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Heureux les simples d’esprit
Quand j’étais gamin, je voyais la vie comme une chose simple. J’observais, de mes yeux d’enfant, le monde des hommes, et il m’apparaissait comme une mécanique bien huilée, où chaque chose a un rôle bien déterminé qu’elle joue sans se poser de question. Adolescent, mon regard changea, je commençais à comprendre que l’enfant n’a du monde qu’une vision réductrice, simple et naïve. Enfant, on ne croit pas que l’homme puisse réellement chercher le mal, on ne croit pas que l’argent puisse tout acheter. De l’argent, on n’en possède pas, on n’en a pas besoin, on n’a pas la moindre idée du fait que ce que l’on mange chaque jour possède un prix, un prix qui est argent, qui est contrainte. On croit que les supermarchés ne sont que des relais où les citadins s’approvisionnent en fruits et légumes que la terre dispense gratuitement à ceux qui l’habitent. Enfant, on est un animal, ignorant de tout, et donc sans crainte quant au lendemain. On n’a d’autre tâche que celle de vivre, libre dans notre ignorance. On voit la vie comme un chemin tout tracé, et on n’a aucune crainte. Les parents sont là qui connaissent ce chemin, savent où l’on va, comment on s’y rend. Nous n’avons pas à nous soucier de notre itinéraire, juste à apprécier le paysage. On sait qu’il y aura un repas ce soir, un lit pour dormir ; on ne voit pas plus loin que le bout d’une journée. Parce que les parents sont là, tout-puissants à nos yeux, et l’on n’a qu’a marcher dans leurs pas.

Puis un jour, on grandit. On découvre que les parents ne sont pas des dieux, qu’ils n’ont pas les réponses à toutes les questions. On découvre même qu’il y a des questions auxquelles personne ne connaît la réponse. On découvre qu’il y a un lendemain, puis un autre lendemain, et que chaque jour n’est pas unique, mais un maillon d’une longue chaîne qui n’est pas infinie. On découvre que les gens ne se marient pas toujours parce qu’ils s’aiment. On découvre que tout a un prix, que tout s’achète, même ce qui ne devrait pas. On découvre qu’il existe des supermarchés où les mannequins des vitrines sont de vraies femmes. On découvre que derrière la façade naïve du monde que notre ignorance nous permettait seule d’apercevoir se cache une réalité beaucoup plus sombre, où les intérêts particuliers passent bien avant la bonté qu’on attribuait à tout homme. On découvre que tous les enfants n’ont pas forcément une maman, un papa, ni les mêmes chances de s’en sortir dans ce monde qui prend petit à petit des airs de compétition. On pensait que la nourriture poussait aux arbres, et qu’il suffisait d’avoir des bras pour la cueillir.

Malgré cela, il est des gens qui parviennent à conserver suffisamment de leur naïveté pour avoir du monde une vision encore agréable. Adolescent, il me restait l’amour. J’y voyais, dans un monde qui d’agneau était devenu loup, une solution à tout, un sens à la vie. Je pensais que ce qu’une femme et un homme partagent était ce autour de quoi la vie gravitait. Je pensais que l’amour était une porte de sortie qui donnait sur le jardin folâtre de l’enfance, une porte que l’on ouvrait à deux pour s’aller allonger dans l’herbe verte, là où tout est comme avant, où hommes et oiseaux partagent le fruit des arbres, librement, gratuitement. Cet endroit, ce n’était au final rien d’autre que le paradis dont on été chassés Eve et Adam. Un Eden où l’homme n’avait à se préoccuper de rien, n’avait rien d’autre à faire que vivre une existence animale, paisible, insouciante. C’est amusant, ce que raconte la Genèse n’est jamais que l’histoire de l’homme qui un jour, goûte au fruit de l’arbre de la connaissance, et découvre alors le bien et le mal, découvre qu’il est nu et a honte, doit travailler la terre de ses mains pour se nourrir. L’histoire de l’homme qui se voit chasser de l’enfance parce que désormais, il sait.

