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Fantomes
Steve dort chez moi, ce soir. La nuit est agitée ; j'enchaine les reves étranges. Toujours, dans mes reves, je retrouve ma vision enfantine du monde : tout est démesurément immense, angoissant. Ce sont des entrepots déserts, des couloirs carrelés, des supermarchés longs de dix kilomètres, des néons blafards, des cathédrales touchant le ciel, avec des portails hauts comme des immeubles. Je fais plusieurs de ces reves, puis le réveil sonne, je me rendors.
Je suis dans un magasin de vetements. Steve est dans un coin, je suis dans un autre. Ch. entre, je la salue, continue d'étudier un stand où se vendent des gadgets étranges : sortes de battes de baseball en pastiques, terminées par une main de loup garou au doigts repliés, crochus. Ch. s'approche, pose une main sur mon épaule, et me murmure à l'oreille : "je t'adore". Sans la regarder, je réponds que je sais. Alors, elle essaie d'expliquer, me dit que ce n'est pas de sa faute, qu'elle a sa vie ici, que je ne peux pas revenir. Elle se met à pleurer, se perd en explications. Je me dis qu'il faudrait l'interrompre, qu'elle va bientot faire comme maman, se mettre à crier, et finir par me dire que tout est de ma faute. Mais je reste muet, continue de ne pas la regarder, tachant de ne pas montrer que j'ai peur. Le réveil sonne à nouveau. Steve se lève, il a cours dans dix minutes. Je me sens bizarre. J'ai l'impression d'avoir eu une réponse, d'avoir enfin entendu la vérité de la bouche de Ch. Mais en meme temps, je ne peux que me détourner d'elle. Il est tellement facile de faire de sa vie un drame. Steve m'a raconté qu'Emma était comme ça, préférant souffrir pour un garçon qui se moque d'elle que d'avoir un véritable petit ami attentionné. Je pense à ma mère, aussi. Rater sa vie est tout un art, souffrir un plaisir, et c'est pour ces gens, au fond, une joie que de pouvoir se placer en victime, se laisser glisser sur une pente abrupte, se laisser griser par le sentiment de panique, de folie. J'ai sans doute hérité de cela, moi aussi. Mais mes complaintes ne sont jamais qu'écrites, et je les épargne à ceux qui m'aiment. Surtout, si je me victimise, ce n'est jamais en en accusant autrui. Je sais trop bien que je suis, des drames que je vis, l'auteur, le metteur en scène et l'acteur. C'est une forme de masochisme que je ne nie pas, mais pense positif en ce qu'il est moteur à la création. On n'écrit jamais autant ni aussi bien que lorsqu'on souffre. Savoir ensuite si l'on souffre pour pouvoir écrire, ou si l'on écrit parce que l'on souffre... Je suppose que les deux sont un peu vrais. Dharmesh m'a dit vendredi qu'il me serait difficile de retrouver une petite amie. Du moins, que j'aurais sans doute beaucoup d'opportunités, mais que bien peu d'entre elles me satisferaient jamais, compte tenu de ce que j'ai vécu. Je sais qu'il a raison. Ce pourrait etre Shelly, ce pourrait etre Anny, des filles dont j'ai tendance à penser qu'elles sont trop bien pour moi, et pourtant, si elles me donnaient une chance, combien de temps avant que le processus ne s'inverse, et que j'aie le sentiment qu'elles m'apportent bien peu, en regard de mon passé avec Ch. ? Je voudrais bien aimer, cela dit. Juste pour avoir quelqu'un. Ce ne serait pas Ch., certes, mais dans la neige qui tombe depuis deux jours maintenant, faire une place dans mon blouson à une fille serait déjà beaucoup. Je repense à Steve, me racontant qu'il avait effleuré l'épaule nue d'une fille, en boite, et que cela avait été tellement doux, tellement électrique. Et je ne peux le nier, il n'est rien de plus doux au toucher que la peau d'une femme. Beaucoup d'entre elles l'ignorent, et c'est bien. Mais des filles comme Anny le savent, savent le pouvoir qu'elles ont sur les garçons. J'aime bien Anny, pourtant. C'est une virtuose du sarcasme, il y a de la Daria en elle. Elle ne rate pas une occasion de mettre "les garçons" en boite, et c'est un sexisme qui fait écho au mien, donc me plait. Ce matin, la femme de ménage, une jeune femme d'origine indisctincte (probablement Europe de l'Est), me demande si je sais qui joue de la guitare à l'étage. Je souris, lui explique que c'est moi. Elle me demande des conseils ; elle a acheté une guitare pour son petit ami, voudrait savoir comment on l'accorde. Je lui dis que le plus simple est d'acheter un accordeur. Qu'il y a d'autres trucs, mais il faut avoir l'oreille, et pour débuter, ce n'est pas le plus simple. Je lui demanderai, demain, si elle a acheté un accordeur. Sinon, je lui donnerai le mien. Je ne m'en sers jamais, et ça coute quand meme une petite somme, ces betes là. J'aimerais bien etre amoureux. Mais je n'ai qu'envie d'avoir une petite amie. J'a revu Shelly hier ; je suis content d'avoir été prudent, de n'avoir pas poussé Steve à en parler à Emma. Je ne la connais pas, ce qui n'est pas un problème en soi, mais je n'aurai pas l'occasion de la voir régulièrement, parce qu'elle n'est pas une amie proche du gang Emmien. Anny, par contre... Anny n'est pas une fille pour moi. Elle me ressemble trop, par certains cotés. Et puis, je me rends compte que les anglaises ont cette habitude d'étreindre leurs amis à tout va, et on ne sait plus bien lequel est l'amant, lequel est le confident. J'aurais de la peine à avoir une petite amie passant de bras en bras. Non que je blame la chose, c'est dans leur culture. Simplement, ce n'est pas dans la mienne. Aujourd'hui sera un jour gris, comme un de ces bibelots qu'on secoue pour qu'il neige sur Notre-Dame. Mais je ne me plains pas : la neige endort, apaise, calme. Hier, Steve et moi sommes restés une demi heure à la fenetre, à la regarder tomber. C'est envoutant, relaxant. C'est comme d'etre assis sur la plage, à écouter l'océan lécher le sable. Steve m'expliquant qu'il croyait aller mieux depuis quelques mois, qu'il ne pensait plus à Emma en tant que petite amie. Et puis que depuis trois jours, il avait rechuté. En amour, les douleurs ne meurrent jamais ; elles dorment seulement. Angoissant sans raison avant qu'on la retrouve au pub. Allant mieux après. Aujourd'hui, c'est mon tour. Ma cigarette tremble, et je me sens mal à l'aise, nerveux, comme une démangeaison intérieure. Sans raison. Moi aussi, je t'adore. Ecrit par Barjac, le Mercredi 23 Février 2005, 13:41.
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