Session
Articles par rubrique
Discussions actives
Réflexions sur l'amour (suite)
(6)
Cours de séduction (8) L'odeur de la nuit, l'été (1) Tu tenais le monde dans tes bras (5) Le salaud de ces dames (5)
Autres projets
Ailleurs
zakath-nath:
Frasier (2023), saison 2
campanita: Legend of Zelda : Echoes of Wisdom castor: L'arme ultime contre les morts vivants parmakoma: Les Boréales 2024 ultraball: 2168-11 : le résumé bangg: Not all men art-orange-2012: Val me manque stupidchick: meta (4)
Blogs favoris
Recherche
Tribune
|
Un journal en ligne peut-il vraiment etre intime ?
Et si je me pose la question, c'est de toutes evidences parce que la reponse n'est ni un oui en bloc, ni un non indiscutable. Essayons alors de voir dans quelle mesure on peut parler de journal intime lorsqu'il est public, et les limites d'une telle intimite (fait ch... ce clavier anglais, sans les accents, on dirait presque que j'ai ecrit "antimite" : "interessons nous donc aux limites de l'antimite en ligne". Ca devient vaguement surrealiste, hein).
"Journal : Carnet dans lequel une personne note regulierement ses reflexions, ce qu'elle a vu ou fait, etc." "Intime : qui est tout a fait prive." (Dictionnaire universel francophone, mais je suppose qu'on trouverait a peu pres la meme chose dans le Larousse) La contradiction que souleve la notion de "journal intime en ligne" est evidemment que celui-ci devient, du fait de sa libre consultation, public, et qu'un journal ne saurait etre a la fois public et prive. A moins toutefois que le prive ne devienne intime. Une telle chose est-elle possible, a savoir peut-on reellement livrer notre intimite ("livrer notre antimite..."), par l'exercice du journal, aux autres ? Un premier element de reponse consisterait a avancer qu'un journal intime est, dans sa forme traditionnelle, un calepin dans lequel on couche par ecrits nos sentiments, nos emotions, mais aussi le recit de notre vie au quotidien. Ce qui fait l'intimite d'un tel journal n'est donc pas, a priori, tant ce qu'on y ecrit, que le fait qu'on le cache sous son matelas, derriere une plynthe mal fixee, sous une pile de slips ou sur une planche astucieusement posee au dessus d'un tiroir de bureau (desole si je revele votre cachette favorite, mais vous savez, votre moman la connaissait deja parce qu'elle avait la meme a votre age, et votre popa s'en fout sans doute passablement). En un mot, le journal est intime avant tout parce qu'on le soustrait a toute autre lecture que la notre. Par consequent, si le journal est rempli de maniere intime, selon les regles decrites ci-dessus, mais que brusquement son auteur (ou un ayant droit, cf. le journal d'Anne Frank) decidait de le rendre public, on aurait alors un journal intime puisque se pliant aux regles de l'exercice, mais public puisqu'accessible a toute personne desireuse d'y jeter un oeil. La mise en ligne de son journal est toutefois differente de l'exemple precedent. En effet, jamais Anne Franck n'a destine son journal a etre publie, et il a toujours ete pour elle tout ce qu'il y avait de plus secret. C'est cette assurance du secret qui permet a celui qui ecrit un journal d'y livrer tout ou partie des coins les plus recules de sa personnalite. Qu'en est-il en ligne ? Il n'y a donc plus de secret, et l'auteur, cette fois, est pleinement conscient que, potentiellement, des milliers d'yeux iront parcourir son journal. Plus de secret ? Hum, attendez. Il en est tout de meme un, de secret, mais d'une autre sorte. C'est celui de l'anonymat. Le journal n'est donc plus secret en ce qu'il est cache precieusement, mais en ce qu'il est anonyme. Plus encore, il y a fort peu de chances que les lecteurs aient la moindre de chances de (re)connaitre l'auteur. Si l'on y songe, ce qui est embarassant lorsque quelqu'un lit votre journal intime c'est le fait que 1. il a acces a une part de vous que vous ne voudriez pas forcement lui ouvrir, 2. il est capable de faire le lien entre les choses racontees et la personne qui les a ecrites. C'est surtout ce second point qui est le plus genant. En effet, que