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Chiaraventures (1)
Me voilà de retour. Mais avant de raconter de quelle manière tout le temps qui sépare mon dernier post de celui-ci (plus d'un mois) s'est trouvé occupé, je voudrais présenter mes excuses à tous ceux ici qui auraient pu se sentir lésés du fait de mon absence. L'amour est un égoïsme étendu à deux personnes, je ne l'apprendrai à personne. Quiconque aura été amoureux saura aussi bien que moi que du jour au lendemain, les amis qui tenaient le devant de la scène peuvent se retrouver souvent relégués aux coulisses lorsqu'un nouvel amour démarre. Je n'ai pas échappé la règle, et il aura fallu attendre d'être séparé de Chiara pour trouver enfin le courage de m'asseoir et d'écrire un peu.

Je ne suis pas certain de raconter cette histoire avec autant de précision que si je l'avais fait au jour le jour, car Dieu sait comme les histoires d'amour sont riches en choses qui ne laissent pas forcément de trace précise dans la mémoire. Ce sont des regards, des mots, des gestes tendres qui sont pleinement consommés dans l'instant, et dont il ne reste parfois pas même un souvenir. L'amour est formidable en ce qu'il est présent, en ce qu'il se vit à la seconde même, pas avant, pas après. Non que les amours passées s'effacent totalement, ni qu'on ne projette dans le futur les sentiments présents, mais il ne faut pas confondre l'amour, celui qu'on a dans la tête et qui englobe passé et futur, et l'amour, celui qu'on vit sans réfléchir, au jour le jour, et qui prend place, lui, dans le coeur. Aussi, j'ai peur que chaque nouveau jour de mon histoire n'ait pris la place du précédent dans ma mémoire, le tout ne laissant que des bribes, des images éparses, auxquelles je vais toutefois tâcher aussi bien qu'il me sera possible de redonner un semblant d'enchaînement chronologique et de tissu narratif.

Pour ceux qui n'auront pas lu ou auront oublié (et on ne pourra les en blâmer !), j'avais passé une nuit aussi agréablement étrange que peut l'être une nuit avec une fille qui, bien qu'étant une amie de tous les jours, n'en restait pas moins une inconnue en terrain sentimental. Suite à cette nuit, Chiara était repartie pour l'Italie, me laissant seul dix jours au cours desquels j'essayais tant bien que mal de terminer la rédaction de ma thèse, à rendre pour le 1er septembre. S'en était ensuivi un échange de mail malheureux, générateur d'un froid entre mon héroïne et moi, ainsi que de bien des angoisses. J'avais essayé de recoller les morceaux autant que faire se pouvait, passé un effroyable anniversaire, pour enfin arriver au 21 août, jour du retour de la belle. Mon dernier post, quelques heures avant son retour, annonçait la réception de deux messages qui laissaient penser que Chiara n'était plus fâchée et semblait prête à envisager une suite. Nous en étions donc là.

Les dernières heures s'écoulèrent, tendues car pesait sur mes épaules le doute, terrible, que Chiara refuse tout simplement de me parler. Me laisserait-elle une chance, c'en serait assez pour m'expliquer, et sinon réparer le mal, tout au moins lui présenter mes excuses pour le mail maladroit que je lui avais envoyé. Le temps s'écoula, trop lentement parce qu'on est toujours trop pressé de voir une angoisse se terminer, et trop rapidement, parce que cette angoisse ne fait que s'accroître au fur et à mesure que l'événement redouté approche. L'événement en question finit effectivement par arriver, et la porte du labo s'ouvrit sur Chiara et Vagelis. J'aurais aimé être seul avec elle en ce moment, mais c'était râpé : du fait de la thèse à rendre, le labo était plein, et tous les gars étaient là. Chiara salua tout le monde, et je fus le seul auquel elle n'adressa pas la parole. Juste une simple bise, dénuée d'émotion, rien de plus. Le temps qu'elle resta dans le lab, je luttai avec mon coeur, qui battait si fort et si vite à mes oreilles que j'en avais peur que tout le monde l'entendît. Enfin, elle finit par repartir, et je lâchai un soupir de soulagement et d'abattement mêlés. J'avais espéré autre chose, un regard, n'importe quoi d'un peu différent. A la réflexion, j'avais eu quelque chose d'un peu différent, puisque je n'avais pas eu droit, à l'inverse de mes camarades, à la petite discussion pour savoir comment les choses s'étaient passées, comment cela allait, etc. Le genre de petit bonus dont je me serais allègrement passé, on le comprend sans peine.

