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Petites amies (souvenir, souvenir)
10/12/03 - Dormi une heure, mais je fais une pause dans ma nuit pour écrire un peu. Sur les oreilles, Tchaïkovsky. Je n’aime pas le classique, en général, je trouve que c’est de la musique de dimanche après-midi, ennuyeuse. Les oeuvres pour orchestre sont les seules qui me plaisent, si tant est qu’elles dégagent un minimum de puissance. Et le compositeur russe est un des rares qui non seulement ne me fait pas fuire, mais même que j’apprécie beaucoup. Alternant passage en douceur et force, tantôt léger, tantôt tragique, alliant murmure des vents, envolée des violons, intervention des cuivres et percussions. Pour l’instant, Tchaïkovsky est un des rarissimes compositeurs qui me plaisent (les autres étant Mozart et Beethoven, à quelque chose près), et celui de ceux-là que je préfère.

Mes rêves sont étranges, en ce moment. D’abord, je rêve énormément, depuis que je suis rentré d’Angleterre. J’ignore si c’est dû au fait que j’ai tendance à dormir le matin, quand tout le monde se lève, et que par conséquent, mon sommeil est souvent interrompu, ce qui fait que je me souviens de mes rêves. Il y a des thèmes récurrents, dans mes rêves. Par exemple, je rêve assez souvent que je suis sous l’occupation, recherché par les allemands. Cette nuit, je m’introduisais avec l’Ami (j’expliquerai après) dans une grande bâtisse utilisée par les officiers allemands, à l’architecture intéressante car les pièces étaient absolument immenses (plusieurs centaines de mètres de côté), munies de lourdes portes en bois atteignant plusieurs mètres de haut (mais qui s’ouvraient sans effort, magie du rêve). Cette nuit, l’officier allemand qui nous poursuivait, l’Ami et moi, était une femme.

Je dis l’Ami, parce que je crois que les rêves mettent en scène des rôles, et non des personnes. Ainsi, lorsque je suis avec un ami, dans un rêve, il change souvent de visage, étant tantôt mon frère, tantôt mon pote Fred, tantôt mon pote Mike, parfois un mélange de plusieurs d’entre eux. De même, lorsque je suis avec ma Petite Amie, c’est très souvent le visage de Ch. qu’elle porte, mais qui peut là encore varier, prenant celui de filles qui ont joué un rôle dans ma vie. J’oublie tout le temps de noter mes rêves au réveil pour les analyser. L’autre jour, j’ai fait un rêve hyperréaliste. Je m’étais réveillé, puis rendormi sans m’en rendre compte, et je rêvais que j’étais toujours là, dans mon lit, et que des abeilles en cercles (genre Europe des 15, avec les petites étoiles) tournaient autour de ma tête. Je pus compter les 12 coups légers des 12 abeilles contre ma gorge lorsque l’anneau passa trop près de moi. J’ignore pourquoi 12, 12 veut dire plein de choses (les mois, les heures, les disciples du Christ, les travaux d’Hercule, etc.). Je fis d’autres rêves que je voulais noter parce qu’ils furent d’une absence de logique telle qu’ils en étaient troublants. J’ai oublié. Je ne sais pas si tous les rêves sont ainsi, mais je fais toujours des rêves extrêmement colorés, extrêmement vifs.

La raison pour laquelle j’ai décidé d’écrire au milieu de mon sommeil est que j’étais réveillé, et reparti à me raconter les histoires, belles et tristes, de mes amours. Il y a des soirs, comme ça, où brusquement je me mets à penser à l’une d’elle. Avant hier, c’était Ch., et l’angoisse immense que j’éprouvais à penser qu’un jour cette fille, la seule qui eut été pour moi l’équivalent féminin d’un Fred ou de mon frangin, la seule et unique amie que j’aie jamais eue (d’amitié, j’entends), se marierait, aurait des enfants. C’est une chose que j’ai du mal à accepter, et qui me fait peur, dans ces moments-là. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu’une partie de moi s’était faite à l’idée que si je devais faire ma vie avec une fille, ce serait elle. On avait grandi ensemble, on avait traversé toute la fin de l’adolescence ensemble, du collège à l’école d’ingénieur, chacun connaissait la famille de l’autre jusqu’aux grands-parents, bref, nous n’attendions plus que le jour où on aurait notre boulot pour pouvoir concrétiser ces rêves qu’on avait chéris pendant tant d’années. Etrange, la façon dont la vie tourne parfois brusquement, sans prévenir. Souvent, j’aimerais lui écrire. Evidemment, c’est trop tard, elle est recasée, heureuse. Il n’empêche, souvent, elle me manque, mon amie d’enfance. Je n’ai jamais retrouvé aucune fille qui me fut à ce point semblable. Il y a des petites amies avec lesquelles on s’en tient à l’amour. Avec elle, c’était bien plus que juste une relation amoureuse. C’était réellement une amitié, c’était une fille avec laquelle je pouvais rire comme j’aurais ri avec un pote, c’était une soeur doublée d’une amante. Qui a déjà rencontré quelque chose de similaire comprenne.

