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Lettre à Ch., 13/09/04, 21h00
Le 13/09/04, 21h00, chez moi, Aix en Provence.

Ma chère Ch.,

Les choses se sont éclairées vendredi. Je n’avais plus qu’à obtenir confirmation de ta part en te demandant s’il y avait eu quoi que ce soit entre A. et toi avant la rupture. Tu m’as donné la réponse que j’attendais, et qui explique tout. Tu as même fait mieux, en ajoutant que tu n’étais pas « une fille malhonnête ». Alors je t’ai envoyé un texto, encore un, en t’offrant la réponse pour que tu n’aies aucune excuse pour ne pas répondre. Ta réponse a été d’une grande froideur, trois mots, digne de Chiara (ma petite amie italienne). J’aurai des reproches à te faire, quant à ton comportement depuis que j’ai repris contact avec toi ; je les ferai plus loin, non pas pour me venger de la douleur que je connais, et dont tu n’es pas vraiment responsable, mais pour essayer de te faire ouvrir les yeux sur une particularité de ta personnalité que, je crois, tu as tout intérêt de changer. Pour toi, pour que ta vie ne soit pas un échec. Pas tellement pour moi, qui depuis que j’ai compris certaines choses à ton sujet, éprouve à ton égard des sentiments très mitigés..

Tu as dû te demander pourquoi je te posais cette question concernant A. et toi avant la rupture. J’aurais aimé qu’elle te pousse à réfléchir, mais je suppose que tu auras continué sur ta lancée : ne pas réfléchir, refuser de faire face aux problèmes, laisser le temps s’écouler dans la plus absolue neutralité. C’est en repensant à cette rupture, et plus particulièrement à ton comportement, que j’ai compris ce que je vais t’expliquer.

Quand j’ai quitté ma seconde petite amie, nous n’étions ensemble que depuis une semaine. Cette petite semaine avait suffi à la rendre follement amoureuse de moi. Je n’ai aucun doute sur ses sentiments à l’époque. Sa réaction a été très naturelle. C’est au téléphone que je lui ai expliqué que je préférais qu’on arrête. Elle a rappelé pour me demander des explications. J’ai fait de mon mieux pour lui en donner. Alors, elle a insisté pour que l’on se voie, consciente qu’au téléphone, ce n’est jamais qu’une image de la personne que l’on quitte, et qu’il faut lui dire non en face pour que cela soit réellement valable. On s’est donc vus, et j’ai confirmé que je n’éprouvais plus rien pour elle. Qu’a-t-elle fait ? Elle m’a rappelé, plusieurs fois ; elle m’a écrit, de longues lettres pour essayer de me raisonner. Elle m’a enfin laissé comprendre qu’il serait bon qu’on se remette ensemble, que je lui laisse au moins une chance d’essayer de me reconquérir, et que je m’assure que mes sentiments étaient bien morts. J’ai accepté cette proposition, et l’on est resté ensemble deux mois supplémentaires, au terme desquels elle a compris que je ne l’aimais pas, et nous avons rompu sans trop de douleur. Cette réaction, je crois, est la réaction la plus naturelle, la plus normale qu’il soit, pour quelqu’un qui se fait larguer.

Considérons maintenant la tienne. Qu’as-tu fait ? Rien. Rien du tout. Tu m’as appelé le jour de la rupture (ou le lendemain, je ne sais plus) pour avoir confirmation, et puis plus rien. Pourquoi cela, Ch. ? Notre relation avait duré six années, comment pouvais-tu accepter la rupture avec tant de facilité ? J’ai commencé par me dire que tu ne m’aimais tout simplement pas. Que si tu avais eu le moindre sentiment pour moi, tu aurais fait tout ce qui était en ton pouvoir pour me retrouver. Que tu aurais commencé par m’appeler, non pas une fois le jour même, mais chaque jour du mois suivant ma décision. Que tu aurais pris le train. Ou que si cela t’avait paru trop compliqué, tu m’aurais au moins écrit des lettres pour me dire que je faisais une erreur, qu’après six ans d’amour, je ne pouvais être certain aussi vite de ne plus t’aimer. Si tu étais venue me voir, tu sais, je pense que j’aurais compris mon erreur. On s’était vus, un mois avant, en février. Ca avait été un week-end superbe, j’étais heureux de te voir, on avait passé le dimanche après-midi au lit, comme au bon vieux temps. Je ne pouvais pas avoir cessé de t’aimer aussi vite.

