Session
Articles par rubrique
Discussions actives
Réflexions sur l'amour (suite)
(6)
Cours de séduction (8) L'odeur de la nuit, l'été (1) Tu tenais le monde dans tes bras (5) Le salaud de ces dames (5)
Autres projets
Ailleurs
hlepage1:
Jardiner avec la Lune en 2025
zakath-nath: We Three Queens campanita: Legend of Zelda : Echoes of Wisdom castor: L'arme ultime contre les morts vivants parmakoma: Les Boréales 2024 ultraball: 2168-11 : le résumé bangg: Not all men art-orange-2012: Val me manque
Blogs favoris
Recherche
Tribune
|
Where dreams come to die
Le soleil se couche, orange, sur les toits des immeubles. Sur la façade de l'université, l'immense horloge jette le feu doré de ses deux aiguilles métalliques. Il est bientôt huit heures.
Ca pourraît être un soir comme cent autres, trois garçons marchant paisiblement vers le campus, qui guitare sur l'épaule, qui baguettes à la main. Le quatrième larron a disparu dans l'obscurité d'un snack. Un soir comme cent autres, un retour de répétition. Mais nos pas sont trop lents et nos regards se fuient, courant distraitement sur l'horizon lointain où brûlent les toits de la ville. Comme trois vieillards, marchant un soir le long du port, et si l'évocation du temps passé accouche des sourires, ceux-ci ne sont que les vitrines de brocantes où la poussière blanche recouvre des gloires anciennes. Dorures ternies, velours élimés, boisures piquées ; acclamations d'antan dont flotte encore l'écho silencieux, murmure des foules disparues qui n'est au fond que le ronronnement du ventilateur au plafond. Ce soir, on se salue sans se serrer la main. L'année universitaire s'achève vendredi. Il est peu probable que le groupe lui survive. Steve G. a terminé, et ne reviendra donc pas l'année prochaine. On parle du futur, on prévoit de faire des choses pendant l'été. Enregistrer nos derniers morceaux. Manger ensemble vendredi, pour célébrer. Célébrer le temps passé, les moments partagés ensemble. Dire au revoir à ce que nous fûmes, et Dieu ce qu'on a pu s'amuser. Steve a écrit la biographie du groupe, pour le CD que la fac a vendu samedi. Biographie d'un personnage — notre groupe s'était rangé derrière un unique prénom : Kenny. Naissance, vie et mort, car il nous fallait changer de nom, l'ancien ayant déjà appartenu à un autre groupe. On avait fini, après des mois de recherche, par en trouver un qui nous convienne. Peut-être par lassitude. La mort mascarade du personnage fictif prend ce soir un sens mélancolique. Kenny nous manquera, à tous. Partager du temps est une chose. Partager la création en est une autre. Créer quelque chose à plusieurs, en l'occurence des morceaux de musique, les jouer en public, partager l'angoisse quelques minutes avant de monter sur scène, l'électricité tout au long du show, sortir de là vidés, lessivés, hagards, mais ensemble, cela crée entre les hommes des liens d'une nature inexplicable. La loi sur le copyright est précise : un morceau appartient à chacun de ceux qui ont collaboré à l'écrire. Ce n'est pas un gâteau dans lequel on coupe des parts ; le Tout est à Nous. Ce soir, il semble que le vent apporte une clameur, mais ce n'est que la voix de l'autoroute. Ce soir, il semble que les projecteurs nous brûlent les yeux, mais ce n'est que l'ultime sursaut du soleil couchant. Ce soir, nos ombres maigres aux membres démesurés se saluent. Le rêve s'effrite, s'effondre. Il en restera des photos, une démo. Peut-être qu'on aurait été loin. Peut-être pas. La fin seule est une certitude, et c'est bien cela qui dérange. Là-bas, emporté par le disque orange, tirant sa dernière révérence, le rêve de quatre garçons disparaît derrière la ligne grise des immeubles. Ecrit par Barjac, le Lundi 6 Juin 2005, 20:49.
Laisser un commentaire
Commentaires
|
||
Wolf head and Victorian couple are the property of their original authors.
Any other content © 2003-2008, Barjac. |