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Chypre
20 au 27 Juin 2006
Mardi – Nous arrivons de nuit à l'aéroport de Paphos, en compagnie d'une floppée d'anglais portant les couleurs de leur pays, Coupe du Monde oblige. Le type du contrôle d'immigration ne jette pas même un oeil à ma carte d'identité, que pourtant je m'applique à lui pousser sous le nez. "Circulez, je vous dis."

L'aéroport est minuscule : deux tapis roulants au total seulement pour la récupération des bagages. Nous retrouvons Sophia, la soeur d'Anna (avec qui je voyage), dans le hall des arrivées, et sortons de l'aéroport miniature. On est alors saisi, moins par la chaleur qui avoisine seulement les 30 degrés à cette heure de la nuit, mais par l'humidité de l'air. Une humidité à couper au couteau, salée, lourde, collant à la peau. Cela rend la respiration mal-aisée, angoissante. Ajoutons le dépaysement (je n'ai jamais éte aussi loin vers l'Est), et c'est avec l'estomac noué que nous faisons le trajet jusqu'à Nicosie, où demeurent Anna et sa famille (je ne séjourne pas chez Marianna, pour des raisons de culture).

Là, on mange un peu, puis je pars avec Anna faire un tour en ville. La chaleur, la fatigue, la conduite... je maintiens à grand peine le contenu de mon estomac en place. Les rues sont désertes à cette heure de la nuit. Anna me fait passer par le quartier où l'on peut louer une douce amie pour la nuit, mais point de néons criards, de musique tapageuse, de raccolage aggressif ; on est bien loin du boulevard de Clichy. Juste de simples bars à l'apparence tranquille, tenus par un personnel féminin qui discute assis au comptoir. Impossible à mon oeil étranger de deviner que la carte comporte un paragraphe affectueux. Nous traversons des ruelles étroites, où dorment les volets clos des restaurants, les menus à la craie sur l'ardoise, les treillages en bois où ne pousse déjà plus rien à cette période de l'année. Sur une place où quelques clochards se reposent dans un petit train à touristes oublié jusqu'au lendemain, un jeune noir nous demande une cigarette, s'enquiert de notre nationalités, nous devinant anglais. On le corrige, et il s'êloigne en baragouinant trois mots dans un français approximatif : "Mexi, salud!". Nous regagnons nos pénates.

Mercredi – Le lendemain, nous filons à Agia Napa, Anna, sa mère et moi. Le paysage de jour est moins plaisant qu'il ne le fut de nuit. La chaleur est écrasante, la végétation grillée, jaunie, parfois tout simplement absente. Les routes semblent être en chantier permanent sitôt que l'on quitte l'autoroute. Je suis fasciné par la présence, sur le toit de chaque maison, d'une citerne d'eau plantée sur quatre pieds. Cela me rappelle ces escargots clairs en Provence, dont certains champs sont absolument couverts. On m'explique que c'est à cause des restrictions d'eau, désormais appartenant au passé grâce à l'installation de deux stations de désalinisation. A mon oeil étranger, c'est comme si quelque civilisation extra-terrestre à forme de poulpe de métal blanc avait atterri sur et parasité, grâce à quatre tentacules plongés dans son cortex même, chaque habitation humaine.

La mer m'arrache à ces considérations asimoviennes. L'eau est chaude, claire, la plage paisible. On nage, soudain légers, on s'enroule dans les vagues comme dans une couverture fraîche, échappant au dard du soleil qui brûle le sable et cuit les touristes anglais tels des saucisses sur un barbecue. Oubliée Birmingham et son quotidien, oublié le travail. On s'immerge dans une existence animale faite de bains d'eau et de soleil alternés, de sommes bercés par le clapotis de l'écume et les claquements du vent dans les parasols, de gâteaux orientaux et de thé glacé. Lorsque le jour commence à décliner, on s'adonne à des jeux de raquettes, on se dore au soleil dont l'ardeur s'est calmée. Au moment de partir, un homme d'une cinquantaine d'années nous fait don d'une large bouée gonflable, ses vacances à lui s'achevant. Le soir, nous retrouvons Nikolas, Maria, et d'autres amis dans un bar. Je m'essaie à la bière locale, Keo. On se quitte en se donnant rendez-vous le dimanche sur la plage.