Il y a des gens qui plaquent leur petit(e) ami(e) simplement pour voir s’il ou elle tient à eux. Vérifier qu’il ou elle va se mettre en quatre pour montrer que ses sentiments sont réels et solides. Ce n’était pas mon cas, car je trouve la chose cruelle. Mais je suis presque certain aujourd’hui que si je t’avais vue faire pour moi les efforts que fait normalement une fille amoureuse, j’aurais réfléchi, et probablement compris que je me trompais. Que je traversais simplement une période de doute. Sauf que tu n’as absolument rien fait. Comment ne pas interpréter cela comme le fait que tu n’avais en fait aucun amour pour moi ? Je sais que ce n’est pas le cas, j’ai compris désormais pourquoi tu n’as rien fait. Tu n’as rien fait parce que tu es une personne qui, en amour, fait preuve d’une passivité incroyable. Et cela parce que tu manques, à un point effrayant, de confiance en toi. Tu n’a jamais considéré que tu étais maître de ta vie amoureuse.

Dés le lycée, tu me disais qu’on ne tiendrait pas, qu’on s’était rencontrés trop tôt. Le jour où je t’ai appris que j’allais devoir déménager, tu m’as dit que tout était foutu. Pendant les trois années d’éloignement, tu n’as cessé de me dire que tu ne tiendrais pas, que tu doutais de notre force, qu’on n’y arriverait jamais. Tu as connu Jef, tu m’as reproché de faire ma prépa sans comprendre que c’était travailler pour mon rêve de faire ma vie avec toi, tu m’as reproché de ne pas me rapprocher assez de toi en allant à Paris, toujours sans voir qu’une école à Paris était mieux qu’une école à Rennes. Pendant toutes ces années, j’ai souffert d’être isolé, d’être méprisé par des profs trop habitués à cotoyer des génies, mais toujours, je me suis raccroché à mon rêve, mon rêve d’une vie avec toi, où ni toi ni nos enfants ne manqueraient de rien parce que j’avais enduré toute cette merde. Tu m’as aidé, je ne peux le nier, et si j’ai tenu, c’est aussi grâce à ces lettres que tu m’écrivais souvent, grâce à tes coups de fils. Mais tu me reprochais sans cesse de ne pas prendre assez soin de toi, de trop attendre pour te voir, de rester loin. Implicitement, tu me tenais pour responsable du déménagement. C’était moi qui étais parti, c’était à moi de revenir. Toi, tu n’avais qu’à attendre. J’aurais aussi pu te faire des reproches, tu sais. Te reprocher d’avoir choisi une école à Angers plutôt qu’à Marseille. Une fois qu’on part de chez soi, qu’importe que ce soit à cent ou huit cent kilomètres ? Mais dans ta tête, c’était moi qui t’abandonnais, comme si j’avais choisi ce déménagement. Toi, tu as gardé tes potes, tu es restée près des lieux, des gens, que tu aimais. Moi, j’ai tout perdu, je n’avais plus que toi à qui me raccrocher. Tu n’as jamais compris cela. Tu n’as jamais vu qu’une chose, c’est que le garçon qui avait pris soin de toi jusque-là ne pourrait plus le faire. Alors tu lui en as voulu de te priver d’affection, d’attention. Mais je n’y étais pour rien, tu sais. Je ne demandais qu’à rester près de toi. Je ne t’en veux pas ; je sais bien que tu es une fille, et que les filles ont besoin qu’on s’occupe d’elles chaque jour...

