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Cet article s’adresse à tous.
Amis, accordez-moi un peu de votre temps, car ce que j’ai à vous dire est important. Je sais que cet article, par sa longueur, en rebutera plus d’un, mais je crois qu’il importe de faire l’effort de le lire en entier, car il soulève une question majeure pour notre époque.

Il y a deux cents quinze ans, le peuple français se soulevait pour faire tomber les tyrans qui l’oppressaient. Les hommes s’unissaient, et de leur union naissait une force nouvelle, insoupçonnée, qui aboutirait à la République, dont les valeurs restèrent longtemps gravées sur notre monnaie. En se levant ensemble pour une cause noble, bourgeois, nobles et paysans français faisaient de leur pays celui des droits de l’homme. Aujourd’hui, notre pays est grand de ces valeurs qu’il a su défendre. Mais son combat n’est pas terminé.

Le siècle dernier a vu la planète domptée grâce aux progrès de la technologie ; il n’est plus une parcelle de terre qui soit restée inexplorée, les distances entre les hommes ont été vaincues. Ont-elles pour autant contribué au rapprochement des peuples ? Je n’en suis pas convaincu. A l’heure où l’homme voyage sans contrainte, où chacun de nous peut se rendre selon son bon vouloir en tout point du globe, rejoindre chaque homme qui habite cette planète, l’homme ne peut plus se considérer comme n’appartenant qu’à une nation. Nous ne sommes plus citoyens d’un pays, mais citoyens d’un monde ; la Terre est notre patrie. Aussi, les combats que nos ancêtres ont mené pour leur nation, unis par le patriotisme, doivent prendre un nouveau visage. Nous avons fait de notre pays la grande nation d’aujourd’hui, mais le combat n’est pas fini. Les bretons, les vendéens, les gascons, les lorrains, les hommes de toutes les régions se sont unis pour défendre leur pays contre l’oppression, et non simplement leur village, leur terres. Aujourd’hui, la France n’est plus qu’une région du monde, et parmi les plus riches et les plus influentes sur la scène politique internationale. Aujourd’hui, ne coyez-vous pas que nous faisons honte à nos ancêtres en refusant de porter nos regards au delà de nos frontières et en jouissant jalousement du bonheur pour lequel ils ont donné leurs vies ? Aujourd’hui, ce n’est plus notre pays qu’il faut affranchir, mais notre planète. Partout, les hommes souffrent sous le joug des tyrans, les peuples massacrent leurs voisins, et nous éteignons simplement notre poste de télévision pour tuer cette réalité que nous préférons ignorer, car elle trouble notre confort.

Et bien, je vous dis que les nations riches d’aujourd’hui sont au monde ce que les nobles de 1789 étaient à la France : une poignée de privilégiés qui se partagent la quasi totalité des ressources, en toute impunité. Mais viendra fatalement un jour où le peuple du monde se soulèvera contre ce pouvoir injuste, et les pauvres du monde seront aussi nombreux face aux riches que l’étaient les paysans français face aux nobles. Comment ne pas faire le rapprochement entre le Tiers Monde et l’ancien Tiers Etat ? L’état est simplement devenu le monde ; hormis cela, le nom est le même.

Nous usons des mêmes artifices que les nobles d’alors, protégeant notre hégémonie par la force. Nous développons notre armée, nous faisons des alliances avec les autres « nouveaux nobles », mais ceci est vain. Malgré les habiles manipulations dont nous faisons preuve pour maintenir les peuples exploités dans leur misère (par exemple en leur vendant des armes pour qu’ils s’entre-déchirent et nous oublient), ceux-ci finiront par ouvrir les yeux. Et alors, ce jour là, ce seront 100 hommes pauvres qui se lèveront contre un homme riche. Aussi puissantes soient nos armées, ou bien nous tomberons devant le nombre, ou bien nous détruirons la planète entière. Dans tous les cas, nous avons tout à perdre, et eux rien. Je ne veux pas paraître alarmiste, mais il faut être lucide. L’homme écrasé par la misère ne tremblera pas indéfiniment face à nos armes nucléaires. Viendra un jour où son fardeau l’aura tellement brisé qu’il se rira de la mort, et se mettra en marche avec la détermination de celui qui n’a plus rien à perdre.

Sous l’Ancien Régime, il y eût des nobles éclairés, des riches parmi les riches qu’un idéal de justice avait fait se ranger du côté des opprimés. De même, j’espère qu’il y aura des nations riches pour défendre la cause des nations pauvres, des nations qui sauront faire preuve de grandeur et renoncer à leurs privilèges pour défendre des idées qui s’y opposent. La France sera-t-elle de celles-là ? Et puisque la France, c’est vous, quel camp choisirez-vous ? Celui des nobles, de l’argent, riant au chaud dans vos salons de la Révolution comme d’une chose impossible, croyant leurs armées invincibles ? Ou bien celui du peuple, de l’homme, avec pour devise ces trois mots : liberté, égalité, fraternité ?

