Voila une semaine que je fais un repas par jour, atteignant le top ces deux derniers jours avec avant-hier un paquet de gaufrettes roses + 1 twix et hier une salade tomates/laitue.

Ce régime que m'envieront peut-être celles qui font très attention à leur ligne ne vient pas chez moi d'une motivation esthétique, mais bien plutôt du fait que Fred fait son Santa Barbara. En effet, nous avions pour habitude de faire les courses et la bouffe ensemble, étant donne qu'il est bien plus marrant de faire ce genre de trucs à deux que tout seul (note : cette immense pensée philosophique a des applications dans bien d'autres domaines). Hors depuis que Lord Fred fricote avec Lady Jane (remplacée vendredi soir par un arrivage pour le week-end de potes français clandestins), plus moyen de manger ensemble. Hors moi, cuisiner tout seul, hum, c'est comme faire le ménage : faut que j'aie des moutons jusqu'au dessus du genou pour commencer à me concerter sur l'idée possible d'un éventuel passage d'aspirateur un jour prochain. Donc, feignant de ne pas entendre les protestations de mon estomac (je ne cède jamais aux caprices, je suis intraitable la dessus), j'ai fini par me dire hier soir qu'il faudrait quand même que j'avale quelque chose, enfin c'est pas sérieux, à ton âge (tiens, M'man a repris sa chambre a l'hôtel de Ma Conscience – sans doute encore une dispute avec P'pa). Donc, je rentre l'estomac dans l'étalon (comme on dit dans mon ranch), j'ouvre mon petit placard, et je fais la grimace. J'ai un sachet de spaghetti et du sucre. Ca va être festin. Et là, je me souviens – Alléluia, Gloria Dei, Veni vedi par ici – que Jane, qui est partie pour un mois frétiller sur les cotes ensoleillées de Jenessepluzou, m'a aimablement fait don de deux sacs pleins de nourriture. Me voila sauvé.

Rapide coup d'oeil dans le frigo, donc. J'y découvre une boite d'oeufs, voila qui fera l'affaire. Petit coup d'oeil à l'étiquette, c'est périmé depuis une semaine. Minute de réflexion intense et rapide retour dans ce qu'il me reste de mes notions de bio : si je fais une omelette avec ca, elle sera pleine de plumes et de petits foetus de poussins pas finis. Je renonce à mes oeufs sur le plat et balance la boite à la poubelle. C'est pas grave, je vais bien trouver autre chose.

Dans le congelo, je trouve le reste de la marchandise. Des frites au four ? Des gueux lassent. M'man en a fait une fois, c'était à la frite ce que le Kiri est au fromage. Quant au reste, ca s'annonce comme des trucs de fille, c'est a dire mal. Jardinière de brocolis, framboises congelées, myrtilles congelées (qu'est-ce je vais faire de ca, sérieusement ? Comme si j'allais me faire des tartes, moi qui suis le spécialiste de la brique de nouilles coagulées – pas même foutu de cuire des pates, quoi...). Ah et puis, encore plus marrant, y a des trucs que je parviens meme pas à identifier. C'est rond. C'est blanc. C'est deux et c'est dans un sac transparent. Ca pourrait être des oignons épluchés, mais c'est lisse et sans petites lignes vertes. On dirait... des boules de neige. Je commence à me poser des questions sur la santé mentale de Jane. Faudrait que j'en touche deux mots à Fred, à l'occasion. Pas plus capable d'identifier le reste, je soupire et retourne chercher mes spaghetti. Plutôt manger ca que du non-identifié.

Je cherche ensuite un truc pour accompagner mes pâtes, parce que je peux décemment pas y mettre des framboises ou des brocolis. Dans la porte du frigo, dans une boite style pot de moutarde, je mets la main sur une purée verdâtre. J'aime pas trop les algues, en général, pour le peu que j'en ai goûté en buvant la tasse dans l'Atlantique. Tiens non, c'est du pesto. Basilic, huile d'olives, parmesan. Ouh, mais ca me plaît bien, ça. Allez hop, je me fais un parpaing de spaghetti, sur lequel je verse mon pesto. C'est très vert et très pureux, et mois appétissant que sur l'étiquette. J'aurais presque l'impression que géant vert a éternué sur mes pâtes, mais j'essaie de ne pas y penser, parce qu'il FAUT que je mange, il en va de ma survie, à ce stade. Je découvre avec amertume que pesto + spaghetti, ca n'est pas bon, mais j'avale ma pitance avec résignation. Il faut bien que je fasse taire mon estomac, sans quoi il va finir par gargouiller assez fort pour me réveiller la nuit. Fin du repas, je mange une prune, ca nettoie, ca pousse, et ca efface le goût. Je me demande si j'ai les dents toutes vertes. Ca n'a pas d'importance, de toutes facons, je sors pas ce soir.

Aujourd'hui (le lendemain d'hier, donc), n'y tenant plus, j'ai fait un saut au supermarché , acheter une autre sorte de pâtes (des tubulaires, "penne" qu'ils appellent ca – tiens, vous avez remarqué : "pâtes tubulaires", comme la mine ! Non, laissez tomber), de la purée de tomates au basilic, du sel d'océan marin (parfaitement, même que quand on ouvre la boite, on entend les mouettes), des saucisses de Strasbourg (qui sont à la viande ce que le Kiri... enfin, voir plus haut), quelques tomates non basiliquées et non purées pour la salade, de la fêta grecque et de l'origan pour saupoudrer dessus. Et j'ai festoyé, grands dieux, les amis ! Fêta origanée dans son huile d'olive extra vierge, salade tomates/laitue, et un demi mur de pâtes sauce-tomatées et saucisse-de-strasbourrées. Évidemment, comme j'avais TRÈS faim, j'en ai fait pour une équipe de rugby entière, et quand j'ai versé dans mon assiette, mon mur de pâtes s'est désolidarisé et la moitie s'en est écroulée directement sur l'entrejambe de mon pantalon qui, de blanc clair, en est devenu rouge vif. J'ai réussi a virer le gros des dégâts, mais il reste une trace légèrement orangée. Si on me demande, je dirai que c'est du rouge a lèvres...

Est-il besoin de préciser que je n'ai mangé qu'une assiette de pâtes sur les cinq que j'avais prévues, et que j'ai dû laisser la moitié de ma salade ? Je crois que l'estomac se rétrécit lorsqu'on ne mange pas régulièrement. La preuve, c'est que j'ai de nouveau faim. Demain, je fais des pâtes.