L’amour-Eden, l’amour-enfance est une vision de l’amour que beaucoup d’entre vous ont sans doute encore. Je ne leur souhaite qu’une chose, c’est de ne jamais la perdre. Je l’ai perdue, et je regarde maintenant ce paradis dont un ange me barre le chemin. L’ignorance était la source de tout le bonheur d’Adam et d’Eve. Et je crois que pour beaucoup d’hommes, c’est encore le cas. Je suis certain qu’il y en a beaucoup pour qui la vie ne perd pas totalement son côté naïf, qui ne se posent pas de questions. Ils vivent, travaillent, se marient, élèvent leurs enfant, et meurent, sans se demander seulement pourquoi, pourquoi tout cela. Pourquoi travailler, pourquoi se marier, pourquoi mourir. Toutes ces choses qui leur paraissent évidentes, qu’ils font sans y penser, sont autant de soucis qu’ils n’ont pas. Et tant qu’ils ignorent ce qu’elles signifient, qu’ils les appliquent parce que, dans leur vision des choses, elles sont naturelles, parce que tout homme vit ainsi, ils s’épargnent bien des tourments. J’ai le malheur d’être curieux, de m’être posé toutes ces questions qu’il aurait mieux valu ne jamais me poser. J’ai fini par voir ce qu’aimer signifie, au lieu de le vivre sans y penser. Maintenant que je sais, c’est une impuissance de plus que je porte dans mon sac à dos.

L’enfance est un âge magique, parce que l’enfant est ignorant. Si les hommes du Moyen Age croyaient aux sorcières, à l’enfer, ce n’était que par ignorance. La magie n’est rien d’autre que ce qui nous dépasse. Est magique tout ce qui échappe à ma raison. Dieu est magique, parce que Dieu ne serai jamais une chose que je pourrai apprivoiser. Pour beaucoup d’hommes, l’amour, c’est le Père Noël. J’avais écrit il y a des années de cela : « faire l’amour, c’est le père Noël des adultes ». A cette époque, je voyais dans l’acte l’apothéose du sentiment amoureux, une chose qui restait magique dans un monde devenu rationnel au fur et à mesure qu’il s’était expliqué à mes yeux d’enfant. Je croyais que mon regard ne changerait plus, que l’amour resterait toujours quelque chose de fantastique, même pour l’adulte que j’étais devenu. Hélas, cela aussi a fini par s’expliquer, le voile est tombé ; j’y ai gagné en connaissance, j’y ai perdu en rêve. Vous avez connu les Noëls d’enfance, les 25 décembre au matin où une marée de cadeaux scintillants brille de tous ses feux au pied du sapin, ces moments où l’on n’arrive pas à croire qu’il est venu, avec son traîneau et ses rennes. Vous aussi, vous avez insisté pour qu’on ne ferme pas la trappe de la cheminée, et vous auriez pleuré de désespoir si on l’avait fermée, tant vous croyiez en ce vieil homme à barbe blanche et tunique rouge. Vous avez connu la magie de cet instant, qu’ensuite on ne retrouve plus que dans les bras des femmes et les églises. Dieu et l’amour, les deux seules choses qui continuent à dépasser l’homme adulte, qui échappent à son emprise, et en tirent tout leur charme.

Je suis un enfant qui a compris que les cadeaux à côté des chaussures n’arrivaient pas par la cheminée. Qu’ils étaient achetés dans des supermarchés où tout à un prix, puis déposés par les parents pendant mon sommeil. Et jamais plus aucun Noël ne m’a apporté ce bonheur d’une chose magique. Noël est devenu un moment agréable, d’un agrément d’adulte : possession matérielle, plaisirs de la table, de la compagnie de mes semblables. Il n’y a plus rien de magique là-dedans.

Et maintenant, me voilà devenu adulte en amour aussi. J’ai compris trop de choses, je ne suis plus assez naïf pour trouver dans les bras d’une femme les félicités que la magie seule, c’est-à-dire le fait d’être dépassé, apporte. Cela aussi est devenu adulte, matériel. J’y trouve désormais le plaisir, qu’il soit plaisir physique, fierté, ou sentiment d’une tâche accomplie. La porte de mon jardin d’Eden a tout simplement disparu. C’est là une connaissance que je regrette. Comme je regrette d’avoir découvert que le Père Noël était un mythe. J’y ai gagné en connaissance, j'y ai perdu en rêve.

Perdre ce genre de rêve, c’est devenir un peu plus seul. Les mythes des parents tout-puissants, du Père Noël, de Dieu, sont une façon de placer au-dessus de nous des êtres pleins de bonté pour veiller sur nous. Voilà pourquoi tant d’hommes ont besoin de la religion. Croire en Dieu, c’est être encore un peu enfant, sous la tutelle de quelqu’un de fort, d’omnipotent. Dieu et Marie sont les parents de l’homme adulte. Faites disparaître ces entités supérieures, et vous devenez Atlas, portant le monde sur vos épaules. Dieu, c’est l’âne qui porte le poids de l’univers. Sans lui, c’est sur votre dos que le fardeau se retrouve. Sans Dieu, c’est la responsabilité de votre vie qu’il vous faut porter.