J'allais ensuite chercher un sandwich avec Benoît, et nous discutâmes un brin. J'allais aller parler à Chiara, et l'on verrait bien. J'étais terrorisé à l'idée de lui parler, surtout après ces retrouvailles polaires, mais ce n'était plus quelque chose à choisir. Et puis je lui avais promis qu'on se parlerait ce soir-là, de toutes façons. Benoît tenta tant bien que mal de me rassurer, me disant qu'il est inutile de se prendre la tête avec les filles, qu'il faut prendre les choses comme elles viennent, et puis basta. Ce n'était pas le moment de commencer à expliquer que me prendre la tête, pour moi c'est une nature, pas un exercice volontaire. Et que j'attendais autre chose de cette histoire que du sport sous un drap. J'avalais mon sandwich sans appétit, et me mis en route pour King Edwards House, la mort dans l'âme.

J'arrivai le coeur battant à tout rompre devant sa porte et sonnai. Il me sembla qu'une éternité s'écoula avant qu'enfin derrière la porte apparût Chiara, en peignoir. Je revois encore son visage derrière la vitre et je sens encore cette chose horrible en moi, cette sensation de chute libre, soudaine, sabrant brusquement la bouteille d'adrénaline (un millésime, j'aime autant vous dire) que j'avais précieusement gardée au frigo pour l'occasion. J'ouvris la bouche en même temps qu'elle ouvrit la porte, prêt à bafouiller quelque chose, n'importe quoi, mais je n'en eus pas le temps. Parce que, la porte ouverte, elle se jeta dans mes bras (Chiara, pas la porte), et se blottit là sans un mot, et je me retrouvai comme con, d'un coup. Nous restâmes là un temps indéfini, elle serrée contre moi, son nez enfoui dans mon cou, et moi, soudain complètement calme, sentant la douce chaleur du soulagement se propager à travers tout mon être, souriant comme un idiot, sans doute, serrant dans mes bras une fille en peignoir devant le seuil de sa porte, au milieu de rien, ou toutefois de rien qui eut seulement effleuré ma conscience sinon le poids tiède et réconfortant de Chiara contre moi. Je crois que j'aurais pu pleurer, tant j'avais accumulé de peurs ces derniers jours, et tant le soulagement était grand et beau.

Cela reste, parmi les souvenirs de ces jours passés avec elle, un des plus beaux, et surtout des plus vivaces, auquel je me suis souvent raccroché ensuite lorsque nous eûmes des différends, et auquel je m'accroche encore aujourd'hui lorsque je me pose la question d'un possible futur avec elle. Je n'ai sûrement pas réussi à faire passer dans mon récit un centième de ce que mon coeur vécut ce soir-là, des craintes les plus grandes au soulagement le plus doux qui soit. J'étais un marin qui regagne le rivage après la tempête, un condamné à mort qui se voit gracié le jour de son exécution. Je quittais l'enfer pour le paradis, un extrême pour l'autre. Il en fallait peut, finalement. Enfin, il fallait peu de choses, oui, mais beaucoup de noeuds dans la tête malgré tout. Et encore une fois, ce genre de compensations justifient toutes les complications qui vont avec une nature angoissée et sensible qu'en tant d'autres circonstances je suis le premier à maudire.

Enfin, nous décidâmes que passer la nuit sur le seuil de la porte serait le meilleur moyen d'attraper un rhume, et gravîmes main dans la main les escaliers menant à sa chambre. Je ne saurais raconter avec exactitude ce qui se passa ensuite. Cela fait partie des choses que j'évoquais plus haut, de celles qu'on vit tellement fort qu'on les consume entièrement, et qu'il n'en reste presque rien dans la mémoire. Nous parlâmes, longtemps, échangeâmes sans doute caresses et baisers, câlins et mots tendres, puis nous endormîmes au petit jour (qui arrive vite en été). En allant aux WC dans la nuit, je parvins à me retrouver coincé en dehors de la chambre, la porte s'étant refermée, et n'ayant pas la clé pour la rouvrir. Impossible de frapper comme un sourd car la collocatrice de Chiara, une chinoise pas tellement commode, n'aurait pas manqué de venir se plaindre, et j'aurais eu l'air malin en caleçon devant la porte, moi qui ne suis pas même de l'appartement. Chiara s'était dormait évidemment d'un sommeil profond, dont mes cognements discrets n'auraient su la tirer, aussi il me fallut attendre un bon quart d'heure, assis sur les escaliers, avant qu'elle ne réalise qu'il manquait quelque chose, et vienne me chercher. Je jurai désormais de ne plus aller aux gogues sans les clés et me rendormis à mon tour.

