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Rêves
20/12/03 — Je fis, au terme de la nuit dernière, un rêve. Je rêve beaucoup, ces derniers temps. De ce rêve, je m’éveillai avec un malaise que la vivacité de certains rêves seule parvient à déclencher. Ce rêve étrange nous plaçait, Fred, Cowboy et moi, dans une situation de vacances et de dépaysement assez proche de celle que nous connûmes au début de notre année en Angleterre. Le lieu était vague, mais il s’y trouvait une discothèque dans laquelle nous nous rendîmes. Elle était pratiquement vide, mais s’y trouvaient cependant quelques groupes de personnes, parmi lesquels un groupe de trois filles, sorte de miroir féminin de ce que nous étions. Pour quelque raison mystérieuse, je sortis un harmonica à coulisse, objet qu’il me faut décrire car je doute qu’on n’en trouve jamais de semblable en ce monde. Il s’agit en effet d’un harmonica, information implicite au rêve dont je ne doutai à aucun moment, extra plat, chromé, dans lequel on soufflait mais, au lieu de déplacer l’objet pour que le souffle aille faire vibrer différentes lames donnant différentes notes, on changeait le ton par l’intermédiaire d’une petite languette en métal qu’on faisait couler sur la face opposée au lèvres. Le son que cela produisait était comparable à celui de certaines sucettes-sifflet pour enfants, dont sort une tige qu’en tirant ou poussant, on fait varier la hauteur de la note sifflée. Je m’amusai ainsi à faire des glissandos, qui avaient valeur de jugement sur la beauté des filles de l’endroit : sifflement montant, la fille était jugée jolie, sifflement descendant, elle ne l’était pas assez. La chose m’amusait beaucoup, car sans le dire, je l’assimilai à quelque chose d’autre qui monte ou descend selon que la fille est jolie ou non. Aussi crue et ridicule soit une telle allusion, elle n’en était pas moins présente dans mon rêve, aussi je la relate.
Des trois filles qui étaient notre reflet, une vint s’intéresser à moi, et il me semble que je me forçai un peu pour lui trouver quelque chose, parce que l’occasion était trop belle pour ne pas en profiter, et puis j’aurais été peiné de me montrer méprisant envers elle, voire peut-être même que la chose m’effrayait un peu, car elle semblait très sûre d’elle. S’ensuit alors un blanc, au bout duquel je me retrouve seul avec cette fille, dans une chambre, et j’ai tout oublié des paroles et gestes que nous échangeons dans l’intimité, mais qui n’avaient rien de bien savoureux. La fille est brune (aucune surprise à cela, les filles avec lesquelles j’ai des histoires en rêve sont, comme dans la vie, toujours brunes) et relativement jolie, bien que je lui trouve quelque chose d’un peu arrogant. Je me souviens alors de me mettre à rêver, comme on rêve d’amour, je rêve (dans le rêve, mais la chose passe au premier plan) d’elle et moi marchant sur un chemin de terre qui s’étend à perte de vue avec, à sa droite des champs immenses et verts, et à sa gauche une butte qui cache l’horizon. C’est une belle journée, les couleurs sont très vives, le vert sombre des champs, le blanc d’un nuage isolé dans le bleu azuréen du ciel, le jaune du soleil. Ces couleurs, à l’exception du bleu, se rejoignent sur le bord du champ en une fleur, un arum, à tige verte, fleur blanche et pistil jaune. A cet endroit, nous nous arrêtons pour nous allonger dans l’herbe, et nous profitons d’un moment d’amour. Puis je sors de mon rêve. Entre temps, la fille a mystérieusement disparu, je suis chez moi et il est midi du jour suivant. Je sors pour retrouver les potes, et j’aperçois Cowboy qui arrive suivi de loin par les deux copines de la mystérieuse disparue. Fred manque à l’appel, mais cela ne me choque pas : sur la fin de l’Angleterre, Fred manquait souvent à l’appel, passant le plus clair de son temps avec Janen, sa douce. Je serre de Cowboy une main vaguement molle. J’éprouve envers lui le même sentiment que dans la vraie vie : un mélange curieux d’amitié et de ressentiment. C’est un type que je ne pourrai jamais ni haïr ni aimer totalement, car je crois que je le trouve trop bas pour l’aimer, mais pas suffisamment pour le haïr. C’est un ami, de ces amis qu’on respecte parce que le hasard les a mis sur notre route, du côté desquels