Il m’est arrivé de me dire que notre rêve n’était en réalité que mon rêve. Tu n’y croyais pas au fond de toi. Dés le départ, tu doutais. Alors, il fallait non seulement que j’y croie, moi, mais que j’y croie pour deux, que je te rassure sans cesse. J’aurais bien aimé que tu sois un peu plus convaincue, pouvoir de temps en temps douter à mon tour, et savoir que tu serais là pour me rassurer, pour me dire : « ne t’inquiète pas, Barjac, on tiendra, moi j’y crois. » Ton doute a fini par devenir le mien. Il était inévitable que je doute un jour. Alors je t’ai dit que je préférais qu’on arrête, parce que je n’attendais pas que tu me rassures, toi qui y croyait encore moins que moi. J’aurais peut-être dû. Si tu avais été là pour me rassurer, me dire que ce n’était qu’une période de doute, mais que tu en avais eue aussi, en me rappelant Jef, et qu’on avait su les surmonter, j’aurais sans doute compris. Mais, dans notre relation, j’étais le garçon, et toi la fille. Le garçon a dit que c’était fini, et la fille n’a rien fait. Pas même essayé de comprendre. Je ne te reproche pas ta faiblesse, elle faisait partie de ta personnalité. J’aurais aimé que tu sois une femme plus forte, une fille qui a confiance en elle. Ce n’était pas le cas. Tu doutais sans cesse de toi, et quand je t’ai dit au revoir, il ne t’est même pas venu à l’idée de te battre, de te battre pour l’amour que tu avais pour moi, de te battre pour ton rêve. Tu as tout accepté, avec résignation, sans broncher. Peut-être que tu ne m’aimais pas assez pour te battre, toi seul le sais.

Aujourd’hui, tu n’as pas changé. Tu me dis encore : « un jour, si la vie le veut, on se retrouvera ». Tu ne comprends pas que la vie, ça n’existe pas. Que la vie, c’est nous qui en sommes maîtres. Si on ne fait rien, rien ne se fera. Autrefois, tu n’étais pas comme ça. Tu n’attendais pas que la vie nous pousse dans les bras l’un de l’autre. Tu organisais une boum pour prendre mon coeur. Tu avais des rêves, et du courage. Que s’est-il passé ? Est-ce que toute jeune fille devient ainsi, une femme, résignée, faible, passive ? Ouvre les yeux, Ch.. Je t’ai plaquée, et tu n’as rien fait pour essayer de me garder. Tu n’as porté le deuil qu’un mois, et cela était totalement indépendant de toi. Si A. était arrivé au bout de deux mois, tu l’aurais porté deux mois. Si A. avait attendu dix ans pour te déclarer sa flamme, tu aurais attendu dix ans. Tu as cédé à A. alors que tu ne l’aimais pas. Par faiblesse. Tu restes aujourd’hui avec lui, par faiblesse. Ta vie amoureuse, ce sont les autres qui la font pour toi, parce que tu n’as aucun courage dans ce domaine. Tu es une fille qu’on prend, qu’on laisse, et qui attend sagement qu’un autre la reprenne. Demain, si A. te plaque, tu accepteras sans rien dire. J’ai mal, mal de voir une fille que j’ai aimée, une fille que j’estime, devenue une telle femme. Tu étais une fille pleine de volonté, autrefois, tu ne laissais pas la vie décider pour toi. Si tu as connu tant de moments de bonheur dans mes bras, ce n’est pas à la vie que tu le dois, mais à toi, à ton courage, à ta volonté, par laquelle tu as pris mon coeur.

Tu n’as connu que des histoires stables. Les seuls gens capables d’être « stables » en toutes circonstances sont ceux qui n’ont aucune volonté. Moi, j’ai été stable quand j’ai pris des engagements, quand j’ai aimé pour de bon. Je ne l’ai pas été quand je n’étais pas amoureux. Il faut être cinglé pour chercher du stable quand il n’y a pas d’amour. Tu imagines un taulard te dire : « ouais, je préfère ma cellule que la vie où il faut trouver du boulot, ici au moins c’est stable, je sais de quoi sera fait demain. » La prison est un endroit stable, penses-y.

