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Du rôle de l’écrivain dans l’histoire
C’est en lisant Zola que m’est venue cette « révélation » : l’écrivain joue un rôle dans l’histoire. Ca paraît évident lorsqu’on l’énonce, mais si je vous demandais quels sont selon vous les hommes qui ont fait l’histoire, vous me parleriez des Napoléon, De Gaulle, et autres grands ayant eu sur le cours des événements une influence importante. Mais à la réflexion, ils ne sont pas les seuls : les écrivains jouent aussi un rôle non négligeable. Pour mieux le comprendre, il suffit de donner de l’Histoire la définition la plus intuitive qui soit, et qui tient en deux mots : « faits passés ». L’histoire est, en effet, la collection des événements qui se sont déroulés dans le passé, et on mené jusqu’à l’état actuel du monde. A travers ces deux mots, ce sont les deux types d’hommes qui créent l’histoire qui apparaissent. L’histoire est donc composée de deux phases, chaque phase étant le propre d’un type d’acteurs : l’action, c’est-à-dire la création des « faits » dans un contexte présent, et sa transmission à travers le temps, d’où provient le caractère « passé ».

La première phase appartient aux hommes d’action, empereurs, armées, mais aussi chaque individu à son échelle. La seconde appartient aux écrivains, qui par leur écriture assurent la transmission d’un présent destiné à mourir autrement. La transmission orale joue sûrement un rôle, mais je le crois secondaire car il ne peut que s’altérer avec le temps, les versions d’une même histoire s’enrichissant — et se falsifiant — des interprétations personnelles de ceux qui la transmettent y apportent inévitablement. L’écriture, à l’inverse, est figée. Les écrits de Zola tels qu’on les lit aujourd’hui sont très peu différents de la version qu’il coucha sur le papier.

Le rôle de l’écrivain est donc primordial. Il est une photographie sur les événements d’une époque (il va de soi que je me restreins aux écrivains qui ancrent leurs récits dans leur époque, et avec un souci de réalisme suffisant). Presque tout ce que nous savons aujourd’hui sur notre passé, nous le devons aux écrits de ceux qui ont laissé sur le papier une empreinte du monde tel qu’il était en leur temps. Ce rôle est délicat, car si l’Histoire, dans son sens le plus absolu, concerne la destinée de l’ensemble des hommes, il est clair que la partie majeure de celle-ci disparaît à jamais dans l’oubli. Il faudrait, pour connaître l’histoire complète du monde, disposer de celle de chaque individu, et par conséquent que chaque homme ait pris le temps d’en laisser une trace écrite. Bien évidemment, cela ne se peut, et par conséquent, l’écrivain, par le choix de la partie des événements, des hommes, qu’il retient du lot complet, joue sur l’histoire tel qu’elle sera perçue dans le futur. Il est ainsi des destinées dont on ne connaîtra jamais l’existence passée, et qui furent peut-être exemplaires, et il est des destinées sans réelle importance qui au contraire traverseront le temps. Tout cela parce que les écrivains d’alors auront choisi, ou non, de retenir ces vies dans leurs ouvrages. Heureusement, la grande histoire, celle qui touche un nombre important d’hommes, sera bien souvent celle qu’on choisira de raconter, l’écriture subissant, comme les hommes qui la créent, l’impact des personnages célèbres qu’on retrouvera plus fréquemment dans les écrits que ceux qui ne jouent qu’un rôle négligeable à l’échelle de l’histoire commune.

Il est intéressant de noter que l’histoire telle qu’on la connaît est, par conséquent, vue à travers le filtre qu’impose fatalement l’esprit de celui qui la conte. Tout écrivain ne peut échapper à un certain subjectivisme, apporter sur les faits qu’il relate un certain éclairage. Aussi objectif que serait un écrivain, il resterait tout de même subjectif dans le choix des événements qu’il conserve ou rejette dans ses écrits. Imparfait, aussi, du fait que certains faits peuvent lui échapper. Ainsi, lorsque Zola décrit les Halles de Paris, il nous en offre une vision qui correspond à son regard, qui serait peut-être différent de celui que nous porterions sur la chose si nous avions pu la voir de nos propres yeux.

J’ai fait de l’écrivain le porteur de l’histoire à travers le temps, mais en réalité, il n’est pas le seul. Je pense qu’il est le principal acteur de cette transmission, toutefois, d’autres tels que les peintres, les musiciens, jouent aussi un rôle. J’aurais tendance à considérer leur rôle comme un complément de celui de l’écrivain, car seul, il ne suffirait à connaître notre histoire.

Par ailleurs, j’ai omis de le préciser, j’entends par écrivain tout homme qui pose une plume sur le papier. Je ne me limite pas seulement aux grands écrivains, mais aussi à tous les autres, qui n’ont pas nécessairement laissé des romans, mais parfois de simples notes, des articles dans des journaux, des poésies inspirées de l’air du temps, des journaux intimes, qui ouvrent autant de fenêtre sur le passé.

En conclusion, je dirai que l’écrivain est à l’histoire ce que l’éditeur est à la littérature : celui qui dans la masse des faits de son temps saura, par son choix, extraire ceux d’importance et les faire connaître. Son jugement se doit donc d’être lucide, éclairé, car s’il ne crée pas le tissu des faits, il est cependant celui qui y découpe, y donne les formes telles que les verront les hommes à venir.

Ecrit par Barjac, le Samedi 27 Décembre 2003, 15:16.
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