m'importe que mon journal intime soit lu par, disons, mes propres parents ou ma petite amie, si je suis assure que ceux-ci seront incapables de retrouver que j'en suis l'auteur ? Ou encore, que m'importe, meme si mon nom est sur la couverture, que le lecteur en soit quelqu'un qui me soit totalement inconnu (et reciproquement) et pour qui je ne suis et ne resterai rien qu'un type parmi quelques 6 milliards ? Hors, internet ne cumule-t-il pas ces deux conditions, savoir l'anonymat de l'auteur et l'absence de tout lien entre lui et le lecteur ? Dans de telles conditions, il est alors effectivement possible d'avoir un journal qui reste intime, meme s'il est devoile en ligne. Aussi longtemps que personne ne connait mon identite, je puis m'y livrer avec tout autant de confiance que je le fis dans la version papier, certain de n'etre jamais que "le type qui a ecrit ces horreurs" (au pire, evidemment ;) ) et de n'avoir jamais a porter la responsabilite de choses qu'autrement je me garderais bien de reveler. Se pose cependant un autre probleme. Le journal intime, dans sa forme traditionnelle, n'est pas destine a etre lu. Cela affecte profondement la facon dont on y ecrit. Je n'ecris certainement pas de la meme facon ce que je ne destine pas a la lecture et ce qu'au contraire j'y destine. L'expression n'est pas la meme, le style sans doute different. Il arrive que l'on s'adresse a son journal intime comme a une personne, tant il est vrai qu'ecrire pour une audience reduite a notre seule personne est peu naturel. Mais est-ce que l'interet de meler internet et le journal intime ne serait-il pas justement la, a savoir dans la possibilite, en offrant son intimite non plus a un lecteur imaginaire, mais bel et bien reel, humain, d'avoir enfin une reponse de sa part ? Qui n'a pas reve un jour de decouvrir, dans son calepin, un conseil, une parole rassurante, un clin d'oeil de la part de cet ami imaginaire qu'est ce journal ? Et bien, voila peut-etre que ce doux reve prend forme concrete, avec le journal en ligne, et la possibilite au lecteur de nous apporter son avis, son soutien, cette preuve de sa presence qui manquait tant au journal sur papier ! (Faudrait mettre ca sur la page d'accueil, avec Wagner en fond sonore, quel coup de pub ! - Je deconne evidemment.) Et pour en revenir a cette question de style, il est evident qu'un journal en ligne N'EST PAS 100% similaire a un journal sur papier. Le mien me le demontre de lui meme, parseme d'allusions, de parentheses, qui s'adressent a un lecteur autre que moi, et qu'il ne me viendrait pas a l'idee de faire dans un journal papier. Il y a donc une difference indeniable, du fait que l'auditoire a change, s'est elargi. Enfin, car il faut bien finir (si ce n'etait que moi, je trouverais surement encore des choses a dire, mais comme il y a peut-etre des gens qui vont lire ca, je me sens coupable d'avoir fait si long, deja, alors je vais arreter la), que le journal en ligne ne tombe pas dans l'ecueil de la mythomanie (non que cela soit ininteressant en soi, mais on sort alors du cadre du journal pour entrer dans celui de la fiction), tant il serait facile de raconter tout et n'importe quoi, chose que jamais on ne ferait dans un journal qui nous est destine (car la mythomanie sans auditoire, nous la pratiquons tous au quotidien, ca s'appelle plus communement le reve eveille, et ca n'a besoin ni de plume, ni de papier). L'honnetete restera donc, a mon humble avis, ce qui guarantit l'appelation Journal Intime (AOC, comme le vin) sur le net, et donne tout son charme a l'exercice. Sur ce, fini de s'astiquer les neurones sur le sujet ! (Ceux qui ont lu jusque la, je vous applaudis. Toutefois, vous devriez quand meme aller prendre le soleil - a moins que vous soyez comme moi dans un pays ou on roule tout le temps et ou il pleut a gauche -, car enfin m..., on est en Aout ;)) Ecrit par Barjac, le Samedi 2 Août 2003, 02:31.
Laisser un commentaire
Commentaires
|
|||||
Wolf head and Victorian couple are the property of their original authors.
Any other content © 2003-2008, Barjac. |