Oui, mes amis, réfléchissez à tout ceci. Cessez de penser « France », comme ces nobles qui ne virent la révolution que lorsqu’elle vint frapper à leur porte, mais pensez « Monde », et votre regard vous permettra de voir que ce monde ressemble beaucoup à la France de l’Ancien Régime. Souvenez-vous alors qu’il fut deux types de nobles : ceux que la Révolution fit trembler, et bien souvent périr, et ceux que leur idéal de justice la faisaient chérir, et qui ne tremblèrent pas, sinon de rage. Il y eut sans doute des nobles qui soupiraient, trouvaient le peuple bien malheureux, comme nous devant nos télévisions. Mais soupirer, être ému, plaindre, n’est pas rejoindre. Au jour de la Révolution, les soupirs compatissants des riches émus n’ont pas sauvé leurs têtes. Ceux qui s’indignent devant leur télé n’agissent pas pour le peuple. Ils ont sans doute un grand coeur, mais leur murmures indignés ne suffisent pas à en faire des partisans de la justice. Lorsque le coeur est réellement grand, il n’a d’autre solution que l’action pour faire taire sa colère. Les philosophes des lumières étaient eux aussi indignés, mais cette indignation engendrait l’action, la défense de l’opprimé, l’attaque de l’oppresseur. Etre conscient d’un mal sans le combattre est peut-être pire encore que ne pas en être conscient. Songez à tout ceci, et souvenez-vous que le choix n’a que deux alternatives, qu’il n’est que de camps : celui des riches, et celui des pauvres.

Songez aussi que ce furent parmi les riches éclairés que se trouvèrent les plus ardents défenseurs de la Révolution. Car en choisissant le camp des pauvres, ils n’avaient plus d’autre choix pour être en accord avec eux-mêmes que de s’attaquer aux riches. Ils ne pouvaient en aucun cas dire : je suis du côté du peuple, et attendre tranquillement chez eux. Un coeur qui s’indigne devant l’injustice mais la tolère par son inaction n’est pas juste.

Je sais que certains me diront que je me trompe, que le monde est stable ainsi, et que ce que je semble désirer ne ferait qu’apporter le sang et la guerre. Je leur répondrai que la stabilité d’un pays, d’un monde, n’a rien à voir avec le fait qu’il soit juste ou non. L’ancien régime était un système stable, bien établi, qui fonctionnait parfaitement bien. Mais il était injuste. Beaucoup ont du se dire « certes, il faudrait que cela change, mais cela apporterait tellement de malheur qu’il vaut mieux accepter les choses telles qu’elles sont ». Sans doute même parmi le peuple, nombreux étaient ceux qui se sont longtemps dit qu’après tout, il vallait mieux vivre pauvre qu’aller mourir pour une cause. Et sans doute aussi est-ce ce que se disent les peuples pauvres aujourd’hui, qui tremblent encore devant notre puissance. Mais il arrive un jour où, parce que des esprits éclairés donnent aux hommes la force de se battre, leur font comprendre que oui, il y aura du sang versé, et que pendant de longues années, si longues que la plupart de ceux qui se seront battus n’en verront pas la fin, le monde sera dans un état bien pire qu’il ne l’était avant. Ce n’est pas parce qu’une femme enfante dans la douleur qu’elle renonce à avoir des enfants. Elle sait que la douleur est passagère, et qu’elle amène le bonheur. De même, bouleverser le monde ne se fait pas sans heurts. Mais la violence, le sang, sont justifiés par l’état du monde sur lesquels ils débouchent, mille fois plus beau que celui qu’on a détruit.

Sans doute, ma vision des choses est fort incomplète, et il faudrait que je sois historien et géopoliticen confirmé pour être sûr que le monde actuel est réellement semblale à ce qu’était la France sous l’Ancien Régime, et pouvoir alors prédire que les mêmes conditions amèneront les mêmes conséquences. Ce n’est pas là une certitude que j’expose, mais un sentiment plus proche de l’intuition, une idée un peu idéaliste, mais peut-être moins qu’il y paraît, après tout. Mon jugement peut se trouver erronné, et j’attends que vos critiques y apportent des limites. Je n’appelle pas à la guerre, ni à prendre les armes. Ne nous méprenons pas. Je n’appelle qu’à la réflexion. Car il est une chose dont je suis persuadé, c’est que celui qui ne se bat pas pour l’opprimé contribue à son oppression par sa passivité. Et que notre pays, vous, moi, si nous nous indignons sans agir, restons du côté des « mauvais » nobles. L’action est la seule réaction possible si nos coeurs sont réellement à la hauteur de ce qu’ils prétendent être. Je crois que notre pays, notre peuple, a un devoir envers les peuples pauvres. Un devoir qui suppose qu’il renonce à son statut (pour préserver sa grandeur), et qui par conséquent est effrayant pour nous qui sommes habitués à une vie confortable. Mais un devoir que je crois, malgré les sacrifices qu’il impose, nécessaire de remplir. A ceux qui ne croient pas en ce devoir des nations puissantes envers les nations faibles, à ceux que l’action effraie par ce qu’elle impose comme renoncement, je ne peux que dire ceci : que les pauvres de notre monde se soulèvent, et le renoncement cité précédemment apparaîtra comme une bagatelle à côté des temps qu’il leur faudra vivre. Je crois qu’il faut donner lorsque cela est juste, même si cela est dur, plutôt que d’attendre qu’on vienne nous le prendre. Car celui qui donne devient un ami, mais celui à qui l’on reprend reste un ennemi, et un ennemi vaincu à, cette fois, de bonnes raisons de s’en faire.

