Pour la première fois de l’histoire familiale, les cadeaux furent ouverts non pas le 25 au petit matin mais le 24 au soir, pour parer aux menaces de ma soeur de nous réveiller, fidèle à la tradition, à 7h du mat’ pour aller saluer la générosité du barbu botté l’oeil mort mais heureux, le sourire fatigué mais sincère.

Avant le réveillon, comme nous fîmes les deux précédentes années, nous allâmes voir le dernier volet en date du Seigneur des Anneaux. Le film fut, ma foi, tout à fait honnête. Nous eûmes toutefois l’occasion de rire, car le discours du nouveau roi (Aragorn) s’accompagna d’un obscurcissement de l’image, et seuls quelques enceintes continuèrent à fonctionner, en crachotant, si bien qu’on se serait crus retournés au temps où le cinéma servait à diffusait les informations, et l’Aragorn tout assombri à la voix lointaine devenait un De Gaulle en Algérie.

L’ouverture de la chasse aux papiers colorés prit part au retour, entre le saumon et le boudin blanc du réveillon, décrétée par pôpa qui n’en pouvait plus d’impatience, donnant ainsi au dîner un doigt ou deux de chaos. Dans la bonne humeur, nous découvrîmes nos cadeaux respectifs. Comme chaque année depuis qu’ils ne se parlent plus, maman offrit à papa un livre sur les techniques de peinture, et papa offrit à maman du parfum. Papa connaissait déjà la moitié du livre et maman n’aima pas tellement le parfum, ce qui n’étonna personne. Ma soeur fut comblée (ma soeur est le second amour de mon père), mon frère de même, et je ne fus pas en reste. Papa offrit aussi des livres à tout le monde, maman nous offrit des jouets amusants, sortes de petites figurines dans le corps desquelles passent des ficelles élastiques, et auxquelles on peut, en faisant bouger le socle, donner mille positions amusantes. Puis, chacun eût le cadeau qu’il avait demandé : ma soeur une montre « de femme », mon frère un couteau Laguiole (mon père eût facétie de remplacer ledit cadeau par le même contenant un épluche-légume, nous en rîmes beaucoup), et votre serviteur reçût la belle plume qu’il avait souhaitée. Bref, un noël agréable, qui parvint à réunir la famille autour d’une cause commune, chose qui n’est pas fréquente.

Voilà, je vous souhaite d’avoir passé un agréable noël vous aussi, particulièrement à Alézia (as-tu reçu un Fabrice en chocolat ?), Songe (Noyeux Joël, amigo !), Phérine (mais non, je ne suis pas si sensible !) et Vendredi (mais non, je ne suis pas si sage !), mais aussi à tous ceux et toutes celles dont je ne cite pas les noms, je ne les oublie pas pour autant. Grosses bises à tous et à toutes !