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Vénus de Midi
Je descends tranquillement les escaliers de la fac, un peu fatigué d'avoir perdu une heure de sommeil ce week-end (une heure avertie, manifestement), mais point mécontent du fait que le soleil brille largement dehors, et que cela commence à sentir le printemps. Printemps qui à ce même instant me fait un clin d'oeil, sous la forme d'une absolument délicieuse demoiselle, accompagnée comme se doit d'une amie que le conte prefère qualifier de gouvernante (autrement dit, un faire valoir). Charmantissime apparition, donc, avec laquelle je ne manque que de peu d'établir un contact physique prématuré, ayant mal évalué la longueur de mes pas (j'ai des grands pas, ce matin). Je me fends alors d'une révérence magnanime et désintéressée, laissant poliment le passage à Hyacinte et Nérine, cueillant au passage un regard de la belle (à vot' bon coeur, mamzelle) tout en essayant de conserver mon équilibre. Ô, plonger dans vos yeux bleus, âme douce — et possiblement allemande : elle a un regard à la Claudia Shiffer, mais en plus timide, et ses cheveux sont plus sombres, quelque part entre blond et roux. Me rappelle l'inconnue du RER numéro 761, chevelure flamboyante et regard de saphire.

On descend donc une volée d'escaliers, doucement (parce que les demoiselles, ça fait des petits pas), et mon regard se perd sur un admirable petit noeud qui tressaute au dessus d'un pantalon clair à rayures droites sur le tissu mais ô combien désirablement courbes dans notre univers tridimensionnel et tiens je n'avais jamais remarqué qu'ils avaient changé ces miroirs au plafond, ahem. C'est le coeur lourd que j'abandonne la femme de ma vie pour aller m'abluer aux sanitaires (car il se faut purifier les mains avant que de s'aller sustenter). Note que, si je fais vite. Eau chaude, savon, rinçage, essorage, on se passera de séchage, et me voilà dehors. Zut, elle a déjà pris le large. Je me hâte. Au feu rouge, je l'aperçois. Ce n'est pas vraiment ma direction, ça. Et puis merde, c'est le printemps. Je m'engage donc d'un pas allègre sur cette voie qui n'est point mienne et ne mène pas à mon sang d'ouitche, et large est le chemin qui mène à la perdition. Manque de bol, le feu traînasse, c'est lundi, oh, coco, on n'est pas pressé. Enfin, je traverse. Elle a pris à droite. Je tente le raccourci à gauche ? A moins qu'elle ne s'arrête dans l'autre rue. Prendra-t-il le risque ? Il le prend, sans hésitation. Il y a beaucoup d'humains dans les rues, ce matin. Mais je n'aperçois plus mon allemande. Tant pis, je file tout droit. Une minute plus tard, autre feu rouge, et tadam! elle est là, toujours avec sa nourrice. Je ralentis et passe en mode détective (cela implique notamment de relever le col de sa gabardine, ou à défaut d'en faire le geste). Garder suffisamment de distance, ni trop ni trop peu. La perdre de vue dix secondes et c'est la fin de la course. Mais pas de souci, elle est là, j'aperçois ses cheveux ondoyants dans la foule.

L'air de rien (tellement de rien que je manque à plusieurs reprises de m'affaler sur des passants que je n'avais pas vu venir), je la suis. Il y a du soleil partout, c'est fantastique, et Vénus en personne (celle de Boticelli, je dirais, à la couleur de cheveux) marche grâcieusement dix pas devant moi. C'est quand même bête, un homme. Ca vous tombe amoureux comme ça, juste pour un regard et une silhouette. Dieu qui nous fit si faibles... Merci. On bifurque. Va-t-elle continuer tout droit, vers le centre commercial et la gare, ou bien va-t-elle — non, elle prend à gauche. Je m'arrête au stand du fleuriste, fait semblant de m'intéresser à une poignée de tulipes qui ont l'air elles aussi de souffrir du décalage horaire. Me retourne. Elle a disparu. Sans doute entrée dans un de ces magasins, possiblement le cordonnier. Pour des clés ? Ca ne peut pas être des chaussures, elle n'avait pas de sac. Ou bien elle a continué. Qu'importe, j'interromps ici ma filature, et rejoins mon chemin ordinaire, sous le regard réprobateur de la Routine, qui n'aime pas qu'on fasse des accrocs à l'habitude.

Ca faisait longtemps, depuis mon dernier coup de foudre. Quelques mois au moins. Au fond, ce qui nous protège de l'adultère, c'est la routine. On prend ses habitudes et elles ne laissent guère de place aux occasions de. Les coups de foudre, ce sont toujours des accidents. Des histoires mortes dans l'oeuf. Il faut le Lien de Confiance. L'ami de l'amie qui connaît la fille en question. Oui mais et si. Et si je la recroisais. Et si, supposons, je connaissais quelqu'un qui. Alors, il faudrait une soirée ou quelque chose. Les soirées, on y va toujours en couple. Mort de ce côté-là. OK, un repas du midi, à la fac : tiens salut comment tu vas, bien et toi, je te présente Claudia Schiffer, qui fait un master en Y. Et machine, sa copine, qui fait une thèse sur le Z. Enchanté et transpirant, vous m'en voyez. Bah, et quand bien même. La réciprocité des coups de foudres, c'est beaucoup de chance. Ca ne marche pas à tous les coups. OK. Mais ET SI. Et si tu te retrouvais dans une position où la sublime était intéressée. Avouons que là commencerait un sacré pétrin. Je n'ose pas imaginer. Coincé entre deux amours, n'osant blesser l'un, mais désirant l'autre. Foutre en l'air une relation, pour un simple baiser, une simple aventure ? Ou peut-être plus, on ne sait jamais. Faire le malheur d'une femme pour le bonheur d'une autre ? On s'en fout, nous, on gagne à tous les coups. Mais c'est la conscience. Comment ils font, les autres ? Ils ne tombent jamais amoureux ? Je veux dire, en dehors du couple. Je suis trop sensible à la beauté des femmes. Je suis une pie : tout ce qui brille me fascine. Même si ce n'est que rarement de l'or. Il y a quelque chose, j'y peux rien. C'est la grâce, c'est le rayonnement, c'est cette perfection dans le geste, la démarche, quelque chose de doux et de parfumé qui vous fait tomber à genoux. Qui vous donne envie de lui faire couler un bain, avec tout plein de mousse (et râler après parce qu'il n'y a plus d'eau chaude au milieu de mon chant d'oint). C'est le Beau, beauté brûlante, beauté radiante, beauté promesse, beauté péché. Souvenirs de robes légères allongés sur l'herbe des prés. Comme quand j'étais môme. La Femme, avec son grand F.

Ecrit par Barjac, le Lundi 26 Mars 2007, 16:36.
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