Peut-être, cela dit, le monde s’équilibrera-t-il de lui-même, les économies des uns se haussant, les autres s’abaissant, et les hommes deviendront-il égaux sans qu’aucune action soit nécessaire. J’aimerais qu’il en soit ainsi, qu’il ne soit pas besoin de combats et de chocs terribles. Mais est-ce là un rêve raisonnable ? Et pourrons-nous justifier notre inaction parce que nous savions que les choses allaient s’arranger d’elles-mêmes ? Peut-être, oui. Du moins, je l’espère.

Oui, réfléchissez à tout ceci, mes amis, car vous êtes les citoyens du monde, un monde que nous ne pouvons tolérer tel qu’il est si nous sommes justes. Réfléchissez, car c’est par la réflexion qu’on évite à un coeur qui enrage de faire de graves erreurs. Et soyez justes, dans votre réflexion, écoutant les valeurs qui parlent en vous et non la crainte que tout changement, par les bouleversements et les temps incertains qu’il amène, pourrait vous donner. Et ne vous inquiétez pas, ceci est un appel à la réflexion, pas aux armes. Je ne suis pas un révolutionnaire, pour l’instant, et je serais bien le dernier à prôner le malheur s’il existe un moyen de l’éviter. J’aime l’homme, et je ne voudrais en voir répandre le sang que si c’était l’unique façon de faire que demain, ce sang cesse enfin de couler comme il le fait aujourd’hui (et continuera tant que le monde restera ce qu’il est).

La discussion que j’ouvre peut se résumer dans les question suivantes : « Le monde d’aujourd’hui est-il ce que la France de l’Ancien Régime était ? Et si tel est le cas, pouvons-nous prédire une révolution ? Auquel cas, quelle conduite devons-nous adopter ? » Je crois que cette réflexion nous concerne tous, aussi je compte sur votre participation au débat.

Ecrit par Barjac, le Jeudi 8 Janvier 2004, 11:20.
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Commentaires
Solveig - Merci
Le 08/01/04 à 18:52
Ton texte est superbe. Ce sont des idées que je défends et souvent les gens ne comprennent pas (ne veulent pas comprendre?) cette nécessité de répartir les richesses - qui est, à mon sens, inévitable et souhaitable même s'il nous faut pour cela renoncer à beaucoup de choses, car les 6 milliards d'êtres humains sur Terre ne peuvent tous obtenir ce niveau de vie, vu qu'il est fondé sur l'exploitation des pays du "Tiers-monde" par ceux "développés"... J'espère que cette image de la société féodale m'aidera dans mes discussions à faire saisir aux gens l'injustice de la situation actuelle. Et si, nombreux, nous enrichissons notre réflexion pour faire évoluer les mentalités, peut-être le sang ne coulera-t-il pas...
Beaucoup disent "on n'y peut rien". C'est faux. Il n'est pas nécessaire d'être au pouvoir pour faire évoluer les choses, au contraire ("Du contre-pouvoir", par Miguel Benasayag). Les choses bougent par la base, par mille et une initiatives de gens motivés, concernés. Par les fourmis. Les militants.
Nous souhaitant un monde plus juste en cette nouvelle année,
Solidairement,

Solveig
Répondre à ce commentaire
Le 13/01/04 à 18:01
Chère Solveig,

Je n’ai rien de parculier à ajouter à ton commentaire, qui me semble juste. Je nuancerai toutefois ton affirmation selon laquelle « les choses bougent par la base, par mille et une initiatives de gens motivés, concernés » . Non que je nie l’importance des initiatives à l’échelle individuelle ; elles sont un premier pas vers l’amélioration des hommes, mais plus que cela, c’est dans les idées que je situe pour ma part l’essence de l’amélioration du monde. S’activer chacun à son échelle, pour mettre notre vie en accord avec ce que nous pensons être juste, est bien, et je soutiens de telles actions, mais j’ai du mal à croire qu’elles soient suffisantes à améliorer les choses à une grande échelle. Etre en bon termes avec mon voisinage, prendre le temps de discuter, d’écouter mes semblables, cela est tout a fait bon, mais en terme d’impact sur le monde, je ne suis pas certain que cela soit très significatif. C’est une chose indispensable, je suis tout à fait de ton avis, mais à portée limitée. Pour que le monde chance, il faut que le monde poursuive un même objectif. Tant que les peuples se déchireront entre eux, et les individus au sein de chaque peuple, on n’avancera pas. Ce qu’il faut, à mon avis, c’est une prise de conscience à grande échelle, et cette prise de conscience ne peut se faire que venant du haut. Il faut regrouper les gens derrière des idées communes, et ces idées, il faut les donner à ceux qui ne les ont pas, ou n’ont pas les moyens de les avoir. L’éducation et la culture sont, les philosophes des lumières l’ont dit et répété, les tenailles avec lesquelles les hommes opprimés pourront briser leurs chaînes. Ce n’est pas un hasard si les nations riches sont les nations ou l’éducation et la culture sont les plus développées. Ce n’est pas un hasard si la révolution française a eu lieu juste après qu’un grand nombre de penseurs aient vu le jour. C’est par l’accès à la connaissance qu’un peuple s’affranchit, et c’est pour cela que l’éducation joue un rôle primordial.