Le lendemain (vendredi 22 août), nous nous réveillâmes assez tôt bien que nous n'eussions guère dormi, et je la quittai devant la fac, car il me fallait passer par chez moi avant d'aller bosser, ne serait-ce que pour prendre une douche et changer de vêtements. Je fus accueilli au lab par bien des questions, car Vagelis et Cowboy étaient déjà sur le pont, questions auxquelles je répondis très approximativement, car s'il va de soi qu'il faut fournir à ses amis un minimum d'information sur ce genre de choses, il va aussi de soi qu'il faut respecter l'intimité de sa compagne, et que ce qui se confie dans l'alcôve n'est pas supposé être exposé le lendemain aux oreilles de tout un chacun. Aussi, on peut le dire, je fus relativement vague. (M'enfin il faut dire que les questions étaient trop axées pour que je puisse y répondre franchement. Disons pour faire pompeux, mais le principe est le même, qu'il en va de l'honneur d'une dame et sans doute aussi de celui d'un gentleman, choses que je place assez haut dans mon échelle des trucs à respecter.)

La journée fut un brin agaçante, et source de nouvelles angoisses, car ma douce, qui avait été si proche et si tendre la veille, semblait s'être métamorphosée avec le jour, et se conduisit avec moi comme si j'avais été son petit ami autant que le pape. A son comportement, on eut sincèrement douté qu'elle et moi avions passé la nuit à discuter dans le même lit. Le soir arriva, et Chiara décida d'organiser un repas chez elle, et invita toute la bande. J'étais de sale humeur. J'avais passé la nuit avec elle, en parfaits amoureux, et elle se conduisait désormais avec moi comme si j'avais été une vague connaissance, rien de plus. J'en discutais avec Fred, qui trouva lui aussi cela un rien étrange, et me conseilla de me ne pas laisser mes sentiments s'emballer trop vite, parce que rien ne semblait certain dans cette histoire.

Au repas, je fus particulièrement distant. Je passai la majorité du temps dehors avec Benoît, qui par chance était en harmonie avec mon humeur du soir, et se chargea de nous approvisionner en boissons. Fred n'étant pas là (préférant bosser sur sa thèse avant le retour de Jane), je trouvai en Benoît un confident, et nous échangeâmes une de ces discussions bien "viriles" d'hommes qui s'avouent dépassés par les bizarreries du comportement féminin (bizarreries qui sans aucun doute existent aussi dans l'autre sens, je ne voudrais pas généraliser. Les filles ne sont pas plus compliquées que les garçons, je ne crois pas. Ceux qui me lisent l'auront d'ailleurs compris depuis longtemps ;)). La soirée se passa, et finit par arriver l'heure de rentrer chez soi. Vagelis, Cowboy, Mendy et Benoît s'en furent, et j'avais pris le parti d'en faire autant, mais restai cependant un peu pour parler avec Chiara, car ce n'est pas en construisant des murs qu'on fait avancer une relation.

Sitôt ses hôtes partis, elle redevint l'amoureuse de la veille, mais je n'étais guère d'humeur. J'avais été ignoré toute la journée, ma tentative de paraître froid toute la soirée n'avait porté aucun fruit et j'étais resté un invité comme tout autre, je n'étais donc pas tellement d'humeur câline. Nous restâmes donc un temps sur son lit, et je lui expliquai que je ne comprenais pas sa conduite. Elle me répondit qu'elle était toujours comme ça, qu'il n'était pas du tout naturel pour elle de paraître amoureuse en dehors de l'intimité, et qu'elle était ainsi. Je fis ma mauvaise tête, elle me reprocha de vouloir la changer pour qu'elle ressemble à ce que je voulais, pas à ce qu'elle était, je lui répondis que j'avais parfois l'impression qu'elle se moquait de moi, elle me demanda pourquoi j'étais dans son lit, à mon avis, ce à quoi, avec un manque de tact évident, je surenchéris par un "j'aimerais bien le savoir" qui se voulait hostile, et c'en fut trop pour le sang italien qui ne fit qu'un tour. Ma veste me vola au visage dans l'instant qui suivit, accompagnée d'un "tire-toi". Mais je restai de marbre, et attendis. S'écoula un temps, puis je tentai de renouer le dialogue, ce qui fut ardu, mais la conversation finit par repartir, et nous nous réconciliâmes chaleureusement avant de nous endormir.

(A suivre...)


Ecrit par Barjac, le Jeudi 2 Octobre 2003, 15:49.
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