J'ai changé de boulot. J'ai changé d'appart. J'ai pas fini ma thèse. J'ai pas changé de nana.

Août
Escroquerie. On se fait embobiner par un type qui affirme avoir un appart à louer, le prix est intéressant, on verse la caution. Le jour du déménagement, pas moyen de contacter le type. On se renseigne, on parvient à trouver l'adresse du propriétaire de l'appart, qui n'est pas le gars que l'on a rencontré. Pas de numéro de téléphone, journée passée dans la bagnole pour aller voir le vrai proprio à Perpète-les-Bains. Il n'est pas là, on laisse quand même un message avant d'aller casser une croûte sur un terrain de golf. Retour dans nos pénates, coups de fils (enfin) avec notre malfrat qui s'affole, découvert. On se fâche et se raccroche au nez après avoir fait échange de politesses acerbes. On poireaute une heure au poste de police, finit par expliquer notre cas à l'inspecteur Stack, qui est jeune et véritablement désolé, d'autant plus que ça ne relève pas du pénal, mais du civil, donc il n'y a rien qu'il puisse faire. Il passe quand même un coup de fil a notre Jeannot lapin, qui se raddoucit et promet de nous retourner notre caution d'ici trois jours ouvrables. Un chèque est vien reçu, qui ne manque pas d'être de bois. On s'énerve à nouveau, on retourne au poste, on contacte le tribunal qui nous explique qu'il faut commencer par envoyer une lettre à l'intéressé avant de le poursuivre en justice. Hors, on ne connaît pas son adresse, donc on est coincés. On finit par laisser tomber l'affaire non sans maugréer. On aura cher payé la leçon, mais on ne nous la fera pas deux fois. Ne versez jamais une caution avant d'avoir pris connaissance de l'adresse du propriétaire et d'avoir vérifié son identité.

Septembre
Nouveau boulot. En réponse à votre annonce du, je passe mon premier entretien d'embauche. Je fais rire la Ressource Humaine, et deux jours plus tard, c'est moi qui offre le champagne. Embauché, bien payé, de quoi respirer tranquille pour une autre année. Le temps de finir ma thèse sans préoccupations financières, tout en gagnant de l'expérience. Je suis désormais l'Agent B, Programming Support Officer, membre du Learning and Skills Centre, en étroite collaboration avec le département de Computer Science.

Octobre
Déménagement, cette fois sans accroc (ni escroc). Il commence à cailler. Je m'installe dans mon nouveau poste, et m'y plais bien. Débuts sur les chapeaux de roues, juste le temps de faire la poussière dans ce bureau (qui servait de grenier jusqu'alors, bonjour le bordel) et me voilà actif et opérationnel. J'ai un immense bureau, où je reçois des étudiants (majoritairement en informatique) toute la journée et les aide à comprendre comment programmer. J'assiste aussi en labos (avec ma combinaison de cosmonaute) et suis responsable d'un group de TP (environ 20 étudiants). Je me régale.

Novembre
Retour de l'internet à la maison (coupé depuis Août). La routine, au boulot. Café le matin, visites sur rendez-vous (comme le docteur), mes quelques heures de labo et TP par semaine. Les étudiants semblent m'apprécier, et il aura suffit de menacer d'en mettre un à la porte d'entrée de jeu pour m'assurer un certain respect. Un mois très chargé, en raisons de devoirs (première et seconde années) et de projets (troisième année). Je fais facilement 9 à 10 heures par jour, poussant une fois ou deux au delà pour couvrir la demande. Résultat, j'aurai aidé pas loin de 300 étudiants en un mois. Mon chef, une femme formidable avec qui je m'entends très bien, est ravie.

Décembre
Mois plus calme. Les étudiants ont terminé leur premier trimestre la semaine dernière, je souffle un peu. Enfin du temps pour me consacrer à ma thèse -- et jeter à la hâte trois lignes sur ce blog. J'ai reçu des cartes, des chocolats, des remerciements sincères et des salutations amicales de mes étudiants. J'ai fait mon trou, je suis un grand frère. Respect du savoir, de l'autorité, mais proximité en raison de l'âge, et de l'attitude, plus relax que les profs. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

A deux ou trois nuits près. Presque rien, en trois mois. Presque rien. Juste le réveil en sursaut aux petites heures. Ch. En rêve. L'appeler. L'épouser. Sanglots. Je ne m'en remettrai jamais. J'oublierai temporairement, de manière à pouvoir continuer, au quotidien. Mais toujours elle reviendra, en rêve, au détour d'une pensée, d'une image. Je commence à m'y faire, au fond. Accepter que ça ne changera pas, et apprendre à vivre avec. Elle, moi, nous. Les belles histoires n'ont pas de fin.