Jeudi – Marianna est arrivée au petit matin, et nous passons la prendre chez elle, à Limassol, avant de partir pour les montagnes du Troodos. Occasion de rencontrer, brièvement, ses parents (ô joie). Une fois dans les montagnes, nous nous arrêtons pour acheter diverses sucreries et faire un peu de balançoire, puis repartons en direction de Kakopetria, petit îlot de verdure devant sa fraîcheur à la présence d'une rivière. laquelle accueille les vestiges d'un moulin à eau qui fut longtemps l'un des seuls du pays. Nous grimpons jusqu'à celui-ci, que surplombe l'hôtel Milos, au restaurant duquel nous faisons un fantastique déjeuner, reposant nos guiboles sur le balcon ombragé. La truite y est délicieuse, la vue tout autant, embrassant tout le paysage depuis la rivière vingt mètres plus bas jusqu'aux montagnes les plus éloignées. On finit par se rentrer et aller boire un coup chez Nikolas.

Communication difficile avec les parents d'Anna, qui ne parlent pas anglais (sa mère parle serbe et son père grec), mais sont très sympas. On échange tant bien que mal quelques mots d'esperanto, ou bien Anna joue les interprètes. Le père d'Anna me tend un imposant couteau de cuisine, et Anna traduit : "pour demain, au cas où ça se passerait mal avec les parents de Marianna". Je me marre.

Vendredi – Nous retrouvons Marianna à Limassol, et passons l'après-midi sur la plage. Je soupire en silence de n'être pas célibataire. Pourquoi faut-il que la beauté des femmes s'envole pour se poser un pas plus loin chaque fois qu'on croit enfin la saisir ? Puis nous rentrons chez Marianna nous changer. Anna et moi allons ensuite prendre un verre en ville, et acheter un gâteau pour le dîner : on célèbre l'anniversaire de ma douce. L'occasion de faire une overdose d'hellénisme, coincé entre amis que je ne connais pas et parents que je n'ai pas particulièrement envie de connaître (n'oublions pas que je suis la raison pour laquelle leur fille refuse de rentrer au pays), le tout assaisonné à la sauce méditerrannénne dont on sait qu'elle me porte vite sur le foie de la patience. Enfin, enfin, après avoir soufflé bougies, pris photos, évoqué ces mille souvenirs d'université qui confient à tout groupe d'amis une sorte d'étanchéité sociale, admiré les peintures de la soeur de Marianna (de très bonnes peintures au demeurant, avec un je ne sais quoi d'angoissé qui en ferait des couvertures de CD toutes trouvées pour un groupe comme Radiohead) on se salue et Anna, Marianna et moi allons prendre un verre by the beach. Puis nous rentrons sur Nicosie, collants et transpirés, et moi vanné de ma greffe de belle famille. C'est décidé, la prochaine, je la choisis orpheline (et certainement pas du bassin méditerranéen).

Samedi – Journée passée à visiter Nicosie avec Marianna et une amie à elle. Il fait 40 degrés, on se liquéfie. L'amie, qui est historienne, nous fait faire le tour des curiosités et musées du coin, ce qui serait plaisant sans la chaleur – et le fait que je tire un peu la gueule à cause de mon indigestion familiale de la veille. Je retourne chez Anna, et l'on sort avec sa soeur et le jules de cette dernière, direction un bar rock. Le groupe n'est pas mauvais, la bière est bonne, je rencontre même un couple de greco-français avec qui je peux échanger quelques soulageantes mondanités.