Et puis ce soir, c’était Chiara. Elle aussi, envie de lui écrire. Pour la remercier, même si c’est absurde. Une chose qui est difficile, lorsqu’on perd une petite amie, c’est qu’on perd justement la personne la mieux placée pour comprendre notre douleur. Qui mieux que Chiara comprendrait pourquoi le souvenir des choses partagées avec elle m’est douloureux ? Elle est la seule à les avoir vécues avec moi, ces choses, la seule à qui je puisse en parler en me disant « elle comprend ». J’ai de la peine, pour notre histoire. Elle avait commencé dans la douleur, elle a fini dans la douleur. Et entre les deux, un petit coin de paradis, comme dirait Brassens.

C’est amusant, ce film là, celui de Chiara, la belle italienne, je me le suis passé des centaines de fois, et toujours je trouve moyen d’y voir quelque chose que je n’y avais pas vu auparavant. Est-ce que j’invente des choses ? Je ne crois pas. C’est juste que plus je fouille, et plus je met à jour des souvenirs qui étaient cachés sous les autres. C’est un travail de déblaiement. Par exemple, je revois ce jour gris où nous allâmes prendre un sandwich en ville. Dans la file, elle me demande ce que je vais prendre, je lui dis, puis deux caisses se libèrent, et chacun de nous va prendre son sandwich. On se retrouve dehors, et là, trois sandwich pour deux. Elle en avait pris un pour moi. Je me souviens de cette scène à cause de l’expression de son visage en cet instant précis. On avait souri, mais avec amertume. C’était comme de sentir ce décalage entre nous deux, malgré nous. Un décalage qu’on ne voulait ni l’un ni l’autre, mais qui était là, quoiqu’on y fasse. Nous n’étions pas sur là même longueur d’onde, et tant dans son sourire que dans le mien, je crois, on pouvait lire « toi et moi, on ne se comprend pas ». C’est assez triste, de sentir qu’on aime quelqu’un, mais qu’il y a un mur, des crachottis sur la fréquence.

Je la revois aussi me dire « j’ai peur de tomber amoureuse », et comme cela me faisait chaud au coeur. Elle qui était si sûre d’elle au début, et au fur et à mesure que le temps passait, perdant confiance parce que ses sentiments commençaient à lui échapper... Je revois mon bonheur, lorsque rentrant chez elle vers 4h du matin, ayant travaillé sur ma thèse, et la trouvant endormie, la serrant doucement dans mes bras, posant un baiser sur sa joue, et la voyant, dans la pénombre orange des lampadaires, sourire dans son sommeil. « Je fais le bonheur de quelqu’un ; quelqu’un fait mon bonheur. » Et je repense à quel point ça avait été facile de l’aimer, dés le début. Il n’y avait pas eu de séduction, pas de mensonges, pas toutes les idioties qu’il faut pour l’un dire, pour l’autre écouter, avant enfin de se dire « tu » comme si on s’était toujours connus. Il avait suffi d’être assis côté à côté dans le canapé un soir devant un film, d’une après-midi passée sur un banc à discuter de tout et de rien le lendemain, puis la nuit était arrivée, et tout était venu d’instinct, s’asseoir sur son lit, se prendre la main, et puis se retrouver dans les bras l’un de l’autre, inconnus quelques minutes auparavant, et brusquement amis qui ne s’étaient pas reconnus. Ah, si seulement on pouvait garder au coeur cette disposition des premiers instants, toute pleine de reconnaissance et de complicité... Mais il faut que l’on change, que l’on apprenne à se connaître, que, par l’acte de se découvrir, on redevienne étrangers l’un à l’autre.