L’homme est un oiseau qui naît dans une cage. Parce qu’ils y ont toujours vécu, comme leurs pères, et les pères de leurs pères, sans se poser de question, beaucoup d’hommes n’ont pas même conscience de cette cage. Ils vivent leur existence dans une ignorance qui les sauve. Ils sont libres. On est toujours libre quand notre volonté s’accorde avec nos contraintes, puisqu’on n’a pas conscience de ces dernières. J’ai le malheur d’être un oiseau qui réfléchit trop. J’ai vu que je pouvais faire un bond. Puis un deuxième. Mais pas un troisième, à cause des barreaux. J’ai cessé d’être libre le jour où je me suis dit : tu peux faire un bond, puis un autre, tu devrais pouvoir en faire un troisième. Alors, les barreaux ont cessé d’être la fin de l’univers, ils sont devenu obstacle, contrainte, et mon monde est devenu cage. J’ai gagné en connaissance. Je sais désormais que le monde est plus vaste que ma cage, je sais encore que je mourrai dans cette même cage sans jamais avoir pu mettre les ailes en dehors.

Vous, vous qui aimez, vous êtes un oiseau qui ignore que l’amour n’est qu’une cage comme les autres. Votre volonté est de vous plier à l’amour, c’est cela qui vous le donne comme une liberté. J’aimerais être encore comme vous. Ne pas me demander ce qu’il y a derrière le mur. J’étais le genre de gamin qui laissait sa porte ouverte le soir de Noël, j’avais besoin de savoir, de voir le Père Noël de mes yeux. Croire n’était pas suffisant. J’ai vu, j’ai compris. J’ai gagné en connaissance, j’ai perdu en rêve. Un vide, une chose qui n’existe plus. N’essayez pas de penser l’amour, rêvez-le, vivez-le sans réfléchir. Croyez ceux qui vous disent qu’il existe, riez aux yeux de ceux qui prétendent le contraire, comme les grands enfants rient au nez des petits. Si les grands font les malins de ce qu’ils savent, c’est parce qu’ils ne savent pas tout. Ils ne voient que la petite connaissance qu’ils ont de plus que vous ; s’ils mesuraient l’immensité de ce qu’ils ont perdu, et que vous possédez encore, ils vous envieraient au lieu de vous moquer, croyez-moi.

L’amour était mon dieu. L’amour était ma passerelle vers l’enfance, l’insouciance. Je l’ai perdue. J’envie aujourd’hui les hommes qui croient encore en ce dieu-là, qui ont l’amour pour but, pour réponse aux questions les plus troublantes, pour solution aux problèmes de la vie. J’avais l’amour pour soleil, le voilà qui s’est éteint, et ma planète ne tourne plus. Je suis assis là sur ce bout de caillou froid, qui n’a plus de force pour le faire tourner. Je suis athée de coeur. Encore une entité de perdue, encore un vide qu’il me faut chercher à combler en ne comptant que sur moi, et moi seul. C’est à moi de fournir l’énergie pour éclairer ma planète et la mouvoir.

Aimez, aimez sans réfléchir, aussi longtemps que vous le pourrez. La connaissance est une chose sur laquelle on ne revient pas ; on ne retourne pas à l’ignorance, on ne se remet pas à croire au Père Noël. Non, on ne retrouve jamais plus la magie des 25 décembre au petit matin. Aussi, aimez sans réfléchir : il vaut mieux ignorer pourquoi on est heureux, que savoir pourquoi on ne l’est pas.

Ecrit par Barjac, le Dimanche 14 Mars 2004, 13:07.
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Commentaires
Le 14/03/04 à 14:20
:-( ben ouais... j'espère qu'on se trompe et qu'il y a de l'amour, tel qu'on n'imagine pas.
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Le 16/03/04 à 09:24
Allons, Vendredi, que lis-je quelques lignes plus haut ? « Croyez ceux qui vous disent qu’il existe, riez au nez de ceux qui vous prétendent le contraire. » L’amour est comme Dieu, il existe pour ceux qui y croient. Et je pense qu’il est plus facile de croire à l’amour que de ne pas y croire. Ne te fais donc pas de mourron :)
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Annie -
Le 14/03/04 à 23:45

Wouah joli article bravo.... est ce normal que j'en ai une ch'tit larme qui se fofile sur ma joue??!!

il vaut mieux ignorer pourquoi on est heureux, que savoir pourquoi on ne l’est pas.!! ,bah moi je sais pour les deux en general héhé et j'aime savoir!!

