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Métaphysique du vide
Le concert d’hier soir ne fut pas un succès. Je ne crois pas avoir jamais si mal joué. Par trois fois, je perds une de mes baguettes, en saisis une autre in extremis, sans que l’accrochage soit trop visible, mais tout de même. Je manque de rater le début d’under the bridge, tronque majestueusement un « fill in » dans welcome to paradise. Une performance médiocre, comparée aux sans fautes habituels des répétitions. Je suis content de retrouver Sophie et les autres juste après. On me complimente, et il faut croire qu’aux yeux des non initiés, je ne me suis pas trop mal débrouillé. Anna me lance de longs regards, auxquels je réponds par des sourires embarrassés. Je m’aperçois que j’ai du sang sur mon pantalon, découvre que je me suis encore ouvert à l’index, en heurtant la caisse claire. Sophie s’affole, Anna fixe la tâche brun sombre avec beaucoup de sérieux. Me voilà un héros. J’ai presque l’impression qu’on va me remettre une décoration, et je m’apprête déjà à saluer le drapeau d’une béquille fière. Grands dieux, ce n’est là qu’une égratignure dont je suis familier. Est-il besoin d’en faire un hôpital ?

Nicholas me félicite, m’assure que mon groupe était vraiment bien, bien mieux que le suivant. Je me sens soudain las de ces compliments d’amis dans lesquels le parti pris est trop évident. Tandis que je discute avec Anna, j’aperçois Steve à deux pas de là qui me fait des clins d’œil. Je vais le retrouver, il me dit de foncer. Je hausse les épaules. Nous savons l’un comme l’autre ce qu’il en est. Matt l’a bien résumé : il y a chez les musiciens quelque chose qui cloche et qui fait qu’ils ne se comprennent vraiment qu’entre eux, dans leur monde à part. Inutile de préciser que ce quelque chose s’appelle le manque de confiance en soi. J’observe Dave, accoudé au bar, qui boit de l’eau parce qu’il n’a plus un sou en poche. Je lui paie une pinte. J’observe le même regard chez Steve, ce regard où se lit une étrange tristesse, le désir frustré d’un amour que ni lui, ni Dave, ni moi, n’aurons jamais le courage de demander. L’on pourrait pourtant, car notre maigre gloire est gloire cependant, et il y a des filles qui se sont déplacées uniquement pour venir nous voir jouer. Souvenons-nous de notre « fan club », ces filles portant des T-shirts au nom du groupe, que nous ne connaissons pourtant ni d’Eve ni d’Adam. Alors, j’en veux aux filles, à cause de la tristesse sur le visage d’amis, et elles comprendront bien que ce n’est pas après elles, mais après la vie, après notre nature, que j’en ai. Seulement, la vie n’est qu’un concept, une idée, et accuser une idée ne soulage nullement.

Anna et ses amis veulent aller boire un verre sur Broadstreet. J’hésite un peu, et puis, parce qu’un sourire d’Anna, j’accepte de les suivre. Je dis au revoir à mes potes, et l’espace d’un instant, j’ai presque honte de les planter là. Dans notre maladresse, ne sommes-nous pas les uns pour les autres tout ce que nous possédons ? Sophie porte mon sac, Anna me tient la porte ; je fais une sortie de roi, sous les regards des jaloux − mais s’ils savaient, oh, s’ils savaient… Dans la rue, Anna marche au bras de Chang, je discute devant avec Sophie. Je déduis, un peu hâtivement qu’Anna et Chang sont ensemble. Avec tact, je parviens à apprendre plus tard dans la soirée qu’il n’en est rien, mais qu’Anna a bien un petit ami au pays. Un de ces grands amours, à la Jane, à la Mario peut-être. A la moi, autrefois. Et je ne sais que penser. En attendant le taxi, mes yeux croisent ceux d’Anna. Je détourne le regard, rattrape le sien, le relâche, le rattrape à nouveau. Un regard si soudainement sérieux, si péniblement (mais agréablement) insistant. Alors je pense à Ch., je pense à Chiara. Ces filles qui avaient un copain au pays, un grand amour. Et qui pourtant, loin des yeux, loin du cœur, n’ont pas hésité à combler le vide. J’éprouve alors un immense dégoût, moi qui n’ai jamais seulement levé les yeux que sur la fille que j’aimais, du temps où j’aimais. Je ne peux m’expliquer ces infidélités, ces à moitié, ces à demi. Et, comme toujours dans ces moments-là, je repense à Fred. A Belle du Seigneur. Une fille peut avoir un petit ami et continuer à chercher. A chercher autre chose, à chercher mieux. Je trouve cela méprisable. Si je ne suis pas satisfait de ce que j’ai, je m’en débarrasse. Si j’en suis satisfait, je ne m’intéresse pas au reste. Mon oui est oui, et mon non est non. Pas de vague compromis, d’intermédiaire fumeux, de flou artistique.