Une chose qui me fait beaucoup de peine, au sujet de Chiara, c’est que je crois qu’elle n’a jamais mesuré à quel point je m’étais attaché à elle. Je pense qu’elle a cru sincèrement que je m’en foutais un peu, parce que distant, parce que pas assez attentionné. Et pourtant, bien que tiède en surface, je brûlais à l’intérieur d’un feu terrible pour elle. Enfin, cette histoire ne pouvait pas finir autrement que bien. Mais il fut bon de l’entendre dire un jour qu’elle ne saurait pas si elle arriverait à quitter son Italie natale pour moi. C’était déjà envisager la chose, se poser la question, c’était une preuve de son amour. Parfois je me dis que j’aurais pu tellement mieux faire. Il m’aurait suffit, quand elle partait le matin, de ne pas lui dire « à plus tard », mais de lui dire « attends », et d’aller l’embrasser avant qu’elle ne sorte, pour lui montrer que ce n’était pas juste une aventure. Il m’aurait suffi de l’emmener au cinéma de temps en temps, il m’aurait suffi de l’inviter au resto plutôt que l’inverse, il m’aurait suffi d’y penser sur le coup... Au lieu de cela, je fus souvent distant quand elle avait besoin de proximité, et collant quand elle avait besoin de respirer. Maladroit, quoi. Enfin non, pas maladroit, aimant à ma façon, qui n’était pas celle qu’elle attendait. Et bien, il me tarde d’aimer à nouveau pour cette fois faire mieux. Mais pour le moment, c’est bien la seule chose qui me donne envie de retomber amoureux : expérimenter. Car pour être honnête, j’en ai un peu ma claque des relations amoureuses. Des fois, je me mets à penser comme mon frère, qu’on est bien mieux tout seul, sans nana. On ne souffre pas, on ne fais pas des noeuds avec sa tête, on ne fait pas chier une fille qui ne demande qu’à être heureuse, bref, tout le monde est gagnant. Amour, belle illusion...

Je repense aussi, et ça c’est plus rare, à Ptit Lu. Cette gamine de la banlieue parisienne, avec ses yeux humides de bonheur, tellement heureuse de tenir ma main, tellement amoureuse, et j’en ai honte. Je l’aimai, les premiers jours. Je l’aimai tant et si bien qu’elle fut conquise, que je lui vendis l’amour de l’ours avant de le tuer, chose dont je ne suis pas fier. Pauvre Ptit Lu, aux yeux si amoureux, pauvre gamine au sourire d’enfant un matin de Noël, qui y croyait, qui y croyait parce que j’y croyais. Je la revois riant sur les boulevards inondés de soleil d’un Paris au mois d’Aôut ; je me revois lui offrir une glace aux Tuileries, elle avait dit sur le ton du caprice qu’un petit ami devait toujours offrir une glace à sa copine, j’avais cédé au caprice, le trouvant tellement charmant ; je la revois riant encore lorsque je lui expliquais comment avec une paille, deux amoureux peuvent se faire boire du Schweppes l’un l’autre, et comment on peut s’embrasser avec un glaçon ; je la revois, tellement sérieuse pour notre premier baiser, se laissant faire, un peu perdue je crois ; je me revois l’emmener sur le toit du Printemps, là où on voit tous les toits, et les escalators, qu’on aimait parce qu’avec une marche de différence, on faisait pile la même taille ; je nous revois allongés devant Saint-Eustache, un matin gris, terminant dans l’herbe une nuit que nous avions choisi de raccourcir pour pouvoir la finir ensemble une fois ensemble ; je la revois en larmes lorsque je lui inventais quelques chansons sur sa guitare, à la fois si fière et découvrant ce sentiment qu’est le vrai amour, celui qui donne envie de se pincer toutes les secondes pour vérifier que c’est bien vrai, celui qui fait qu’on ne sait plus si on a envie de rire ou de pleurer, celui qui nous dépasse, qui déborde, dont on ne revient pas. Non, dont on ne revient pas non plus au sens propre. J’ai honte. Honte d’avoir quitté cette fille pour des raisons qui m’échappaient. J’ai longtemps pensé que c’était à cause de Ch., que je ne pouvais pas en aimer une autre, étant encore attaché à elle par des liens invisibles. Après, j’ai pensé que c’était peut-être son âge. De quatre ans ma cadette, je sentais bien que les grandes discussions, avec elle, ce serait limité. Oui, ces mêmes fameuses grandes discussions que j’évite pourtant si soigneusement dés qu’elles deviennent nécessaires. Puis j’ai réalisé que si c’était arrivé le lendemain du jour où j’ai rencontré ses parents. J’ai mis ça sur le compte des parents, qui m’avaient énormément déçu par leur comportement. Maintenant, je me demande si ce n’est pas encore autre chose. Si ce n’est pas, derrière ses parents, son milieu social qui m’a effrayé. J’ai extrêmement honte d’une telle pensée, mais malheureusement, je ne la crois pas totalement absurde. Ptit Lu était d’un milieu populaire, où l’argent était rare. Parfois, bien que cela me dégoûte d’oser penser ainsi, parfois je pense que ce jour-là, chez elle, j’ai vu le visage d’un milieu qui n’est pas le mien, et que ce visage ma déplu. En même temps, je me dis que les jours précédents, je l’aimais sans retenue, ignorant tout d’elle sinon qu’elle était ma belle, et que j’aimais l’amour que je lisais dans ses yeux. C’est con. Sans doute, si je n’avais jamais été chez elle, je l’aurais aimée plus longtemps. On est parfois d’une cruauté et d’un mépris écoeurants, prêt à préférer une catin vêtue de satin et portant parfum de luxe plutôt qu’un coeur d’or en habits de peu de brillance. Toutefois, Ptit Lu, si tu es de toutes mes petites amies celle que j’ai aimée le moins longtemps, tu es aussi la seule que je n’ai jamais haïe.