on est parce que l’on partage leur situation, mais dont on est trop différent pour se lier à eux. Enfin bref, Cowboy débarque, et je lui demande si il n’a pas vu la fille de la veille. Il éclate de rire, amicalement, et m’explique qu’elle a « fini la nuit » chez lui. Puis il me sourit et, en hochant la tête, se moque gentiment de mon incapacité à comprendre ce que veut une fille. Il me dit aussi qu’il ne sait pas ce que je lui ai raconté, mais qu’elle lui a dit beaucoup de bien à mon sujet. Mais que seulement, si elle était venue chez moi, ce n’était pas pour rêver d’amour. Alors, je rentre chez moi, un chez moi qui cette fois est en hauteur, dans un arbre, et je me sers deux tasses d’un thé qui donne à l’eau une jolie couleur rose pâle. Puis je me réveille pour de vrai, et pendant quelques instants, je me sens réellement mal à l’aise. Il y a dans certains rêves, dont l’impact se prolonge jusque dans les premières minutes du réveil, un hyperréalisme qui, comme le nom l’indique, semble plus réel encore que la réalité elle-même. Les sentiments que cela laisse sont similaires à ceux que génèrerait la réalité si elle avait la force du rêve, d’une intensité bouleversante, d’une réalisme pénible. Ce rêve m’a déçu, profondément déçu. Il était décevant à tous les niveaux. Décevant dans l’ami qui n’a pas la noblesse de refuser la couche à une fille qui aurait d’abord choisi son pote, mais décevant aussi dans la femme qui cherche le plaisir avec cet arrogance écoeurante de celle qui sait que les hommes n’auront jamais la force de lui résister. Et curieusement, ce qui m’a le plus déçu dans ce rêve, c’est le double échec que j’essuie. D’une part, l’échec de rêver d’amour, de croire qu’une fille ne peut chercher autre chose, avec cette naïveté qui est toute mienne, et d’autre part, plus basse et totalement paradoxale, cette déception toute masculine et égoïste d’avoir raté une occasion de m’envoyer en l’air sans effort. Et derrière cette déception, c’est l’aveu d’une faiblesse, de ma peur des femmes, que je rêve plus que je ne les vis, et l’impression de souvent rater quelque chose. Cette anecdote onirique me remet en mémoire la dernière soirée à Aston, où une jolie brune vint se planter devant moi pour me demander si j’étais célibataire, et à laquelle je répondis non, oui, en faisant mine de ne rien comprendre de ce qu’elle racontait. Plus encore que le regret de ne pas vivre un peu d’amour, quand bien même ce n’en serait pas la partie que je préfère, c’est celui d’être lâche, celui de cette conscience qui applaudit avec ironie en se moquant de ma fuite déguisée. Dans le cas de la petite brune d’Aston, Cowboy était avec moi, et m’avait expliqué ce qu’il faut faire dans ces cas-là, et que c’était dommage d’avoir perdu une belle occasion comme celle-ci. J’avais haussé les épaules, essayant de me persuader moi-même que cela m’importait peu. Mais cette peur des filles est une chose lourde à porter. Ce soir encore, elle se faisait sentir à nouveau. Je reçus un mail dans la soirée, où un pote m’invitait à passer le réveillon avec lui, mon meilleur ami, un autre gars que j’apprécie bien, et la chose me semblait fort sympa jusqu’à ce que je tombe sur la fin de la liste : « et quelques filles de Montpellier ». Il y a fort à parier que je n’irai pas à ce réveillon. Qu’importe si mon meilleur ami que je n’ai pas vu depuis mai y est, et mon pote qui invite ; s’il faut affronter la femme, cela sera pour moi un enfer. Je manque par trop de confiance en moi, c’est indéniable. Ce qui me fait rire, c’est de penser que mon pote a dû se décarcasser pour inviter des nanas, en pensant à ses copains célibataires qui n’en voyaient pas beaucoup. Ce sont peut-être simplement certaines de ses amies, même. Mais voilà, la chose me bloque. J’irais sans hésiter vers une fille, si j’étais seul avec elle. Mais dans le groupe, la chose me gène plus que nulle autre. Je me connais trop pour savoir que si j’y vais, je passerai la soirée à fumer sur le balcon, ou pire à descendre verre sur verre, bref, à fuire. Je préfère la passer ici, embrasse mes parents à minuit, puis aller me coucher. En pensant sans doute que les copains s’amusent, en me disant même que ce sont des veinards, qu’ils ont de la compagnie féminine, toutes