Je me demande pourquoi, entre les filles seules et les garçons non moins seuls, il y a un tel mur. Pourquoi deux corps s’attirent et se repoussent simultanément. Je me dis que peut-être, tout bêtement, que c’est à cause de l’amitié. L’amitié pousse là où (et parce que) l’amour manque. Si il était simple d’aimer, nous serions tous en couple, et adieu les soirées entre potes, adieu les parties de billard, les verres de bière blonde, les longues conversations dans la fumée des cigarettes. Mais j’ai de la peine, à voir mes amis souffrir de ne pas aimer. Je voudrais qu’il y ait des filles pour venir les chercher, pallier leur manque de confiance. Tout comme il y a des garçons pour aller chercher les filles qui n’osent pas. Quant à moi, c’est un peu différent. Même s’il m’arrive aussi d’éprouver ce même manque, ce même vide, ce désir d’étreindre le corps d’une fille, je m’y oppose. Simplement parce que je ne puis lui trouver aucune explication satisfaisante. Il est absurde, et ne semble fait que pour nous miner le moral. Le mieux est l’ennemi du bien, et ce mieux-là, qui plane constamment sur nos cœurs, nous empêche d’apprécier pleinement ce que nous possédons déjà. Je pense que le désir que nous éprouvons pour le beau sexe est tout simplement démesuré, comparé à la réalité que représente le couple. Certes, c’est beaucoup de bonheur. Mais d’autres choses apportent du bonheur, et pourtant nous n’y pensons pas avec autant d’insistance. Je ne veux pas ternir les rêves de mes amis, car je me dis qu’au fond, ces rêves un jour leur apporteront le bonheur. Et ce justement parce qu’ils cachent la réalité, l’embellissent. Mais pour moi, ce ne sont que des rêves. L’image que nous avons d’une « petite amie » n’est pas ce qu’une petite amie est vraiment. Nous en faisons une montagne, une paire de lunettes aux verres teintés de rose, et c’est parce que nous croyons à ce mythe qu’il nous apporte tant.

Nous aspirons à plus que l’homme, je crois, à un être supérieur, une chose fantastique. Cette chose n’existe sans doute pas, mais l’amour projette, dans les maigres différences qu’il y a entre les deux genres humains, dans cette zone d’ombre, d’inconnu, l’idée que nous en avons. La femme devient pour l’homme un être fantastique simplement parce qu’elle est partiellement inconnue, et que l’inconnu permet l’expression du rêve. On remplit les vides de la réalité avec de l’imaginaire. Et la « Femme », telle que la conçoit l’homme, ne tient sa grandeur que de cet imaginaire-là, abstrait, infini, divin.