Il est des pays où l’on prend les enfants pour en faire des soldats. Comment, devenus hommes, seront-ils capables de s’affranchir ? Il faut leur apporter la connaissance, la culture, par le biais de l’éducation, afin qu’ils puissent s’affranchir d’abord par l’idée, car l’idée dirige le bras. Ce n’est pas en donnant des armes aux hommes qu’on les rend libres, c’est en leur donnant le moyen de penser par eux-mêmes, d’être critiques à l’encontre de leur environnement.

Sans les idées, les « militants » sont les bras sans la tête. Ce sont eux qui changeront le monde, car ce sont eux qui ont la force de le faire, mais comment s’y prendront-ils si ils ne savent où aller, ni de quelle manière agir ? Et, mon propos te paraîtra peut-être dangereux, mais je crois qu’il est pratiquement inévitable, c’est à ceux qui ont les idées de les diffuser, de ralier les hommes derrière elles (et non pas derrière eux). Ceux qui ont mené la révolution de 1789 sont ceux qui avaient l’éducation, autrement dit les bourgeois (qui ont ensuite abandonné leurs belles idées pour exploiter à leur tour le peuple dont ils avaient besoin pour détrôner la noblesse ; mais c’est une autre histoire). Le peuple est une force aveugle, parce qu’il lui manque l’éducation. Il est le cheval qui tire la charrue, il est la force sans laquelle le monde ne peut changer. Mais il doit être conduit par le paysan qui a la science, mais ne doit pas oublier que son pain est tiré des mêmes céréales que celles qu’il donne à son cheval.

C’est là une réflexion intéressante : le peuple peut-il s’affranchir seul ? Non, ai-je affirmé, car il lui manque l’éducation sans laquelle il n’est qu’une force qui, non orientée, se dissipe en tout sens et se fatigue en vain. Cela soulève un autre problème, alors : de quelle manière le peuple doit-il prêter sa force en s’assurant de n’être pas trahi par ceux qu’il a écoutés ? Je ne répondrai pas pour l’instant, mais je note qu’il y a matière à creuser là encore.

Quoiqu’il en soit, je te remercie pour ton intervention qui fait avancer le débat. N’hésite pas à surenchérir si tu juges que je me trompe :)

Merci à toi,

Barjac
Répondre à ce commentaire
Alezia -
Le 12/01/04 à 01:40

Très bonne analyse et interessante problematique que tu lances.

Personnellement, par rapport à cette comparaison que tu fais, je dirais que nous pouvons dire effectivement que le monde ressemble à cette vieille France, mais avec quelques différences. Avant, il y avait "ceux qui prient", "ceux qui combattent" (en réalité "profitent" pouvons-nous dire!) et "ceux qui travaillent". Aujourd'hui, je pense que l'on peut garder les 2 derniers seulement : ceux qui travaillent, et ceux qui profitent. Ceux qui prient, pour moi, ça n'existe pas. On peut bien parler des tarés Islamistes ou de l'influence du pape, mais pour moi, pour les premiers, leurs motivations restent l'argent. (les princes milliardaires arabes par exemple avec un peuple qui crève), et pour la chrétienté, son influence a coulé en quelques siècles. L'économie est devenue la maitresse du monde, au détriment de l'humain.

Par rapport à nos capacités d'action, je dirais que ce qui rend la chose plus difficile, c'est la taille et la diversité de ce monde; Si la France crevait autrefois, et même si beaucoup n'auraient jamais imaginé une révolution française possible à l'époque, il n'empeche, que la France, c'est une unité, c'est un territoire plutot uniforme, avec la même culture, dont 97% de la population étaient issue du Tiers-Etat. Ceux qui se sont battus, se sont regroupés autour de la même cause, et c'est ce qui a fait leur force.

Aujourd'hui, une révolution mondiale, avec toutes les differences, les divergeances de chacun, je ne sais si ça peut être réalisable. Je pense qu'il faudrait d'abord s'accorder sur un fond commun, et à ce moment là les choses pourraient bouger. Mais tant que les gens continueront de dire "j'en ai marre, ya pas de boulot en france...." et d'autres "les retraites" et d'autres encore "la famine" et d'autres "le capitalisme" etc. Ca ne permet pas de réaliser une action en profondeur si tout le monde se limite à son petit combat personnel. Je pensais cela l'an dernier lorsqu'il y avait les grèves en mai/juin 2003 : on avait droit aux manifs contre la réforme des retraites, et à coté des grèves d'enseignants contre la décentralisation etc. Et lorsque l'on regarde dans les rues, ce que je déplore, c'est qu'aux manifs contre la réforme des retraites, il n'y ait jamais d'étudiants, (je n'ai rien contre cette réforme, mais c'est pr donner l'exemple) et à celles contre la décentralisation, il n'y a que des enseignants, rarement des gens n'ayant aucun interet là dedans, mais se sentant juste "contre". Donc, je constate que chacun défend son pain tout seul dans son coin, et je crois que c'est l'un des gros torts de notre époque : se pas savoir s'accorder ensemble.

