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Au Bonheur des Drames
Je débarque au supermarché, m'approprie temporairement un caddie, et me lance dans le labyrinthe des rayons. Je n'ai pas fait deux pas que des cris attirent mon attention. Le sourcil froncé, je m'approche de la source, et m'immobilise. Deux agents de la sécurité sont aux prises avec un adolescent. Des coups sont échangés, des étagères renversées, une dame s'en mêle et donne des coups de sac à un des gorilles. L'issue du combat est indéterminée, le gamin se débattant copieusement. Il n'y a pas foule, j'aurais pris les paris, sinon. Les costauds en chemise finissent par venir à bout du jeune homme et l'entraînent dans un couloir réservé au personnel. Je reprends mes commissions, mais j'ai la tête ailleurs.
Les démonstrations de violence m'impressionnent beaucoup. Ne m'étant pas battu depuis mon enfance, et n'ayant eu que rarement l'occasion de séparer des idiots qui se mettaient sur le coin de la poire (pas toujours une bonne idée, au passage), je dois avouer que les combats me tétanisent. On ne nous a jamais appris comment réagir à ce genre de situations. Faut-il s'en mêler, au risque de prendre un mauvais gnon, voire un coup de surin (on ne sait jamais à qui on a affaire) ? Faut-il au contraire ignorer la chose, comme si elle faisait partie de la routine ? Sûrement, non. N'osant pas s'en mêler, n'osant pas non plus s'en aller, on reste là sans savoir quoi faire, paralysé, tel un lapin pris dans les phares d'une automobile. S'il est certain que le vol en supermarché est un problème, les mesures sont-elles vraiment appropriées ? Je comprends que la direction du magasin se veuille ferme face à ce genre de petit crime, mais cela autorise-t-il le personnel de sécurité à malmener des mômes ? Répondre au crime par la violence, n'est-ce pas creuser plus encore le fossé qui sépare le pauvre du riche ? Pourquoi un gamin va-t-il voler un paquet de biscuits ? Parce qu'il ne peut pas se le payer ? Bien que cela soit une raison plausible, je ne crois pas qu'elle compte pour beaucoup de vols. Quelles raisons, alors ? Certainement, le fait que certains produits ne soient pas autorisés à la vente aux mineurs, en particulier l'alcool. Mais aussi, probablement, le rejet d'une certaine société, celle des "riches", par des mômes qui appartiennent à l'autre société, celle des "pauvres". Possiblement en réaction à un sentiment d'injustice. Nous, les gens aisés, habitons de beaux appartements, protégés par des grilles et des caméras. Mais notre peur du pauvre, du voleur, n'est elle pas en elle-même une forme d'agression ? Ces grilles, ne signifient-elles pas, en substance : "Nous ne voulons pas de vous" ? Nous ne voulons pas vous voir, restez dans vos tours, loin de nous. N'est-il pas normal que l'enfant ou l'homme de l'autre côté de la grille se sente exclus, et que cela alimente sa colère ? Si mon voisin érige des murs autour de sa propriété, cela entraînera certainement un sentiment de rejet chez moi, et une certaine hostilité à son égard. Les enceintes sont faites pour être assiégées, les grilles pour être escaladées. L'interdit est toujours un défi. Voler dans un supermarché, c'est aussi une façon de répondre à ce défi. Il y a des règles, et ces règles sont faites pour être transgressées. Ce n'est pas un hasard si ce sont presque toujours des adolescents qui se font attraper en train de chaparder. C'est l'âge où l'on rejette la règle, où l'on essaie de prouver, à soi même ainsi qu'à nos pairs, que l'on n'est pas une mauviette. D'ordinaire, la règle est symbolisée par les parents, ce qui fait que c'est contre eux que l'on s'élève à cet âge. Mais si ces parents ont laissé tomber, s'ils sont inexistants, s'ils sont trop occupés à faire des heures pas possibles pour nourrir leur famille, contre qui l'adolescent élèvera-t-il sa colère ? Sans parents, le rempart suivant est la société. Malheureusement, transgresser l'autorité parentale est une chose, transgresser l'autorité communale en est une autre et les conséquences en sont bien plus graves. D'une certaine manière, la société protège l'ensemble contre les individus qui le composent (intéressante définition). La société n'est pas un parent, et sa semonce n'est pas modérée par l'amour. Le parent corrige dans le but d'éduquer l'enfant, pour son propre bonheur. Et accompagne en général la punition d'une explication : "si tu veux atteindre tel but, alors tu dois t'y prendre ainsi, c'est la règle". Et si le but n'est pas accessible, apprends à y renoncer, parce que le poids des conséquences n'en vaut simplement pas le risque. La société, elle, corrige dans le but de protéger les bons joueurs des mauvais. La faute est punie d'une façon qui vise à mettre à l'écart les mauvais éléments plutôt que de leur apprendre à jouer le jeu. Tout ça pour dire que je suis passablement déçu (et quelque peu choqué) par la façon dont la sécurité de mon supermarché a malmené ce gamin. Autant je comprends la position de la direction du magasin, qui réagit à un problème d'ordre économique, autant je pense que l'utilisation de la violence physique est inacceptable, en particulier quand il s'agit de mineurs. Les magasins ne sont pas des boîtes de nuit. Les démonstrations de violence devraient être évitées à tout prix. Ou, s'il n'y a d'autres alternative, qu'au moins on l'affiche en grand à l'entrée du magasin : "Toute tentative de vol sera sévèrement punie. En cas de refus de coopérer, la sécurité se réserve le droit de vous coller des baffes, y compris si vous êtes mineur. Le magasin vous remercie et vous souhaite d'agréables achats." Comme ça on saura à quoi s'en tenir. Ecrit par Barjac, le Mercredi 28 Mai 2008, 12:01.
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