La soirée se passe. J'évite Marianna, elle m'évite. De temps à autres, nos regards se croisent, et on échange un sourire, un clin d'oeil. Fred est là, venu chercher Jane qui part pour de bon cette fois. Elle nous manquera, c'est certain. Et je suis content d'avoir un ami français à qui parler, un de ceux dont on sait qu'ils seront toujours de notre coté. Après un certain temps, je m'asseois à coté de Marianna, et l'on parle de choses et d'autres. Elle m'apprend quelques mots de grecs, on papote gentiment. Puis elle disparait. La soirée se vide petit à petit. Je vais fumer une cigarette dans la chambre d'Anna, et y trouve Marianna. Yves nous rejoints bientot, fume, et repart. Alors, on fait semblant de se faire de l'oeil (tout à commencé comme ça, hier, en mimant des comportements de séduction, et depuis c'est un de nos jeux), puis elle me rejoint sur le lit. On s'embrasse, on s'allonge, on regarde le plafond comme s'il s'agissant d'un ciel étoilé, riant des conversations absurdes que l'on invente pour essayer de justifier la position du moment (tantot je cherche sa boucle d'oreille malencontreusement tombée dans son col, tantot elle commente sur le tissu de mon jeans, tantot je lui demande si elle a mal ici, la ou ma main repose sur son ventre...). On rit, soulagés de ne plus avoir à feindre l'amitié, role qui est malgré tout un peu angoissant. Puis Anna nous rejoint, car ça y est, Jane va se coucher. Alors on salue notre amie, discute cinq minutes avec Mario et Anna dans la cuisine, puis ces deux vont se coucher à leur tour, et nous voilà seuls à nouveau. On papote, on rigole, on invente des tas d'histoires idiotes ; on a mis deux verres d'eau sur la table au cas où. Le cas où, c'est Thomas qui venait dire au revoir à Jane après son service de nuit pour la sécurité. Tout va bien. Notre seule crainte était Sophie. Malgré tout, désormais mal à l'aise, nous limitons les baisers et les étreintes. Je finis par suggérer qu'on aille se coucher, et qu'on se voie le lendemain. On convient de midi, jusqu'à deux heures, où je dois retrouver Regina (qu'avais-je besoin de me proposer pour ses TP, franchement). Sur le pas de la porte, impossible de se séparer. Je lui dis en grec qu'elle est une chouette fille (c'est tout ce que j'ai trouvé à lui demander de m'apprendre), elle me dit que je suis un chouette garçon.

Je repense à toute à l'heure, dans la chambre d'Anna, quand on s'est dit combien on était heureux. Je n'arrive pas à croire que cela puisse etre réciproque, ni réel. Et pourtant, ça l'est. Elle part demain, et puis il y a cette histoire d'ex. Combien vais-je peser dans la balance ? Me rappellera-t-elle, m'écrira-t-elle ? Quand pourrai-je venir la voir ? Je sens que tout cela va encore mal finir. Deux jours de passion ne débouchant sur rien. Je voudrais qu'elle ne m'oublie pas, qu'on continue ce qui a si bien commencé. Que l'estime que je lui porte ne soit pas une erreur, qu'il ne soit pas possible qu'une fille soit amoureuse de vous, heureuse dans vos bras, et vous oublie en quelques jours, ne cherche pas à vous revoir. J'ai passé une chouette journée, une chouette soirée, une chouette nuit hier. Totalement sur une autre planète. I got a girl aussi jolie que drole, je ne veux pas m'en séparer. Laissons le temps faire son affaire, tachons de maintenir fermement la bride de nos sentiments, et fasse le ciel que ce que j'éprouve pour elle soit ce qu'elle éprouve pour moi, qu'on puisse se revoir, et etre officiellement ensemble.