Vendredi 01/08/03, early in the morning - Je rentre juste de boîte (Bar Riza, où nous avons nos petites habitudes). La soirée s'annonçait difficile, puisque le groupe se composait de mon pote Fred, de Jane, sa ducinée, de Kadian, amie de Jane, et de moi, envers qui paraît-il Kadian avait des intentions peu pacifiques, à mon grand dam car je n'ai pour elle aucun sentiment (c'est peu dire).

Après m'être un peu fait chambré par Jane, qui n'a pas manqué de me qualifier de "PD" pour déconner, et en français dans le texte s'il vous plait, la soirée s'est décontractée doucement au fur et à mesure que nous nous apprivoisions les uns les autres. Au final, nous avons retrouvé Cowboy et sa Wendy (ou Wendy et son Cowboy, comme on voudra), ainsi que toute la bande des américains/allemands/australiens avec qui nous entretenons des relations polies (connaissant les uns parce qu'on joue au foot avec eux, les autres parce qu'ils sont avec nous en cours, les derniers parce qu'ils/elles ont des ami(e)s des deux précédents). Parmi eux, j'ai même reconnu cette australienne, qui m'avait il y a bien longtemps prodigué une tendresse toute particulière, le jour maudit où j'ai dépassé les limites du raisonnable en matière de boisson (et surtout goûté un peu à tout, ce qui est, les habitués le savent, une très mauvaise idée). Je ne garde pas un bon souvenir de cette soirée, est-il besoin de le préciser, aussi je n'allais sûrement pas chercher à renouer contact avec cette demoiselle qui n'avait par ailleurs rien pour me plaire (mais l'alcool a des effets déshinibiteurs et socialisants, desquels il tire probablement l'essentiel de son succès chez les gens de notre âge).

La musique, pour une fois avait changé (à Riza, on a en effet l'impression qu'ils ont la même playlist chaque soir), et on a eu droit à pas mal de techno plus expérimentale et moins "cheesy" que d'habitude, dont pas mal de trucs similaires à Prodigy, groupe que j'affectionne particulièrement. Hormis un passage ou le même sample est resté coincé pendant quelques minutes, le DJ ayant sans doute essayé un nouveau bouton sur la table de mixage (tiens, c'est quoi, ça ?) et mis un certain temps pour trouver comment on désactivait l'effet "disque rayé" (m... de m... de m..., comment on arrête ça ?!!), ce fut, musicalement, une réussite. Je dois avouer que ce que je prévoyais être une soirée maussade s'est bien passé. Je le dois sans doute aussi à Fred, qui s'est conduit à la hauteur d'un vrai pote, ne m'abandonnant pas comme je l'avais craint, et m'affirmant même à un certain point, en déconnant, qu'il ne laisserait pas une fille briser notre amitié. Mais j'ai senti du vrai dans sa déclaration, en dépit du ton rigolard.

Nous sommes ensuite rentrés, et Jane m'a refilé son paquet de cigarettes à peine entamé - elle arrête -, acte envers lequel je ne peux éprouver qu'une gratitude immense, sachant le prix du tabac dans ce pays. Puis, en raison de la coupure d'électricité dans leur appart, j'ai stocké dans le mien tous leurs produits périssables, dont un demi camion de carottes (Jane est prévoyante, semble-t-il, à moins qu'elle fasse de la contrebande) ; il se pourrait que je joue les lapins les jours/semaines qui viennent. Cela dit, si j'ai l'électricité dans la cuisine, je n'ai plus la lumière dans la salle de bain, d'où douche dans le noir. Il semblerait qu'il y ait une fuite ou quelque chose du genre : de l'eau coule du plafond directement dans le couvercle en plexi qui abrite le néon, et celui-ci n'a pas manqué de griller. J'en ai parlé à mon mon collocataire Ben, ce matin ; il m'a affirmé que le problème avait été signalé. Les gars de la maintenance se seraient voulus rassurants en mettant ça sur le compte de la condensation, simplement. Un coup d'oeil plus précis m'a permis de constater que le plafond est sec partout à part dans la lampe, dont le couvercle contient maintenant plusieurs centimètres d'une eau qu'on entend très bien couler goutte à goutte. C'est un phénomène de condensation sélective plutôt rare, alors. D'ici qu'ils nous racontent que c'est une nouvelle source, et qu'ils ont découvert une nappe phréatique entre le 10ème et le 11ème... Ma version à moi serait toute autre. Sachant que Wendy habite au dessus, je ne serais pas étonné que Cowboy et elle aient pris l'habitude de se baigner dans la salle de bain, oui, mais point dans la baignoire. D'où les litres qui nous tombent sur la gueule à l'étage en dessous. Histoire à suivre.

Pour en revenir à Fred et Jane (ca va finir par ressembler à Beverly Hills, ce journal), j'ai de la peine, tiens. Jane part demain, et je me rends compte que même si de ne plus voir mon ami bien souvent m'attristait au début, maintenant que nous nous connaissons tous et que je n'ai par conséquent plus le sentiment d'être laissé pour compte, nous formons une belle petite bande d'amis. Et j'ai aussi de la peine parce qu'un pote amoureux est une chose que, même si c'est un peu à nos dépens, on ne peut qu'apprécier. Le bonheur doit finir par être contagieux. Et puis je trouve qu'ils vont drôlement bien ensemble, ces deux-là. Ca me fait de la peine qu'elle parte un mois, Jane, j'aurais bien aimé que leur histoire dure (nous rentrons en France quelques jours après son retour). Surtout qu'elle semble une nana bien, et que je suis bien témoin du bonheur qu'ils s'apportent l'un l'autre. Si Fred me demande ce qu'il devra faire quand l'espace les séparera, je ne manquerai pas de lui conseiller de tenir bon, peu importe la distance, le temps : les filles bien ne courent pas les rues, j'en sais quelque chose. Puissé-je lui éviter de faire la connerie que moi-même je fis il y a quelques années...

Ah, et puis juste un commentaire. Je me rends compte à la relecture que je vais finir par passer pour un fêtard, hors s'il y a une chose que je ne suis pas, grands dieux, c'est bien ça ! Mais il faut dire que cette semaine, entre Fred qui tombe amoureux et les gars qui pendent leur crème ailleurs, c'est vrai qu'on est pas mal sortis. Ca n'est pas dans mes habitudes, ou alors quelque chose comme une fois ou deux par mois. Mais j'avoue que ca fait du bien. Avec la thèse qui touche à sa fin, le stress augmente, et c'est un bon moyen de l'évacuer que de sortir danser un peu.

Sur ce, espérant que les femmes de ménage ne passent pas demain (elles sont phénoménales, celles-là : étant dans la même pièce, elles se parlent comme si elles étaient à des étages différents, hors vu le taux d'insonorisation du bâtiment, elles seraient dans ma chambre que ça serait pareil. Et comme elles passent en général TÔT dans la matinée, ça me fout en l'air les plus douces heures de mon sommeil), je m'en vais dormir profondément. See ya tomorrow, comme on dit localement.