch. « petite amie d’A. ». Mais s’il te plaît, dans ce cas-là, sois franche avec moi. Ne me refais pas le coup de cet été qui consiste à garder le silence. Rien n’est plus douloureux que l’indifférence... Allez, je lâche un peu le crayon. Juste une dernière chose : je sens bien que tu ne vas pas trop bien, et j’ai l’impression que tu ne me dis pas pourquoi. Essaie de le faire. Il n’y a qu’en allant jusqu’au fond des choses qu’on améliorera la situation. Ecrit par Barjac, le Mercredi 15 Septembre 2004, 17:31.
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