Dimanche – Nous sommes à Agia Napa pour le week-end. Je me régale dans l'eau, avec ma nouvelle bouée. C'est dingue ce qu'on peut se marrer avec un truc aussi bêtement simple. On alterne baignade et dodo, puis barbecue chez Maria, dont on met une heure à trouver l'appartement. On fête un autre anniversaire, puis Marianna et moi partons à la recherche de notre hôtel pour la nuit. On s'y installe, se prépare et allons faire un plongeon de foule dans le quartier pour touristes anglais, qu'on se représentera comme un modèle réduit de Las Vegas. Le bruit est assourdissant, les anglais ivres sillonnent les rues d'un pas mal assuré, exprimant ici comme chez eux leur terrible incapacité à se divertir, consommant cette impuissance nationale qui les fait se réfugier dans le viagra alcool pour quelques heures de plaisir artificiel. Je les plains, une fois encore, cette pauvre nation, sans point de repère, sans valeurs ni traditions positives auxquelles se raccrocher, et conséquamment mal-aimée à peu près partout dans le monde.

Nous jetons notre dévolu sur un bar dont la carte des cocktails m'impressionne, et ne le regrettons pas. Nous savourons quelques nectars aux couleurs chatoyantes, et c'est quelque peu euphoriques que nous nous mettons sur le chemin du retour. Malheureusement, impossible de nous souvenir où nous avons garé la voiture, toutes les ruelles se ressemblant. Nous procédons donc méthodiquement, rue par rue, et finissons par retrouver la bonne. L'hotel est confortable et l'on s'y endort sans peine.

Lundi – Autre journée passée à la plage, répétition des précédentes, mais l'eau est si claire et l'air si chaud qu'on ne s'en lasse pas. Je pourrais passer un autre siècle sur cette même chaise longue, pataugeant avec cette même bouée sans m'en lasser une seconde. Le soir, Anna et moi rentrons chez elle, puis sortons avec sa famille manger le traditionnel meze dans une taverne poissonnière. Je ne sais combien de plats se succèdent sur la table, j'en perds le compte. Toute la faune marine y passe : poissons, crustacés, mollusques, le tout accompagnés de légumes et sauces qui font que l'on n'a plus guère de place pour faire honneur comme se devrait à l'immense plateau de fruits confits qui conclut triomphalement le dîner. Nikolas passe à la maison pour me dire au revoir, et m'offre une bouteille d'Ouzo (pastis local). On se dit à la prochaine.

Mardi – Mon dernier jour à Chypre. C'est un peu à contre-coeur que je prends congé de mes hôtes – je commençais à me sentir chez moi ici. Je remercie les parents d'Anna, et nous nous mettons en route pour Limassol, où l'on passe prendre Marianna. Nous visitons alors le château de Kolossi, puis le site archéologique de Kourion. Magnifiques mosaïques et ruines greco-romaines. Un amphithéâtre entier subsiste, encore utilisé à ce jour. Diverses colonnes de marbre marquent les emplacement de plusieurs édifices romains du début de la chrétienté. On peut voir des bains, une église (plutôt un temple chrétien), et ainsi tout un village de l'antiquité surplombant la mer. Spectacle imposant de richesse et de technicité. Puis l'on fait route vers Paphos, en s'arrêtant au rocher d'Aphrodite où, selon la légende, la déese serait née de l'écume. Le fond de l'eau est couvert de copeaux de bois (ou d'algues qui y ressemblent), l'étroite plage de galets se couvre d'ombre tandis que le soleil descend, me forçant à abandonner toute tentative de dénombrement de la population rocheuse locale. Nous gagnons ensuite Paphos, et prenons un verre sur le port, avant de nous rendre à l'aéroport. Là, je laisse les filles : Marianna rentre le lendemain, Anna une semaine plus tard. De retour à Birmingham, la peau encore salée de mon bain avec Aphrodyte, j'apprécie la fraîcheur de la nuit anglaise.

Ecrit par Barjac, le Mardi 18 Juillet 2006, 14:09.
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