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De l’engagement
Je regrette parfois que notre temps, en apparence, ne semble pas fournir de combats dans lesquels apaiser mon besoin d’engagement. Songe a eu le courage de s’orienter vers la politique. Pour ma part, je ne le pourrais pas. Je sens, plus que je ne sais avec certitude, que je ne trouverais pas dans ce qu’offrent les différents partis une réponse à mon besoin d’engagement. Je n’ai pas d’affinités, ni à droite, ni à gauche. J’épouse une seule cause, celle qui me semble mener l’homme au bonheur, et pour autant que j’aie pu le mesurer, il n’est pas de parti politique qui se soit créé sous une telle bannière. Je pense que le combat pour le bonheur de l’humanité n’appartient ni à la gauche ni à la droite. Il appartient à l’homme. Il est de bons éléments d’un côté comme de l’autre, et les discours des uns comme des autres possèdent de bonnes parties. Cependant, il est toujours des obstacles qui font que je ne me reconnais jamais ni dans les uns ni dans les autres. Je suis de ceux qui croient en l’homme, non en la politique. Ce qui me guide est ma perception du bien et du mal, et cette perception n’est ni socialiste, ni gaulliste. Malraux a su être communiste pour s’opposer à Franco, et rejoindre ensuite les rangs de De Gaulle, à mon avis parce qu’il poursuivait un idéal qui n’était pas politique. Mais, parce que la politique est le seul moyen de faire changer des choses qui mériteraient de l’être, il se rapprochait des partis qui, à un instant donné, tendaient vers son idéal. Notre temps étant ce qu’il est, j’ai parfois l’impression qu’il n’y a plus de juste cause à défendre, que la gauche est dépassée, que la droite se fait « répressionniste », que l’homme n’a pas besoin qu’on se batte pour lui de manière sociale. Devant cet absence de combat à épouser, je me sens parfois comme un avocat sans cause à plaider.

La lutte contre l’individualisme : combat de notre temps ?
Il est peut-être une cause qui corresponde à notre temps plus encore qu’aux temps passés, c’est celle de l’homme, par opposition à l’Homme. On s’est jusque là, battu pour l’Homme, pour le Peuple, pour obtenir des avancées sociales. Et systématiquement, on les a considérés comme un tout, un ensemble. Peut-être, s’il est encore un combat à mener, c’est celui non plus pour l’ensemble, mais pour l’individu. Nous évoquons souvent ici le refus de l’idéalisme, notre sensibilité nous permet d’appréhender le besoin pour l’homme d’avoir, non plus des politiques qui le défendent, des héros qui versent leur sang pour lui, mais des amis qui le considèrent non comme un élémént du peuple, mais comme individu différent, unique, avec un nom et un visage. Notre identité sociale n’ayant plus besoin d’être défendue, il n’y a plus entre les français le ciment patriotique d’antan. Je ne veux pas faire l’éloge du patriotisme, car selon moi il soude un peuple au dépens de ses relations aux autres peuples, il unit des hommes contre d’autres hommes. Mais le patriotisme avait l’avantage, localement, d’unir les gens. Aujourd’hui, les gens marchent en regardant leurs pieds, avec des oeillères. Je ne crois pas qu’ils soient indifférents à leur prochain ; je crois qu’ils en ont peur. Je reste persuadé qu’au fond des gens, il brûle encore quelque chose qui les pousserait à être solidaires, mais que la peur, peur du jugement, peur du ridicule, peur de déranger en offrant son amitié, les inhibe.

Je rêve de métros où les gens s’assiéraient les uns à côté des autres pour discuter paisiblement, où l’on se saluerait dans la rue, où chacun serait curieux de connaître son voisin au lieu de l’éviter en se disant « je ne veux pas le déranger ». Il m’arrive de croire que l’individualisme nous mènera à notre perte.