Tu parles de maintenir le status quo, et tu voudrais que ce soit là de l’épicurisme. Allons, ce n’est pas de l’épicurisme, c’est de l’autruchisme. Tu mets la tête dans le sable, tu fuis tes responsabilités, tu n’acceptes pas que ta vie t’appartient, que c’est à toi de faire des choix. Alors oui, tu vas épouser A., ou un autre, et tu passeras ta vie à inventer des histoires pour justifier ces choix qui n’en sont pas. Tu ne connaîtrais effectivement que des relations stables, comme toute fille qui n’est pas capable de faire de choix, de dire « je veux ce garçon et pas celui-là ». Tu as peur. Peur de ce qu’une rupture représente. Peur de ce que vivre sa vie signifie. Et ça me fait mal, parce que tu étais une fille qui avait des idées, des rêves, de la volonté, bref les moyens de faire quelque chose de son existence. On n’a qu’une vie, tu sais. Si tu ne changes pas, tu vas te réveiller, dans quelques années, et comprendre que l’absence de choix était effectivement un choix, celui du lâche, celui qui consiste à ne pas décider de sa vie, et celui qui avait le plus de chances d’entraîner des regrets.

Je sais que ce n’est pas facile pour toi, que tu n’as pas suffisamment confiance en toi, mais comprends, je t’en supplie, comprends que tu n’as qu’une vie et qu’il faut que tu la vives. Tu as du talent, tu es intelligente, et tu vas gâcher tout ton potentiel parce que tu n’as pas le courage de te prendre en main. Je ne te dis pas : « reviens vers moi, je suis l’homme de ta vie », ce n’est absolument pas cela. Je ne veux pas faire ma vie avec une fille qui n’a aucune volonté, qui subit sans rien dire, passive, résignée. Je veux faire ma vie avec une fille qui sait où elle va, qui y va avec conviction. Une fille forte, une fille qui se bat avec sa vie. Tu étais une fille comme ça, et je t’aimais ainsi. Tu as changé, et ce que tu es devenu, je ne peux pas l’aimer. Si tu comprends un jour ce que je te dis, que tu reprends ta vie en main, peut-être aurai-je envie de t’aimer à nouveau. Et même si toi, tu n’en as pas envie, je serai heureux de voir que tu vis vraiment ta vie.

Quelques exemples, pour te faire comprendre que je ne raconte pas n’importe quoi. Tu as parlé d’ambigüité, à propos d’une relation dans laquelle je jouerais le rôle du troisième larron. Il n’y a d’ambigüité de situation que s’il y a d’ambigüité de sentiment. Je connais des filles qui voient leurs exs régulièrement, et il n’y a pas la moindre ambigüité. Les choses sont claires ; elles aiment leur mec, et l’ex sait que son temps en tant que petit ami est fini. Il y a quand même un truc aberrant : tu ne m’as pas dit une seule fois, pas une seule, que tu aimais A.. Et pas une seule fois non plus tu ne m’as dit : « je ne t’aime plus, Barjac, c’est fini tout ça. » Plus hallucinant encore, tu as dit samedi, quand je t’ai demandé si tu avais l’autorisation d’A. : « mais non, c’est bon, on ne fait rien de mal pour le moment ». (Ce ne sont peut-être pas les mots exacts, mais l’idée était la même, et je t’ai demandé pour rire si tu avais réservé une chambre à l’hôtel.) Je vais te dire une bonne chose. L’ambigüité te fait peur. Et si elle te fait peur, c’est je crois parce que tu pourrais bien y céder. Et si il y a cette possibilité, c’est parce que tu manques de courage. Les gens qui savent ce qu’ils veulent ne sont pas ambigüs, ni infidèles. Ils plaquent dés qu’il n’aiment plus, et s’ils se donnent, c’est parce qu’ils aiment. Il n’y aurait jamais eu d’infidélité de mon côté. Si j’avais eu envie d’une autre fille, j’aurais commencé par régulariser la situation. Certes, cela demande du courage. Mais le manque de courage, c’est la porte ouverte au mensonge, à la tromperie, à tout ce qui est l’apanage du faible, de celui qui agit dans l’ombre, déchiré entre ses désirs et une situation qui s’y oppose. Et tu sais où cela mène. Je t’ai connue après Jef, tu n’étais pas bien fière, et il t’a fallu du temps pour t’en remettre (je ne suis même pas sûr que tu t’en sois réellement remise).