Je regrette cependant qu’ayant compris cela, je ne sois pas pour autant libéré du désir de l’autre. Et c’est un désir, ou plutôt un besoin que je ne parviens pas à m’expliquer. Nous avons besoin de boire, de manger, de dormir, sans quoi notre organisme se trouve menacé. Mais avons-nous besoin d’aimer ? Fort heureusement, on peut vivre sans amour. Mais doit-on considérer une vie sans amour comme son attente ? Ne peut-elle se suffire à elle-même ? Pourquoi faut-il que les garçons pensent aux filles, et les filles aux garçons, alors qu’il ne sont pas l’un à l’autre, du moins biologiquement, indispensables à la vie ? Pourquoi me réveiller le matin et sentir cette absence, ce creux, ce vide, autour duquel j’aimerais refermer mes bras ? N’y a-t-il pas, dans ce lit, suffisamment de bonheur comme cela ? Il y fait chaud, il y fait bon, les draps sont tièdes et sentent le printemps, un peu de lumière pénètre au sommet des rideaux… Pourquoi éprouver un manque, quand tout cela est déjà un bonheur en soi ? L’amour n’est-il nécessaire qu’en ce qu’il délivre de la solitude, laquelle finirait peut-être par menacer notre santé mentale ? N’est-il, finalement, qu’une réponse au besoin de l’homme non pas d’aimer, mais seulement d’échanger avec ses semblables ? Aurais-je encore envie d’avoir une petite amie si j’avais la garantie de pouvoir passer ma vie avec ne serait-ce qu’un seul ami ? Qu’apporte vraiment une fille à un garçon (et réciproquement), sinon la réponse à un désir qui naît d’un mythe ? Qui saurait me dire pourquoi le fait d’être en couple est mieux que son contraire ? On me répondrait sans doute : mais, voyons, à cause de l’amour ! L’amour, cette évidence qui, pourtant, si l’on creuse un peu, n’a rien d’évident du tout, voire même échappe à toute logique, à tout raisonnement, ne répond à rien, est sans que l’on se demande la raison de son existence. Pourquoi l’homme s’est-il intéressé à tout ce qui l’entoure, des planètes jusqu’aux molécules, sans jamais s’interroger sur les mécanismes, les raisons, le sens de l’amour ? Certes, l’amour est une chose familière, commençant avec l’amour de notre mère, puis devenant l’amour des filles ou garçons de notre âge, pour enfin être celui de nos enfants. Mais le soleil ou la lune ne nous sont pas moins familiers, et pourtant, on a cherché à tout en comprendre, à en déceler les moindres détails, en expliquer les moindres mouvement. Pourquoi n’avons-nous pas fait de même avec l’amour ? Pourquoi l’amour échapperait-il à notre soif de connaissance, de compréhension ? Est-ce parce qu’en le comprenant, on risquerait de le détruire, en mettant à jour son caractère mythique, et qu’en le détruisant, ce serait sans doute l’espèce entière qui serait mise en danger ?

Je ne sais pas. Je continue à croiser des gens qui me parlent d’amour sans jamais avoir essayé de le définir, et je me dis qu’au fond, il vaut mieux qu’ils ne cherchent pas trop loin. Je n’ai jamais aimé appliquer une formule sans en comprendre la signification, l’origine. Mais avec le sentiment, il faut reconnaître que l’analyse est plus compliquée, et non nécessairement souhaitable. Il me semble parfois qu’avec cette formule-ci, plus on en comprend, moins on a envie de l’appliquer. Faut-il entendre que la formule est fausse ?

Quoiqu’il en soit, j’ai de la peine à constater que quels que soient les efforts de raison que l’on puisse faire, le désir reste là. Ou plutôt, cette sensation d’un manque. Mais là où mes amis murmurent « amour » comme l’unique et absolue solution, je me contente de coller un point d’interrogation. Je ne crois pas que l’amour soit la solution. Je le sens bien, pourtant, mais cela va à l’encontre de tout ce que ma raison pourrait élaborer sur le sujet. Alors peut-être, en fait, l’amour n’est-il qu’une solution du type anesthésiant, au sens où il ne remplit pas le vide, mais endort la conscience que nous en avons : lorsque j’aime, je ne pense plus qu’à aimer, et j’en oublie tout le reste. Ce qui ne me dit pas d’où vient ce vide ni quelle est sa signification. Et encore moins comment le soigner, ce qui est pourtant mon but. Je ne veux pas d’une petite amie qui serait un rempart entre le monde et moi, m’en isolerait sans pour autant m’en guérir. Je cherche au contraire un moyen de combattre ce monde, cette vie, et de les vaincre. Whatever that means.