ces choses que j’aurai refusées. Ma crainte, à propos de ces filles, est pour beaucoup dans leur beauté. Curieusement, en soirée, je préfère les filles qui ne m’attirent pas. Avec elles, je peux discuter facilement, parce que je me laisse pas impressionner. Mais lorsqu’une jolie fille se pointe, cela me gêne. Il m’est arrivé plus d’une fois de quitter un groupe d’amis à l’arrivée d’une jolie connaissance, inconnue pour moi. On doit me penser bien ours, dans ces moments-là, et on n’a pas tort. Mais c’est ainsi, je préfère mille, cent mille fois ma solitude et une bonne cigarette, que cinq minutes en face d’une jolie fille dont la simple présence me met au supplice. Je ne pense pas que cela soit justifié, d’ailleurs. La jolie espagnole, copine de la copine de Benoît avec qui nous passâmes une soirée choisit de venir me faire la causette, et m’adressa de bien grands sourires. La jolie italienne accepta mes avances et devint l’histoire que l’on sait. La jolie brune de la dernière soirée me choisit dans la foule. Je ne devrais sans doute pas avoir peur, mais ce n’est pas une chose que je choisis. Car, même si je n’avais pas peur d’elles, j’aurais peur de moi, de mon immense maladresse, de ma capacité à briser ce dont je rêve lorsqu’on me le donne, comme je n’ai pas su voir l’amour que Chiara avait pour moi au tout début, et lui reprochai le contraire parce que moi aussi je l’aimais. Il n’y a, au fond, qu’une fille que je sois certain de réussir à me mettre à dos, c’est celle dont je tombe amoureux. Et j’en fais parfois une raison suffisante pour fuire l’amour. Mais je ne vis pas mal une telle fatalité. D’une part parce que je ne crois pas à la fatilité, mais à la possibilité qu’a l’homme d’influencer son destin. Ensuite, parce qu’il m’arrive souvent de traverser des périodes où l’amour est le cadet de mes soucis, et dans ces moments-là, plus aucune fille ne pourrait me faire le moindre effet ; je vis alors un bonheur paisible. Et enfin, parce que malgré tout ça, je continue à avoir des prétendantes, et parfois des histoires amoureuses, ce qui me permet, lorsque je recommence à éprouver des besoins de charmante compagnie, de satisfaire mes ardeurs, et de m’en dégoûter ensuite à nouveau pour un petit moment. Puisqu’on parle de ça, j’ai eu une drôle de pensée, ce matin en passant devant un magasin de pyjamas. Je me suis soudain dit qu’une femme n’était jamais aussi belle que dans sa chemise de nuit. Ca n’est pas si absurde que ça, mais ça trahit beaucoup de ma façon d’aimer, toute empreinte encore de ces images de l’enfance. La chemise de nuit est un vêtement qui me permet de retrouver la petite fille dans la femme. Chiara en avait une très jolie, en coton doux, rouge, avec des vagues en bas qui lui donnaient des airs de corolle de fleur, de fée clochette, et un nounours serrant un coeur dans ses bras, collé devant sur la poitrine. Et puis la chemise de nuit est un vêtement intime, c’est un vêtement qui partage depuis plus longtemps que nous le lit de la femme que l’on aime. Surtout, c’est la robe de soirée du petit matin. Jamais, à mes yeux, une femme n’est aussi belle qu’au matin, lorsqu’elle est toute tiède et endormie, que sa peau a une douceur toute particulière et une odeur de lait frais, que ses cheveux sont défaits et lui donnent un air naturel qu’elle perdra sitôt qu’elle passera à la salle de bains pour remettre son masque de maquillage, coiffure, mise en plis, qui en feront une autre femme. Quand je passe devant un magasin de lingerie, je ne jette qu’un coup d’oeil distrait, car cela me laisse assez indifférent. Il manque à tous ces froufrous, à toutes ces dentelles, à tous ces décolletés aux couleurs bizarres, principalement rouges, couleur du sang, et noir, couleur de la mort, la chose qui mieux que toute autre me met en émoi : la tendresse. Cela surprendra peut-être, mais je trouve qu’un nounours qui serre un coeur, imprimé sur un tissu qui cache dans sa douceur celle de la fille que j’aime, est mille fois plus excitant que ces soutiens-gorges pigeonnants et ces slips échancrés. Peut-être aussi que je considère tout ça comme de l’érotisme d’adulte, et que je le trouve forcé, violent, que je ne m’y reconnais pas. J’ai découvert l’amour dans les bras d’une