Tu m’as parlé de la stabilité, de la sécurité, chose que je sais, parce que j’en ai longuement parlé avec Sabrina, la copine de Nico, très importantes pour une fille. Tu m’as parlé de l’habitude, et je sais que tu es liée non seulement à A., mais aussi à sa famille, et que certaines filles auront beaucoup de mal à trouver le courage de supporter le regard de tous ces gens si elles rompent. Il faudrait qu’elles comprennent que l’on n’est plus au 19ème siècle, qu’une fille aussi a le droit de choisir sa vie, aujourd’hui. C’est fini, l’homme tout puissant qui décide tout, et la femme toute faible qui se met sous sa protection, et est méprisée si elle ose changer d’avis. C’est terminé, dépassé. Quand tu me dis que tu ne peux pas rester avec moi plus que jusqu’à telle heure, qu’il faut que tu demandes à A., j’ai l’impression que tu portes des corsets et lui le haut-de-forme. A t’écouter, j’ai parfois l’impression que tu es une survivante de l’époque victorienne, de la femme faible, cherchant la vertu, ayant constamment la trouille de mal se conduire, d’être immorale ou je ne sais quoi. Quand je t’ai demandé s’il y avait eu entre A. et toi quelque chose avant la rupture, tu m’as répondu non, et tu as ajouté : « je ne suis pas une femme malhonnête ». Malhonnête est un mot très fort, un mot qui désigne d’ordinaire un criminel. Est-ce à cause de Jef, que tu as contracté cette peur d’être une « mauvaise fille » ? Ch., pour ton bien, ôte-toi ce genre d’idées de la tête. Tu es une fille fantastique, une fille vraiment bien. Ta gentillesse, je ne l’ai pas retrouvée chez une seule des filles que j’ai rencontrées. Arrête de te culpabiliser comme ça, arrête de manquer de confiance en toi. J’ai été comme toi pendant des années, mais je me suis battu avec ça. J’ai envoyé chier mes parents, j’ai rejeté l’éducation stricte que j’ai reçue, j’ai rejeté la religion, j’ai cessé de me sentir misérable, petit, faible. Je lutte constamment avec ma timidité, j’arrête de me dire que je ne vaux rien, que je suis coupable de tous les maux de la terre. En rencontrant d’autres filles, en découvrant leur fascination, j’ai compris que j’étais un garçon qui valait le coup, qu’il fallait que j’arrête de me dire que j’étais nul. En rencontrant d’autres types, j’ai pigé que j’étais loin d’être un idiot, que j’avais du talent en musique, en écriture, et que même si j’étais moins à l’aise dans d’autres domaines, comme par exemple la sociabilité, le bilan n’en restait pas moins positif. Il faut que tu changes ça, je te le jure. Tu vas faire comme ma mère, sinon, péter les plombs à quarante ans, ou comme la tienne, avoir une vie qui part en morceaux. Si les règles que tu t’imposent te rendent te font craindre de devenir « immorale », change les règles, pas la fille.

Je sais que les filles, une fois qu’elles ont pris des claques en amour, ont tendance à devenir extrêmement frileuses, prudentes, méfiantes. Qu’elles n’osent plus aimer. Je sais, tu me l’as dit, que parce que je t’ai quittée, tu avais énormément de mal à avoir confiance en toi. Change ça. Tu n’as rien à te reprocher, absolument rien, sinon justement ce manque de confiance. Si tu avais cru en notre amour, si tu t’étais révoltée quand je t’ai quittée (ce qui était ton droit, surtout après une telle relation), j’aurais ouvert les yeux, et on n’en serait pas là. Que l’on ait changé, que notre amour soit mort, ok, tant pis, tirons un trait. Mais pour toi, pour tes amours à venir, pour A. si tu l’aimes vraiment, pour celui que tu risqueras de rater si ce n’est pas le cas, parce que tu n’auras pas eu le courage de vivre ta vie, je t’en supplie, change ça. Je te le dis en ami, parce que tu es une fille que j’estime, que j’ai aimée, qui compte pour moi. Chasse ton indécision, redresse-toi, sache ce que tu veux, et dis le haut et fort. Si tu aimes A., alors dis-le, dis-le sans hésiter, comme une femme qui sait où elle va. Si tu ne l’aimes pas, alors dis-le aussi, et fais ce qu’il faut pour être avec quelqu’un que tu aimes. La sécurité, le confort, sont les prisons des lâches, de ceux qui ne vivent pas leur vie.

