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Lettre à Ch., 10/09/04, 03h30
Le 10/09/04, 03h30, Appartement de Nico, Rennes.
De retour du Pim’s. Je suis vanné. Nico voulait me sortir pour me changer les idées. J’aurais aimé trouver là une fille pour me prendre dans ses bras mais je sais que ce genre de filles ne se trouvent pas en boîte. Cela s’appelle des amies, et l’amitié n’est pas l’affaire d’une soirée. Restait donc l’alcool, mais j’avais mal au ventre avant d’être ivre. Alors j’ai regardé danser les gamines, et puis on est rentrés à pieds, sous une pluie fine. Rues vides et grises dans une univers qui n’a plus de sens. Parfois, j’arrive à t’oublier, mais pour retomber dans l’angoisse la minute suivante. Demain, je te vois. Je suis heureux quand je suis avec toi et je voudrais que pause midi dure une éternité. Mais le temps nous rattrappe, et déjà il faut se séparer. Demain, cela sera trop court. Une pincée de joie en retrouvant tes grands yeux noirs, ton sourire, et puis au revoir Ch., à la prochaine, va savoir quand. Cela me terrifie, comme autrefois. Je flippe de prendre le train, de te laisser là, de ne plus pouvoir te voir, te parler, de retrouver ton silence, de t’écrire de longues lettres que je finirai par ne plus avoir le courage de t’envoyer, comme j’ai fait tout le mois d’août. Et puis l’Angleterre, et me forcer à aimer Charlotte ou une autre, pour trouver dans sa tendresse de quoi soigner mon chagrin, une épaule où noyer mes larmes, pour accepter cette nouvelle vie qui n’est pas celle dont je rêvais. A mon tour, enfin, j’aurais mon A. à moi. Je parcours trois ans après toi un chemin que tu as pris aussi. Je suis déçu, déçu que notre histoire si bien commencée ait dû finir ainsi. Je voudrais être comme toi, avoir perdu tous ces rêves, tourné la page une fois pour toutes. Pas de texto de ta part. L’inverse m’aurait surpris. J’aurais pourtant drôlement apprécié, ce soir. Allons, à l’heure qu’il est tu dors dans la tiédeur confortable de ses bras, blottie contre lui. J’aurais aimé ne jamais te connaître, tant te perdre est douloureux. Au fond de moi, je regrette de n’avoir pas eu le courage de te jouer les morceaux que j’écris. Peut-être tu aurais été fière de voir que je savais faire certaines choses bien. C’est une part de moi que je n’aurai jamais ouverte à aucune fille. Pourtant, à toi, j’aurais aimé, je crois. Tu vas me manquer, Ch. J’en ai déjà des larmes plein la gorge. J’espère ne pas pleurer demain. Tu m’as bien assez vu misérable comme cela. Et puis, ça te ferait de la peine. Tu étais mon étoile, et voilà qu’elle s’éteint. Je me demande à quoi va ressembler ma vie, désormais. Je préfère ne pas y penser. A chaque jour suffit sa peine, et ces derniers ont été plutôt riches. Allons, il est temps d’aller dormir, retrouver en rêve ton visage, accessible dans l’illusion. Demain recommence ton silence. Dur, dur... Ecrit par Barjac, le Mercredi 15 Septembre 2004, 17:33.
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