Raisons possibles à l’individualisme
Il fut un temps, celui des campagnes, où l’homme naissait et mourrait dans le même village. Par sa sédentarité, par la nature de son travail (agricole), il était forcé d’entretenir avec ses voisins des relations qui ne pouvaient pas rester superficielles. On aimait ou on détestait, mais dans un cas comme dans l’autre, on accordait de l’importance à son prochain. Aujourd’hui, on n’ose plus aimer de peur de paraître idiot, on n’ose plus haïr « parce que ça ne se fait pas ». La ville, d’une certaine manière, a tué le ciment social. Quittant le milieu rural, l’homme n’avait plus besoin de l’autre au quotidien, n’en faisait plus un acteur majeur dans la course qu’il menait pour gagner son pain. Aujourd’hui, je n’ai pas besoin de l’autre pour gagner ce pain. C’est mon patron qui me paie, un patron avec lequel je n’entretiens aucune relation, que je n’ai souvent jamais vu. Mes collègues sont comme moi des entités solitaires qui n’ont pas besoin de moi : que je sois là où non, il toucheront le même salaire. Autrefois, si mon voisin était malade, c’était sa récolte, la mienne, celle d’un tiers, qui était menacée. Je ne pouvais pas vendanger mes champs seul, aussi, je devais m’unir à mon voisin, vendanger chez lui, et lui chez moi. Mon prochain était un élément nécessaire à la chose la plus importante de ma vie : la lutte pour le pain.

Le changement de la nature du travail, ou chacun ne travaille plus que pour soi, sans besoin de l’aide directe d’autrui, a largement contribué à rendre les gens individualistes. Non seulement pour la raison que je cite, mais aussi parce qu’il a introduit la mobilité, et avec elle la superficialité des relations. Je change de boulot tous les deux ou trois ans, je change de ville, d’appartement, je perds systématiquement les connaissances que j’avais mis si longtemps à obtenir. Aussi, avec le temps, je cesse de m’investir durablement, puisque dans un an, dans deux ans, il faudra tout recommencer.

Les conséquences de l’individualisme sont terribles. Les gens se terrent chez eux, les gens ont peur de l’autre, simplement parce qu’ils ont désappris à le connaître. L’autre, devenant un inconnu, est devenu un loup potentiel que l’on fuit au lieu d’être une source de curiosité qui nous attirerait. Le métro est l’exemple le plus flagrant de ce qu’est notre société, qui à mon avis ne mérite plus un tel nom, parce que devenue si peu sociale. Les gens ne se livrent pas dans le métro, ne parlent pas, simplement parce que vous n’êtes qu’un voisin éphémère avec qui lier connaissance serait perdre son temps, puisque dans dix minutes vous disparaîtrez à jamais de leur vie. On court, on change sans cesse de place, et de ce fait, les visages sont devenus des ombres, des éphémères qui ne valent pas la peine qu’on s’y intéresse.

Je crois que l’homme du 21ème siècle va devoir soit changer son mode de vie, devra soit se sédentariser un peu plus pour pouvoir lier des contacts plus solides avec un entourage qui aura retrouvé sa constance d’antan, soit, si le monde ne change pas, apprendre à donner une valeur aux amitiés jetables, faire l’effort de se donner et de recevoir de l’inconnu qui passe en coup de vent dans sa vie.