Je suppose que tout cela te fera de la peine. Je préférerais que cela te mette en colère, car au moins ce serait une réaction de ta part. Réponds à cette lettre. Dis-moi si tu penses que je me trompe, dis-moi pourquoi tu n’as pas réagi quand je t’ai quittée. Dis-moi si tu aimes A. ou non. Dis-moi si tu m’aimes ou non. Ne reste pas là, à ne rien dire, à attendre que le temps passe, sans rien faire. Les gens courageux répondent toujours, même pour dire non. Tu n’as pas répondu à mes lettres, sauf une. Tu n’as pas répondu à mes textos, et tu as inventé pour cela des excuses pitoyables : « je ne savais pas que tu attendais une réponse » (message de dimanche dernier : « es-tu tjrs ok pour aller prendre un verre ? » — d’après toi, ça demandait une réponse ou pas ?) , puis « oui mais c’est pas dans mon forfait. » (est-ce vraiment une question de prix ?) Ne sois pas comme ça. J’ai connu des filles de ce genre, gentilles par devant, méchantes par derrière, jouant l’indifférence. L’indifférence, le silence, sont les armes du lâche. Dis-moi merde, dis-moi : « tu me fais chier avec tes messages, fous-moi la paix, dégage ». Sache un peu ce que tu veux. Pourquoi m’avoir refusé ce « non » ? Il a fallu que je te pousse à bout pour l’avoir. Pourquoi avoir demandé si on ne pourrait pas quand même prendre des nouvelles l’un de l’autre régulièrement, ou dans ta première lettre : « je garde ton adresse... » Pourquoi ces points de suspension ? Qu’y a-t-il que tu refuses de me dire ? Quel est le problème ? La situation n’est pas compliquée, Ch.. Soit tu as des sentiments pour moi, alors tu aurais tort de ne pas les écouter, parce qu’on a passé suffisamment de temps ensemble pour savoir qu’on a les moyens d’être heureux tous les deux. Soi tu n’en as pas, et alors dis-moi clairement que tu n’as plus rien à foutre de moi. N’essaie pas de me garder sous le coude pour le cas où demain tu te retrouverais seule. Les choses sont simples, tu sais. Pose-toi cette question, et tu sauras quoi faire : si demain A. te largue, que feras-tu ? Essaieras-tu de te remettre avec lui ? Essaieras-tu de te remettre avec moi ? Resteras-tu seule, ou dans l’attente d’un autre garçon qui te correspondrait mieux ? Je ne veux pas que tu refuses d’agir parce que tu as peur. Je ne veux pas que tu me dises non parce que tu ne peux pas, mais que tu me dises non parce que tu n’as pas de sentiments pour moi. On n’aime qu’un garçon, et quand on en aime un, on n’en aime aucun autre.

J’ai vraiment l’impression que tu ne sais pas ce que tu veux. Que d’une part, tu voudrais garder une chance de te remettre avec moi, et que d’autre part tu ne veux aussi garder A.. Il faut que tu saches ce que tu veux. Je t’ai dit ce que j’avais à te dire. Tu voulais m’épouser autre fois, aujourd’hui, je suis prêt à te retrouver, et à vivre cette vie-là. Je le répète, les choses ne sont pas compliquées. Ton coeur sait ce qu’il désire, sait quel garçon il aime, qu’il prenne celui qu’il aime, et rejette l’autre. Fait abstraction de tout le reste, tout ce qui est ta situation, tout ce qui pourrait mettre des interférences sur la ligne, et t’empêcher de savoir ce que veut ton coeur.

Je n’ai besoin que d’une chose : que tu réponds à cette question, une fois pour toutes. M’aimes-tu encore ?

J’espère que je t’aurai poussé à réfléchir, et qu’on parviendra enfin à avoir une idée claire de notre situation.

J’attends ta réponse. Inutile de me dire que Sartre a dit que l’absence de réponse est une réponse.

Tu peux la faire par téléphone, je suis dispo toute la journée, toute la semaine, jusqu’au 27.

Ecrit par Barjac, le Mercredi 15 Septembre 2004, 17:44.
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