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En robe blanche
Ses règles n'ont duré qu'un jour. Alors, elle a été acheter un test, à la pharmacie. Et si... On n'est jamais à l'abri d'un accident. L'espace d'un instant, je me demande ce qu'on ferait, avec un petit Barjac. Dix ans plus tôt, quand c'était arrivé, j'avais paniqué. Mais alors, j'étais étudiant, je ne gagnais pas mon pain, j'habitais chez mes parents. La trouille était justifiée. Aujourd'hui, c'est différent. En ce qui me concerne, cela ne me dérange pas. Je range tranquillement les commissions dans le placard. Elle discute avec Anna, dans la salle de bain. Alors, je demande ?
Négatif, dit le test. Une part de moi fait la tête, un peu déçue. Je crois qu'au fond, je m'en fous. C'est comme un jeu de cartes. Je voulais la dame de coeur. J'ai peut-être une main correcte, mais sans la dame de coeur, la partie ne m'intéresse pas. Je jette mes cartes, pas tout à fait au hasard – on se rendrait compte que je ne joue pas le jeu. Mais l'enjeu m'importe peu. Je voulais la dame de cœur, je ne l'ai pas. Je suis mauvais joueur. On a regardé ce film, hier. A la fin, il y avait un mariage. Belle, la mariée, avec sa robe blanche, son voile angélique. Peut-être un jour, nous aussi. Mais mon cœur reste indifférent. J'aurais aimé, vous savez... La voir venir vers moi, émue, et me sentir moi aussi submergé par un immense bonheur, les mains qui tremblent, elle, si belle, mienne pour la vie. Une jolie mariée ne peut être que brune. Parce que Ch. Je la regarde qui dort, mais il n'y a rien. Le silence, aussi bien au dehors qu'au dedans. Nous cohabitons. La vie est une chose étrange, et je me retrouve à essayer d'expliquer à l'adolescent que je fus pourquoi cela, pourquoi ses rêves ne se réalisent pas. Tant de chemins, de carrefours. Lui qui voyait une belle ligne droite, mais la vie n'est pas une autoroute. Sans carte, on s'y perd facilement. L'autre jour, elle sort avec ses amies. Elle a mis sa robe rouge, ses chaussures à talons. Elle me fait peur, ainsi. Trop femme, trop conquérante. Et pourtant tellement fragile. Elle attend, mais je ne peux pas. Alors, mal à l'aise, je fais remarquer qu'elle a intérêt de prendre un manteau, sans quoi elle va attraper froid. Et que, bien sûr, elle est superbe, dans cette robe. Faux compliment, habilement assassiné. Je l'ai dit, elle ne peut rien me reprocher. Je l'ai dit, juste de cette façon qui veut dire tout le contraire. Je ne sais pas faire de compliment, faute d'en avoir jamais reçu. Adressez vos réclamations à mes parents. La complicité me manque. Ces longues après-midi avec Ch., allongés dans l'herbe, à regarder filer les nuages. Quand le silence disait tout, tellement mieux que les mots. Elle, moi. Nous. Dépendant l'un de l'autre, amis avant d'être amants, ou ai-je tout inventé ? C'est possible. Je ne dois peut-être mon amour pour Ch. qu'aux obstacles qui s'y opposèrent. A cette jeunesse qui ne nous donnait pas encore le droit de vivre ensemble, de nous aimer pleinement. Complices d'avoir dû nous cacher, et Dieu sait si cela nous rapprocha l'un de l'autre. Je me serais lassé de Ch., bien sûr. C'est avec l'arrivée de nouvelles libertés que mon amour pour elle est devenu malade. Quand soudain il n'y a plus rien eu, plus rien que la distance, pour nous empêcher de nous voir. Sans combat à mener, plus de héros, plus d'héroïne. Fin de l'histoire. J'aurais dû me marier quand il était encore temps, quand cela signifiait encore quelque chose. Quand j'aurais su dire au monde combien cela comptait pour moi. Que c'était elle, que ça avait toujours été elle. Ses yeux dans les miens, ses mains dans les miennes. Acceptez-vous de ? Mille fois oui. Oui, encore et toujours oui. Parce qu'au delà d'elle, l'odeur d'herbe fraîchement coupée des pelouses du lycée, la caresse du soleil, le chant des oiseaux. Porter à deux le poids du souvenir. Et justifier, à jamais, les larmes de l'adolescent, ses souffrances, ses espoirs. « Quand je serai grand... » Quand je serai grand, mon vieux, tu n'es plus qu'un fantôme. Ecrit par Barjac, le Mardi 1 Avril 2008, 00:05.
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