adolescente, et je crois qu’en amour, je resterai toujours bloqué à cet âge. Cela m’ennuie, car plus les filles vieillissent, plus à côté je me sens jeune. Avec Chiara, j’ai eu souvent l’impression d’être un gamin qui s’accroche aux jupes de sa grande soeur chérie. Je n’aime pas l’idée du tout, car elle ne correspond pas à l’idée de l’homme en amour que j’ai, mais d’un autre côté, elle est agréable, parce que tranquillisante, rassurante, comme d’avoir enfin trouvé une mère douce et aimante. J’ai parfois peur d’être et de rester un grand enfant jusqu’à ma mort. J’ai aussi fait d’autres rêves curieux, les nuits précédentes. Dans le premier, la veille d’avant-hier, je rêvais de Ch. J’en rêve maintenant presque une nuit sur deux, et il m’arrive de me dire que je devrais lui écrire. Car il me faut l’avouer, malgré le coup qu’en prend ma fierté : elle me manque. Quand on a connu l’amour, puis qu’on l’a perdu, on éprouve pendant un moment le sentiment que quelque chose manque à notre personne, qu’une part d’elle a disparu. Quand on a connu non pas l’amour, mais le grand amour, et qu’il a duré des années, cette sensation ne dure pas un moment. Elle se fait seulement parfois plus discrète, pour toujours revenir brusquement au détour d’un rêve, d’une pensée. Dans mon rêve, donc je rêvais de Ch. Je sortais de la fac d’Aston, et l’apercevais au loin, ainsi que sa copine (la même que dans mon rêve ce matin, et qui fut longtemps sa meilleure amie dans la réalité), et une tierce amie inconnue de moi. Elle était venue (de France, rien que ça) pour me parler, chose dont je dois avouer, je rêve bien souvent (au sens figuré, cette fois). L’apercevant, je fus pris de panique, et m’enfuis. Je regagnai ma chambre dans une résidence étudiante luxueuse, puis discutai dans le salon avec quelque collocataire. Ch. revint me faire part de son désir de me parler, et je pouvais voir son appréhension d’un refus de ma part, que je ne manquai pas de lui infliger, terrorisé à l’idée même du lui parler. Alors, elle s’en fut. Son amie revint plus tard me rappeler son souhait, disant que ce serait la dernière fois. Je la renvoyai. Et il me fallut attendre que ma peur se calme pour enfin enfiler ma veste et me lancer à la recherche de Ch., que j’espérais trouver seule. J’errai longtemps, dehors, dans la nuit, et finis par la trouver, causant et riant avec son amie, m’ayant oublié, et restai caché dans mon coin un moment avant de m’éloigner avec une fois encore, ce sentiment de regret responsable. Le rêve d’avant-hier, par contre, n’avait rien à voir avec cette peur chez moi qui se dresse souvent comme un mur devant mon bonheur lorsqu’il est à portée de main (car Ch. prenant l’initiative de venir me parler serait véritablement qulque chose qui me transporterait). J’y étais avec mon frère, et le monde avait été envahi par les félins (tigres, lions, léopards...), un monde où les hommes s’enfuyaient, se cachaient, pris de panique. Nous, nous prîmes des armes — mon frère, qui verse dans la Chine et l’Orient disposait dans mon rêve de tout un stock de sabres sorti de nulle part — et descendîmes remettre les matous à leur place sur l’échelle des animaux. Avant cela, ma mémoire a effacé la majorité du rêve. Je me souviens simplement de passer dans la rue qui longeait le monastère où je louai pendant deux ans une chambre d’étudiant, à Marseille, puis de prendre un bus rempli de gens de ma promo en direction de la remise des diplômes (prévue en janvier de l’an prochain). Sinon, maman est chez ses parents. Papa a cuisiné une omelette aux pommes de terres, ma soeur me colle, fidèle à son habitude, des câlins qui me mettent mal à l’aise ; on cherche la tendresse où on croit encore pouvoir la trouver. J’ai coupé, et bien qui plus est, les cheveux de mon frère, ce soir. Nous avons un peu joué à un jeu vidéo qui semble consister, puisque c’est tout ce que l’on peut en tirer, à faire écraser un avion de chasse de différentes manières. Allez, il se fait tard, je m’en vais aller grossir ma collection de rêves, en espérant que cette nuit, ce soit un vrai rêve, pas une espèce de sarcasme sur mon succès fou auprès des femmes ;) Ecrit par Barjac, le Dimanche 21 Décembre 2003, 21:18.
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