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Déception
On ne pourra appeler cela autrement : déception. C’est de Fred, ici pour le week-end, que l’information est venue. « On parle beaucoup dans ton dos ». De quoi ? De Sophie et moi. Enfin, Sophie. Et..., moi, ok. Sophie a parlé à Jane, Jane a parlé à Fred, et Fred m’a parlé. Ainsi, Sophie croit qu’elle et moi, c’est du sérieux. « Elle et moi » ? D’où donc est né ce « elle et moi » ? J’entends encore Yves rire à mon côté : hey, c’est Sophie et toi qui devriez aller faire un tour de « manège ». « Sophie et moi » ? Alors, devant une bière, dire à Yves que non, « Sophie et moi », ça n’existe pas. Dire à Fred de faire tout son possible pour que l’information remonte à Jane : il n’y a pas de « Sophie et moi ». Je l’apprécie parce que c’est une fille d’une grande gentillesse, mais cela s’arrête ici.
Alors, je m’énerve. Contre une nature humaine qui finira par donner raison à Fred : l’amitié homme-femme n’existe pas. Contre le fait que je n’ai pas su comprendre cela plus tôt. Et toutes ces choses que j’ai faites seul avec elle, en croyant simplement qu’on s’appréciait mutuellement, rien de plus. Le shopping samedi dernier, l’invitation au cinéma, les concerts, lui filer ma veste mercredi soir parce qu’elle avait froid. Pire : l’invitation à venir passer Noël chez moi, parce qu’elle allait rester seule à Birmingham, et qu’il me semblait plus sympa de l’inviter à passer les fêtes en France. Cet avertissement de ma mère : « méfie-toi, souviens-toi de ton frère. Invite une chinoise chez toi et elle risque de penser que c’est une demande en mariage. C’est une autre culture... » Et moi d’en rire. Allons, Sophie et moi sommes juste amis. Mais Sophie a passé la barrière de l’amitié. Je suis un fiancé dans l’attente du meilleur moment pour me déclarer. Dans quel pétrin me suis-je encore fourré ? Et d’enrager, oui, d’enrager contre autant de bêtise dans la façon dont les relations humaines se définissent. Ne peut-on être gentil avec une personne du sexe opposé sans qu’elle y donne un sens différent de celui qu’on y donne ? Faut-il se priver d’être attentionné envers une fille que l’on apprécie, de peur de la voir tomber amoureuse ? Si ce n’était que ça... Mais non, Sophie croit sincèrement que nous sommes déjà plus ou moins ensemble. Alors, alors à cause de ce rêve idiot que l’on appelle amour, fait d’espoir et d’interprétations fumeuses, me voilà dans de beaux draps. Quelle merveille que l’amour, qui vous pousse à infliger tant de peine à une personne que par ailleurs vous appréciez vraiment... On m’en reparlera. Je n’aime pas Sophie, aussi gentille soit-elle, elle ne m’attire tout simplement pas. Expliquer à Yves : le commérage consiste à bâtir des histoires à partir d’informations que l’on ne possède pas. Je n’éprouve pour Sophie qu’une grande amitié. C’est une fille gentille, intelligente, agréable. Mais ce n’est pas une fille que je trouve jolie, et je doute qu’un garçon puisse jamais aimer une fille qu’il ne trouve pas attirante. L’amour et le sexe nous sont trop proches pour qu’on puisse concevoir l’un sans l’autre. Ne pouvant concevoir l’un, l’autre est par là même évincé. Dans la chambre de Sophie, ce guide de tourisme : « France », que je referme rapidement quand elle ouvre la porte. Je me suis autrefois moqué de ces filles que je jugeais par trop naïves, parce qu’incapables de comprendre qu’un garçon qui s’intéresse à elles cherche fatalement autre chose que l’amitié. Je me découvre aujourd’hui dans une position similaire, et tout aussi déçu. Naïf ? Peut-être bien. Je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase de Saint-Exupery : « on est responsable pour toujours de ce que l’on a apprivoisé ». Mais apprivoiser, jusqu’où cela va-t-il ? Est-on responsable de l’amour qu’une personne peut contracter pour nous ? Est-on responsable de l’interprétation qu’une personne peut faire de notre attention à son égard ? Une part de moi dit non, mais une part de moi dit oui. Ou tout au moins me dit que j’aurais dû me douter, qu’à passer tant de temps avec elle, elle pourrait s’imaginer des choses. Que me reste-t-il à faire ? Prendre mes distances. Et c’est ce qui m’énerve le plus. J’apprécie cette fille, je ne vois donc pas pourquoi je devrais me priver de son amitié. C’est tellement idiot, et tellement dommage. Il faut me fâcher avec elle, simplement pour éviter qu’elle souffre d’avantage. Trouver une excuse quelconque pour ne pas la voir à Noël, laisser entendre haut et fort que s’il y a une seule fille qui m’intéresse sur ce campus, ce n’est pas elle, mais bien Danielle. Danielle, que je ne connais pas, qui m’a juste embrassé parce qu’elle était soûle. Danielle, qui est jolie, voilà tout. Et je m’en voudrais de préférer à une amie que j’estime une inconnue qui m’attire, si j’étais responsable de cela. Mais c’est, tout simplement, dans ma nature de garçon. Je ne peux me blâmer pour des choses qui échappent à mon contrôle. Il est plus facile d’aimer la plus détestable des filles, pourvu qu’elle soit jolie, que d’aimer la plus formidable d’entre elles, si elle ne l’est pas. Je n’y peux rien, c’est ainsi. On aime une fille parce qu’elle nous fascine, et cette fascination vient en majorité de ce qu’on la trouve belle. Mes mots paraîtront peut-être durs à plus d’une, mais je ne puis me blâmer pour des choses qui sont écrites dans l’essence même de ce que je suis. Je n’ai pas décidé d’être ainsi, je le suis, simplement. Aurais-tu raison, Fred ? Ne devrait-on jamais montrer nos bons côtés qu’aux filles qui nous attirent ? Je n’en sais rien. Je voudrais croire le contraire. Penser qu’on peut donner autre chose que tout ou rien. Qu’il y a un milieu, un intermédiaire, une gentillesse des garçons envers les filles qui ne veut pas dire « je souhaite faire ma vie avec toi » mais simplement « j’apprécie ce que tu es ». Mais l’amour... Je pourrais aimer une fille que je n’estime pas, comme je peux estimer une fille que je n’aime pas. L’amour n’a rien à voir avec la valeur que l’on attribue aux gens. Je regrette que l’on ait à l’apprendre à mes dépens. Faire souffrir une personne que l’on estime, devoir se fâcher avec elle, est une chose insupportable. Grands dieux, comment explique-t-on à une fille qu’on peut la trouver sympathique sans être amoureux d’elle, sans pour autant que cela ressemble à une insulte sur son physique ? Et, ne peut-on rien partager avec une demoiselle si l’on n’a pas le souhait d’en faire notre petite amie à terme ? Faudrait-il ne s’intéresser qu’aux filles que l’on trouve jolies, simplement parce qu’elles sont les seules que l’on puisse aimer ? Le monde est bien bêtement fait. Seul point positif de cette soirée avec la bande, ces mots d’Yves, à propos de quelques-uns de mes commentaires sur différentes choses (notamment le commérage) : « tu devrais écrire des livres, tu sais, tu arrives à dire les choses comme elles sont, avec les mots qu'il faut ». Et, quand bien même c’étaient les mots d’un homme ivre, j’en aurais pleuré de joie. Ecrit par Barjac, le Samedi 27 Novembre 2004, 02:05.
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