Une leçon à tirer de tout ça ? Hum, peut-être : ne pas donner ses sentiments en bloc immédiatement ? Attendre d’être sûr, d’une part de ceux de l’autre pour ne pas s’attacher inutilement, et d’autre part des nôtres pour ne pas faire souffrir quelqu’un si on peut l’éviter ? Ah ah, non, oublions tout ça. Point de bonne leçon dans ce domaine, aimons, aimons dés le début, trop fort, trop mal, mais aimons ! Me serais-je retenu, je n’aurais aucun souvenir de Ptit Lu, et de bien moins beaux avec Chiara. Non, je crois qu’il faut foncer, en amour ; je crois qu’il faut aimer, tant pis si l’on en souffre, d’un côté comme de l’autre. Et quand bien même la leçon du dessus ne serait pas sans une certaine sagesse, je ne pourrais de toutes manières pas m’empêcher d’aimer pleinement et sans attente, tel que je suis. Mais c’est aussi bien. J’aime penser que la sagesse se dilue beaucoup dans l’amour. L’amour sans un peu de folie c’est le grand huit de la fête foraine : des sensations contrôlées, des risques nuls. Je préfère aimer comme on saute en parachute, avec toujours cette possibilité que ce dernier refuse de s’ouvrir. Car c’est cette possibilité qui rend si beau le moment où il s’ouvre. Allez, bonne nuit à tous.

Ecrit par Barjac, le Vendredi 12 Décembre 2003, 09:25.
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Commentaires
Le 22/11/05 à 15:17
"Et puis ce soir, c’était Chiara. Elle aussi, envie de lui écrire. Pour la remercier, même si c’est absurde. Une chose qui est difficile, lorsqu’on perd une petite amie, c’est qu’on perd justement la personne la mieux placée pour comprendre notre douleur. Qui mieux que Chiara comprendrait pourquoi le souvenir des choses partagées avec elle m’est douloureux ? Elle est la seule à les avoir vécues avec moi, ces choses, la seule à qui je puisse en parler en me disant « elle comprend ». J’ai de la peine, pour notre histoire. Elle avait commencé dans la douleur, elle a fini dans la douleur. Et entre les deux, un petit coin de paradis, comme dirait Brassens."

Juste parce que ce passage m'a ramené quatre ans en arrière et m'a mis les larmes aux yeux. Juste parce que je comprends aussi, non pas la douleur de tes souvenirs, mais le sentiment de ne pouvoir la partager qu'avec une seule personne, et de se retrouver totalement seul depuis qu'elle est partie. Un seul être vous manque est tout est dépeuplé, dit-on aussi, et ça aussi, comme pour Brassens, c'est vrai...

Chrysalide

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