A l'échelle mondiale, cela devient mission impossible. Mais j'ai quand même l'espoir. Et je pense que cette division du monde en 2 , nord-sud, ne pourra pas durer éternellement. je te rejoins tout à fait là dessus. Disons que j'ai plutot l'impression que ce mouvement révolutionnaire ne viendra pas des "nobles éclairés" que nous sommes, mais plutot de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Tu vois, un peu comme le mouvement Zapatiste qui est né au Mexique, avec le sous commandant marcos, moi ça j'y crois ! Et le mouvement alter mondialiste aussi, qui est issu de cela. Pour l'instant, il n'y a qu'une ébauche, mais quand ca petera, ca petera. Et ca va faire mal.

Répondre à ce commentaire
Le 12/01/04 à 02:07

J'ai oublié de te dire que je t'embrasse mon cher Barjac !

Et que je te remercie de ton texte sur mon joueb, ça m'a fait plaisir et fait cogité aussi.

BISOUS très cher

Répondre à ce commentaire
Le 13/01/04 à 18:02
Ma chère Alezia

Effectivement, j’ai dans mon exposé omis de parler du clergé. En réalité, il était pour moi inclus en partie dans le noblesse et en partie dans le peuple. Le clergé d’alors était à mon avis une sorte d’institution hiérarchique. Si le clergé possédait des privilèges, ceux-ci étaient répartis en accord avec la position au sein de l’Eglise. Les grands cardinaux menaient la vie des princes tandis que le curé de campagne était lui sans doute un homme du peuple, mais qui toutefois était supposé avoir fait voeu de pauvreté, ce qui n’était pas le cas du paysan exploité. Tu as raison de citer mon oubli, car à la réflexion, il a une situation un peu particulière, n’étant ni pleinement noble, ni certainement roturier. Mais, du fait que les religieux influents étaient ceux qui étaient aussi les plus favorisés, il était inévitable, l’Eglise toute entière étant assimilée à ses dirigeants, qu’elle fut du côté du peuple dans les idées. Le clergé abusait du peuple au même titre que la noblesse ; il fallait l’abolir. Et, par la faute de quelques religieux oubliant leur voeu de vivre pauvrement, il fut tout entier associé à la noblesse. Il y aurait là matière à pousser la réflexion, je te l’accorde, mais puisque il n’y a plus aujourd’hui de clergé en tant qu’acteur de notre problème, je pense qu’on peut s’en dispenser.

L’idée d’une révolution à l’échelle mondiale est effectivement quelque chose d’un peu utopique, pour des raisons principalement pratiques. Comment unir les peuples à une telle échelle ? Cela demanderait une organisation phénoménale, difficilement réalisable. Il est vrai qu’à l’échelle nationale déjà, les individus poursuivent des intérêts distincts, et particulièrement en France, même lorsqu’ils sont conscients que les choses mériteraient d’être améliorées, ils voudraient qu’elles le soient sans qu’aucun d’eux perde quoique ce soit dans l’affaire, ce qui relève là encore du voeu pieux. J’ignore si l’idée d’une « révolution » est tellement réaliste. Outre le fait qu’elle ne m’apparaisse pas réalisable (du moins pas sans quelque effort de réflexion préalable), je ne la souhaite pas. Certes, mon texte est un peu emphatique, car tiré d’un élan du coeur, et on pourrait penser que j’appelle aux armes. Ce n’est pas le cas, loin de là. Ce que je souhaite serait plutôt une prise de conscience des pays riches de leur devoir d’aider les pays pauvres, avec pour objectif d’atteindre une sorte d’égalité planétaire, le tout par des réformes volontaires et non par le cri des fusils. Maintenant, c’est peut-être demander beaucoup à l’homme que de volontairement combattre quelque chose qu’il ne conçoit pas forcément comme une injustice : « pourquoi, moi qui suis riche, devrais-je donner à mon prochain qui est pauvre ? J’ai gagné ma place au soleil à la sueur de mon front, cela est juste que je profite, etc. »

Je n’ai défini aucune des notions que j’évoque, ni celle d’égalité, ni celle de pauvreté, et ma réflexion en est encore au stage embryonnaire ; je ne fais que jeter des idées un peu bâtarde sur le papier, mais il me reste à organiser tout ça pour que le rêve idéaliste devienne un essai scientifique, rigoureux. J’ai l’intention de m’y livrer dans les temps qui viennent ; j’y travaille déjà. J’exposerai une première esquisse de ma méthode dans un post à venir.

Enfin, je tiens à le rappeler car j’ai peur que cela n’ait pas été bien compris : il s’agit pour moi uniquement d’un exercice de réflexion, nullement de politique. Que la réflexion débouche sur l’action, rien n’est moins certain.

Merci pour ton intervention, et bisous à toi aussi !

Barjac
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Le 12/01/04 à 12:02

Cher BarJac...

Mes félicitations pour ce texte, et pour la réflexion qui l'a engendré. Certes il est long et pourra en rebuter plus d'un, mais tout comme le temps sur une chaise est long, ce même temps passé à discuter avec des amis paraît bien court. Ce texte est juste, dans ces propos et dans sa taille.