Ecrit par Barjac, le Vendredi 21 Janvier 2005, 17:40.
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Commentaires
Le 22/01/05 à 00:56
J'ai trouvé ton article passionnant, je tenais à te le dire, même si hélas, je ne saurais répondre à une seule de ces questions que tu énonces ici, et pour cause, je pense que ces questions demeureront sans réponses jusqu'à la fin des temps !

Tu dis que l'on ne se pose pas assez sur ces questions là, que l'on n'essaie pas de creuser, c'est une façon de voir les choses, moi j'ai plutôt l'impression que depuis l'Homme existe, il n'a eu de cesse de se poser ces questions, mais que c'est tout simplement une énigme inpénétrable. Il n'y aurait pas de philosophie de l'amour, pas de théories possibles puisque son vécu varie selon les genres, selon les caractères, selon les histoires... L'amour, c'est tout à la fois, c'est la naissance, c'est la tragédie, c'est la mort, c'est le bonheur, c'est le desespoir... C'est tout ce qui régit nos vies du début à la fin. Aussi, il est imperceptible. Tous les écrits, tous les arts tournent essentiellement autour de ce thème, mais on n'a pas bougé d'un iota j'ai l'impression !

Je me suis posée ces questions mille fois. L'amour nous est-il si indispensable que pour combler notre vide ? Moi je crois que l'amour est vital au sens strict du terme. Je ne pense pas que l'on puisse vivre que de pain, d'eau, de sommeil. Je pense que nous avons besoin d'aimer, et d'être aimé au même titre que les autres besoins. Certes, sans ce dernier, la survie nous ai assuré, plus longtemps, mais je pense qu'à terme, on ne peut pas survivre sans cela, on n'est plus que l'ombre de soi-même. Je crois que c'est l'un de nos besoins primaires en fait, sauf que ce n'est pas notre corps qui nous alerte, mais notre esprit.

"La vie est un sommeil, l'amour en est le rêve
Et vous auriez vécu si vous aviez aimé "
Alfred de Musset.

Bises
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Roxane -
Le 14/05/08 à 21:25

Tu exprimes très bien et d'une jolie manière ce que je ressens en ce moment.

C'est clair, on entend parler d'amour à tire-larigot,  mais moi non plus je ne sais pas ce que c'est. Qu'est-ce-que ça veut dire "aimer"? Moi aussi je ressens ce vide et des fois j'ai peur d'être avec quelqu'un, parce que je crois que,  même ainsi, ce vide perdurerait.

Souvent, on dit que le vrai amour est celui que partage un couple qui s'aime depuis longtemps, qui a appris à se supporter, à s'apprécier pour ce qu'ils sont vraiment. Mais peut-on appeler ça encore de l'amour? Ne serait-ce pas plutôt une forme d'amitié particulière, plus intime que les autres puisqu'elle implique la relation physique?

Qu'est-ce-que ce serait bien d'avoir quelqu'un qui comprenne tout ce que nous ressentons sans avoir besoin de le lui expliquer, avec qui on puisse se sentir bien sans avoir à faire d'effort pour s'adapter à lui. Quelqu'un avec qui on puisse tout partager. Je pense que c'est vraiment ce qui comblerait ce vide et je sais que ça n'existe pas.

Alors je pense que le vide fait partie de la vie, de notre personnalité. Tous les rêves ne sont pas forcément censés pouvoir se réaliser, ni être réalisables. Mais ils font partie de nous, de notre Moi.

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