Les enfants comme modèle aux adultes
Je l’ai souvent dit, ce sont les enfants qui ont tout à apprendre aux adultes. Les enfants ne sont pas conscients que le monde autour d’eux change sans cesse, ils se lient d’amitié sans hésiter, pensant naïvement voir ses amitiés durer éternellement. Ce sont grâce à eux que les parents peuvent encore se lier d’amitié avec les parents de leurs amis. C’est amusant, les adultes, je crois, ont bien plus peur du monde que les enfants. Ce soir, mes parents s’inquiétaient de voir ma soeur passer la nuit chez une amie. « Y aura-t-il des garçons ? » Ils oublient que les enfants ont un monde où ils jouent un rôle, qu’ils ne sont pas des êtres sans jugeotte qu’il faut encadrer. Gamin, je savais tout à fait éviter les mauvaises fréquentations, et cultiver les bonnes. Je voudrais dire à ma soeur que mes parents ont tort, tout serrés dans leurs angoisses face à ce qu’ils ne connaissent plus, ce qu’ils ont oublié, et qui devient un loup aux aguets, prêt à déchirer de ses crocs leurs chers enfants. Je voudrais dire à ma soeur qu’elle a raison de penser ce qu’elle pense, et que oui, ce sont des garçons que proviendront ses plus grands bonheurs. Sans doute aussi ses plus lourdes peines, mais c’est un chemin qu’elle ne peut pas ne pas prendre. Je lui souhaite de tout mon coeur ce qui peut se passer entre un garçon et une fille dans le dos des parents, parce que je sais que son coeur d’enfant saura lui montrer ce qui est bon pour elle, bien mieux que l’expérience qui lui manque, cette expérience qui a rendu le coeur des parents sourd en leur donnant de surcroît la certitude qu’ils ont raison. Les plus beaux moments de ma vie, je les dois à mon coeur qui m’ordonna de désobéir. Mon père refusait que je passe la nuit avec Ch., plus par peur pour elle que pour moi, et ce parce qu’à ses yeux, nous étions deux inconnus l’un pour l’autre. Les parents oublient que les enfants voient aussi bien qu’eux. Ils oublient que pour un garçon de 15 ans, une fille de 15 ans est exactement ce qu’une femme de 40 ans est pour un homme du même âge. En particulier dans le domaine de l’amour, où je crois, on a 15 ans toute notre vie. Ce qui se passa entre Ch. et moi, les nuits où nous nous retrouvions au milieu de la campagne déserte, correspondait à un désir partagé, tout entier tiré de l’amour, et quiconque aurait blâmé une chose qui donnait à deux adolescents un bonheur que sans doute ils ne retrouveront jamais ensuite, eut été non seulement un idiot, mais un tyran. Je comprends les motivations parentales, mais je regrette qu’ils oublient leur enfance pour ne plus être que des parents. Comment un parent agira-t-il justement s’il n’a plus aucune notion de ce qu’est l’enfance ?

Je ne propose pas de solutions à l’individualisme. Au contraire, j’aimerais avoir vos avis, vos jugements, depuis ceux qui pensent que le problème est un faux problème à ceux qui entrevoient peut-être des solutions à ce problème. Tout élargissement de la question sera évidemment bien accueilli : quels problèmes le monde d’aujourd’hui soulève-t-il contre lesquels il nous faut nous élever, quelles sont les évolutions à venir pour notre société, quels problèmes engendrent-elles aujourd’hui, et engendreront-elles demain ? Tout avis que vous pourrez apporter sera un plus dans cette réflexion que je souhaite partager. Je compte sur vous.

Ecrit par Barjac, le Mercredi 31 Décembre 2003, 22:26.
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Commentaires
Le 08/01/04 à 20:09
L'engagement politique n'est pas forcment dans un parti, pour la bonne raison que les partis, quels qu'ils soient, ne posent plus les questions politiques. Ils ont gardé celles d'il y a trente ans, et forcément elles ne correspondent plus à l'époque actuelle, ce qui justifie que les gens n'aillent pas voter, une gestion équivalant à une autre (je vais voter, mais maintenant j'arrête de harceler les abstentionnistes, je comprend leur désillusion). Les questions politiques, ce sont la répartition des richesses (ton post suivant), l'arrêt du travail salarié comme modèle de développement (vas lire Anne Archet, elle devrait t'interesser : http://archet.net/journal/index.htm, et notamment ses textes sur la mort du capitalisme), et la place de la femme dans la société, qui n'est toujours pas l'égal de l'homme - mais ce sont aussi l'exploitation des génotypes par des groupes financiers, la mort du savoir-faire de l'artisan, le développement de la Malbouffe comme alimentation principale, et puis aussi l'exploitation animale (je dis ça mais j'ai pas encore le courage d'être végétarienne). Tu sais? Je crois que tu es anarchiste, comme moi. Ca fait peur ce mot? Moi aussi je voyais des sauvages tapant sur les flics. Mais en fait, l'anarchisme, c'est pas de détruire l'Etat, c'est de permettre (réapprendre?) aux gens à vivre leur vie, à la réinvestir, et à compter sur la solidarité plutôt que d'attendre l'intervention du gouvernement.
Sur ce texte encore j'envahis tes commentaires, j'espère que je ne t'embête pas trop, mais tes textes poussent à réagir, c'est plutôt bien :)

Je vais essayer d'être plus concise au fur et à mesure que je lirai les archives...
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