Je dois d'abord te dire quelquechose qui m'a amusé: je t'avais demandé si ton pseudo venait d'un manga, et ce n'est pas le cas. Le manga en question est "Gunnm" de Yukito Kyshiro. Il décrit un univers Cyber Punk dans lequel beaucoup voit une métaphore ou même un monde alternatif. Moi j'y vois un rêve prémonitoire, ou plutôt un cauchemar annoncé. Il est basé sur une société à deux vitesses comme celle que tu as décrit. L'héroïne (Gally) vit dans une vile nommée "la décharge", un lieu gris et rouillé surplombé par une autre ville aérienne, "Zalem". Zalem est une sorte d'utopie (certains diront idéale) où les scientifiques abondent et améliorent de jours en jours le quotidien de ces citoyens. Mais l'on apprend rapidement que sa prospérité est basée sur l'exploitation écrasante qu'elle applique à la ville d'en bas, la décharge. Tout le manga tourne autour de ce fait. Je ne vais pas rentrer dans les détails, ce qui m'a amusé est ici: au milieu de l'histoire apparaît le Barjack, une milice organisée composée de criminels, de gens pauvres et désabusés, d'idéalistes préférant l'arme au beau discours sans écho et de victimes du systèmes. Le Barjack multiplie les attentats et les pillages dnas la décharge et nous est présentée comme une organisation terroriste. Mais au long de l'histoire, on apprend à voir son autre facette, son rêve absolu: acquérir la force nécessaire pour faire chuter Zalem et reconstruire une société nouvelle et égalitaire sur les ruines des deux mondes. C'est là que ton pseudo, et les idées que tu avances m'ont inspirés le parallèle. Ne trouve tu pas que c'est frappant...? Et tu m'as poussé, ainsi que ce manga que tu as sorti de mon oubli, à me poser la question... Zalem n'est il pas le reflet imaginaire des pays dévellopés d'aujourd'hui, et de la noblesse d'hier...?   La décharge n'est elle pas la jumelle abstraite du Tiers monde et du Tiers Etat...?   Le Barjack n'est il pas l'image "artistique" de toutes ces factions terroristes ou militaires qui mettent à feu et à sang leur pays pauvres dans le but mal dissimulé de contester la suprématie des riches, et à terme les renverser...?

Bref j'ai apprécié au plus haut point ce texte que tu nous as soumis, et je vais me replonger dans la lecture de ce manga...

Par contre mon opinion personelle est différente, cela va me coûter quelques amitiés de l'avouer mais j'ai cette philosophie "individualiste" qui me pousse à faire le mieux pour moi et trouver ma place sans bousculer le reste. Je suis entièrement d'accord sur le fait que tout doit changer sous peine d'apocalypse. Mais je ne vais pas dire comme beaucoup que je te soutiens et que je serais en première ligne l'heure venue, ce serait mentir pour faire joli et paraître un mec bien. La vérité c'est que je n'ai pas le courage de me sacrifier pour une cause. Dans toutes révolutions, les martyres jouent un rôle fondamental, indispensable. Et je n'ai pas le courage de perdre ma vie pour une cause universelle. Certains diront que c'est de l'égoïsme ou de la lâcheté, et il y aura une part de vérité en cela. Mais j'aurais au moins été franc et j'assume mes idées pleinement.

Mais je vais nuancer cela: je ne lèverai pas le poing, ne brandirai pas l'arme. Mais compte sur moi pour faire avancer tes débats, ceux des autres. Car je n'en pense pas moins. Je vous aiderai et plaiderai votre cause avec mes mots, car je suis en parfait accord avec vous, mon action s'arrête au domaine du débat, et je ne serais pas du domaine du physique.

Et puis, je me devais de proposer une anti-thèse, car les débats entre personnes de même avis ne fait rien avancer, ce genre de débat nous conforte dans ce qu'on croit être la vérité, mais comme tu le sais cette vérité est propre à chacun: personellement je ne peux pas m'epêcher de penser que l'inégalité est un fondement de la vie. Tout comme Songe et moi disons, la souffrance ne doit pas être éradiquée, car c'est elle qui donne son intensité au bonheur, et de la même façon, c'est la misère qui donne son éclat à la richesse dans ce monde. Je suis et reste persuadé que l'on trouvera toujours plus beau que soit, plus fort, plus aimé, plus intelligent, plus chanceux... ce que je veux dire c'est que nouspouvons tenter tout les systèmes possibles, l'inégalité en restera toujours un pilier, car ce sentiment est propre à la nature humaine, à ses fondements psychologiques et émotionels. N'oublions pas que c'est ce sentiment d'inégalité qui nous pousse à nous surpasser, c'est le désir et l'envie qui sont le moteur de la vie tout simplement. Cette opinion n'est pas une vérité, juste ma version de celle ci.

Pour conclure, je dirais que l'égalité est comme la perfection: un principe très séduisant mais utopique, mais je serais des votres pour tenter chaque jour de nous en approcher...

Ezekiel Rosario.

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Le 13/01/04 à 18:02
Ezekiel

Mon cher Ezekiel,

Intéressante comparaison que celle avec le manga que tu cites. Intéressante, mais non pleinement partagée, car je ne saurais me reconnaître dans l’image d’une « milice » qui est, que son objectif ultime soit noble ou pas n’est pas la question, une organisation à but totalitaire. Loin de moi, même si j’étais persuadé de la justesse de ma cause, de l’imposer à d’autres par quelque forme de violence que ce soit. On ne construit pas l’égalité des hommes par l’oppression, qui est sa négation même ! Rousseau était un penseur, Robespierre un révolutionnaire. Je me range du côté du premier, mon seul objet étant, par l’exercice de la réflexion, d’essayer de déterminer une solution aux inégalités qui frappent les hommes. J’ajouterai même que je ne suis pas « du peuple » contre la « noblesse ». Je ne suis pas pour certains hommes contre d’autres, je suis pour tous les hommes, sans distinction. Et mon combat, si on peut parler de combat, bien qu’il s’agisse en réalité plutôt d’un exercice philosophique, est un combat pour des idées, non pour une fraction particulière de l’humanité. On a vu trop souvent des « milices » renverser le pouvoir de leur pays dans le but d’en libérer les citoyens, pour ensuite instaurer une autre dictature. Je me refuse, dans l’état actuelle des choses, à toute idée de violence. Si ma réflexion me démontre que la violence est inévitable pour que le monde s’améliore, alors je pourrai la concéder, mais c’est là une chose que je ne souhaite absolument pas.

Il me faudra, comme je l’ai dit à Alezia, poser plus précisément les bases de la réflexion, qui pour l’instant n’est qu’une ébauche, lancée maladroitement sur le papier. Je ne blâmerai personne de m’avoir mal compris, car c’est à moi que la faute en incombe en premier lieu. J’ai proposé une discussion très vague, sans en indiquer les limites, et en des termes qui pourraient tout à fait laisser croire que je rêve d’un nouveau juillet 1789, ce qui n’est pas du tout le cas. Je travaille à une réflexion plus précise, dont je poserai les bases sous peu, et qui dissipera tout malentendu.

Maintenant, tu ne perds pas mon amitié en proposant ton point de vue, bien au contraire. Nous sommes plus en accord que tu ne sembles le penser. Car, tu l’auras compris, ce n’est pas d’action que je parle, mais uniquement de réflexion. Je n’ai nullement l’intention de descendre dans la rue crier qu’il faut faire évoluer les choses. Je le ferais si une réflexion posée et scientifique ne me montrait d’autre solution, mais j’en suis encore bien loin. Il ne s’agit pas de sacrifier qui que ce soit pour une cause : celle-ci n’est même pas encore définie ! Quant aux martyres, c’est l’histoire qui les fait, et celui qui veut être un héros se bat pour sa gloire et non une cause juste. Je ne m’oriente nullement dans cette direction. Je me contente de réfléchir. Si un jour je dois sortir de mon état de réflexion pour passer à l’action, sous peine de ne plus être en accord avec mes idées, alors je le ferai. Mais à cette seule et unique condition. A quoi ressemblerais-je, si ma voix appelait à l’égalité tandis que ma main s’autorise à disposer de la vie d’autrui...

J’apprécie ta franchise, mais crois-moi, je suis tout comme toi. Intéressé par une réflexion sur l’inégalité, puis sur les moyens d’y parer en accord avec ce qui me semble juste, mais ne prônant nullement quelque forme d’action que ce soit pour l’instant.

Ensuite, il est certain que la souffrance le contrepoids du plaisir (et non du bonheur, à mon sens), et que supprimer la souffrance serait supprimer le plaisir, puisque l’un sans l’autre ne saurait exister. Maintenant, ce n’est pas parce que la souffrance est utile à son contraire qu’il nous faut pour autant tomber dans le travers qui consisterait à la vouloir protéger. Elle doit être combattue, je pense, et nous n’avons pas à nous soucier de sa « sauvegarde » pour l’instant : elle est encore loin d’être une espèce en voie de disparition. Je doute même qu’on parvienne jamais à s’en débarasser totalement ; le plaisir est donc sauf à mes yeux ;)

Pour ce qui est de l’inégalité, je me rends compte à nouveau qu’il eût été souhaitable que je ne lance pas ma discussion avant d’en avoir clairement défini les termes. Lorsque tu dis que les hommes sont « inégaux » par nature, tu fais à mon sens une erreur. Ils sont différents par nature, cela est certain, les uns étant plus forts, plus beaux, plus intelligents que les autres. Mais cela n’a rien à voir avec la notion d’égalité. La constitution des droits de l’homme ne dit pas « les hommes naissent égaux en taille, force, intelligence et beauté ». Elle dit qu’ils naissent « égaux en droit ». Tu conviendras sans peine qu’on ne peut pas dire qu’un homme est supérieur à un autre parce qu’il est plus blond, ou plus grand. Ce sont là des traits de la nature qui, parce qu’ils diffèrent d’un homme à l’autre, et ce dés la naissance, ne peuvent servir de fondement à quelque échelle de valeur que ce soit. Si il nous apparaît clairement que la blondeur ou la taille ne placent nullement un homme au-dessus d’un autre, il nous est plus difficile de concevoir que d’autre caractéristiques, pourtant fondamentalement semblables à celles-ci, ne peuvent par conséquent non plus servir d’échelle. L’intelligence ou la beauté, sont de la même nature que la blondeur ou la taille. Elles sont en proportion différentes chez les hommes, mais puisque nul n’est responsable de sa beauté ou de son intelligence (on parle d’intelligence innée, bien sûr ; pour ce qui est de l’intelligence acquise, c’est un autre problème), nul ne peut fonder dessus un système de comparaison. Et pourtant, notre monde en a fait un. On a tendance à penser qu’un homme intelligent « vaut » plus qu’un homme moins intelligent, qu’on dit souvent « bête », « idiot », mots à connotation dépréciative, ce qui est une preuve que dans le langage même, nous fondons une hiérarchie sur la notion d’intelligence. De même, on a tendance à penser qu’une femme belle « vaut » plus qu’une femme laide, au point que « belle » est devenu un compliment et « laide » une insulte, alors que ces mots devraient être dépourvus de toute connotation hiérarchique, tout comme « brun » ou « blond », qui ne véhiculent nullement une supériorité de l’un sur l’autre. Mais, parce que les belles femmes sont les plus attirantes, les plus recherchées, et parce que les hommes intelligents sont ceux qui parviennent à se hisser aux postes importants de la société, on a fini par admettre que c’étaient là deux notions « hiérarchisantes ». Et bien, je persiste à penser que l’on a tort et que la société est injuste lorsqu’elle favorise l’homme intelligent et la femme belle. Dans le bus, il m’est beaucoup plus naturel de céder ma place à une jolie jeune fille, et avec le sourire qui plus est, qu’à une fille laide, à laquelle mon sourire sera bien moins radieux. Cela est naturel, mais non juste. De quel droit la jolie fille serait-elle mieux reçue que la laide ? Une fille est-elle pour quoi que ce soit à sa beauté ou à sa laideur ? Un homme est-il pour quoi que ce soit à son intelligence, à sa force ? Non. Par conséquent la fille laide est l’égale de la belle fille, l’homme intelligent est l’égal de l’homme simple.

Lorsque je parle d’inégalité, c’est au sens de la répartition de la richesse, du droit. Qu’ai-je fait pour être francais ? Rien. J’ai eu la chance de naître dans un pays développé, voilà tout. J’aurais pu tout aussi bien naître en Afrique ou au Bengladesh. Cela ne m’aurait pas ôté le droit au confort minimal et à la nourriture. Je suis riche par hasard, et puisque je n’y suis pour rien, je n’ai pas plus droit à ma richesse qu’un Malien ou un Russe. Le fait que je vienne au monde là où est l’argent ne m’y donne pas plus droit qu’à un autre. Si un homme naît près d’une source, cela lui confère-t-il le droit de boire plus que l’homme qui en naît loin ? Pis, cela lui donne-t-il le droit de mettre une barrière autour de son puit et d’en interdire l’usage à ceux qui ont soif ? La nature a prodigué ses ressources à tous les hommes sans distinction, et tous y ont droit dans des proportions semblables. Si cela n’est pas convaincant, il suffit de remplacer la source par l’air. Tout homme a droit à l’air. Admettons qu’un jour certains points de la terre viennent à être privés d’air. Les autres endroits auront-ils le droit d’interdire l’accès à « leur » air ? De quel droit s’approprierait-on l’air, qu’on ne fabrique pas, qui était là avant nous et le sera encore après ? De la même manière, il n’est pas juste à mes yeux qu’un homme bénéficie de plus d’argent qu’un autre. Par cela, je ne veux pas dire qu’il est injuste que celui qui travaille plus que son voisin gagne plus, mais qu’il est injuste que, à travail égal, celui qui est né en Inde gagne moins que celui qui est né aux Etats-Unis. Ensuite, il est certain qu’il est parmi les hommes des fainéants et des forcenés, et que le travail doit être récompensé à sa juste valeur. Je ne demande pas l’égalité absolue où chaque homme, quoi qu’il fasse, gagne autant que son voisin, qui ne serait pas juste, mais l’égalité des chances de départ. Que tout homme naisse véritablement égal en droit, droit de voir son travail récompensé justement, indépendamment de l’endroit où il est né, droit de voir ses efforts récompensés également quel que soit son pays. C’est cela que j’entends par égalité. Il eut fallu que je définisse cette notion dés le départ. :)

En ce sens, cela n’est plus un principe utopique, à moins que la justice elle-même soit une utopie (cela dit, je n’ai pas prouvé le contraire...).

Ezekiel, je te remercie pour ta réflexion, qui pose quelques-unes des questions essentielles de cette réflexion : Comment définir l’égalité, l’inégalité ? Quelles en sont les causes théoriques et pratiques ? Est-il possible d’y remédier ? Si oui, de quelle manière ? Mais bien avant de chercher des solutions, il y a tout un travail de définition qui s’impose, et dans lequel je me suis lancé depuis peu :) Je proposerai bientôt un post avec des idées sur une démarche plus rigoureuse, et compte sur ta fidélité au débat ;)

Bien à toi,

Barjac

PS : Je continue de lire ton histoire avec assiduité. J’aurais quelques brefs commentaires à te faire, mais je les posterai chez toi quand j’y aurai mis de l’ordre.
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