L'Amour


Pourquoi une chose si belle,
Si pure que l'amour
Doit-elle toujours porter
De si terribles doutes.

Des questions qui m'assaillent,
Des envies qui m'oppressent,
Que je dois réprimer
Au plus profond de moi.

Et pourtant qu'il est doux
De se laisser surprendre,
De rêver et d'attendre,
En en pensant qu'à "nous".

Mais ce "nous" qui est-il,
Un rêve, une chimère,
Une simple broutille,
Un futile mensonge
Auquel on voudrait croire.

Un amour qui vous porte,
Comme le font les vagues.
Et vous dépose inerte
Allongé sur le sable.

Mais puisqu'il faut souffrir
Et puisqu'un jour enfin
Il faudra oublier
Et partir de ce monde.

Je voudrais qu'à jamais,
Imprimé sur mes lèvres
Je garde en mémoire
Ce gage de ton amour
Que l'on appelle baiser.

Rosio Laurine

 
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Le 16/03/04 à 09:26
La « chtite larme à l’oeil » vient probablement de la poussière ; je n’ai jamais fait le ménage sur ce blog :) Mais c’est à moi de te remercier de m’avoir lu, et non l’inverse. Le poème est joli, et plein de vérité, je dois dire. Merci !
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Songe -
Le 15/03/04 à 00:02

Mon cher Barjac,

N'as-tu jamais pensé t'être éventuellement fourvoyé dans un piège rhétorique, dans une vision figée des choses ? Car après tout, on commence par trouver des mots à mettre sur nos émotions et sentiments puis on se prend au piège des mots qui nous font brosser des tableaux de métaphores et allégories qui finissent par faire correspondre nos sentiments à nos mots, à tout ordonner sous une vision prédéfinie.

Je crois que les mots ne te suffiront jamais à définir ce qui relève du ressenti, ce qui relève du singulier ... ils finissent seulement par t'habituer à une vision personnelle, à une analyse soit réductrice soit généralisante je crois. Toi qui évoque la réligion, je reprendrais cet exemple pour te rappeler qu'elle a souvent été élaborée en réponse à une angoisse de l'inconnue. Il faut savoir affronter cette inconnue, que ce soit l'infiniment grand ou petit ou encore le chaos naturel, il y a une part d'accident qu'il faut conserver aux choses sous peine de s'en faire un tableau encadré où tout acte ou pas à venir n'apparait plus que comme une retouche ... or je crois qu'à chacun il appartient ce petit coin de toile vierge où il peut poser un savant mariage de couleurs personnel, dessiner un tracé nouveau et incomparable de ses pas.

Car après tout, qu'est ce qui justifie que tu fermes une porte a priori ? Tu peux fermer une porte derrière toi mais devant toi, rien ne le justifie sinon l'angoisse ou le confort d'une fatalité moins douloureuse à assumer que l'incertitude.

Pour moi l'amour n'est pas une définition mais une attitude ... pour aimer il faut être aimant ... être aimant de la vie et de ce qui l'habite, être aimant de ce qui vient et non seulement de ce qui a été.

Demain je me plais à présent à penser une vie de bohème où peut-être j'aurais bien des soucis mais aussi ce sentiment d'avoir un lendemain à construire en chaque jour, à la main une plume, un pinceau, un appareil photo, aux lèvres un sourire ou un soupir mais toujours ce sentiment d'être proche de ce qui me correspond, où que je sois, quoi que je fasse, avec peu ou beaucoup ... j'ai appris qu'on vivait de peu, qu'un petit espace ensoleillé qui m'appartienne, un clavier ou un chevalet, quelques pas dans les rues de la capitale, quelques sourires et gestes offerts pouvaient finalement construire autant que tous les grands idéaux. J'avais une vision bien ambitieuse de ce qui se réalise parfois simplement en deux mots et quelques gestes à deux pas de chez moi pour peu qu'on s'y attarde ...

Je crois que c'est simplement le partage de ta sensibilité qui te manque, que c'est simplement de ne pouvoir vivre celle-ci qui te fait chercher dans les mots l'excuse à une amertume récurrente ... 

Aujourd'hui j'aurais plaisir à mêler mon encre à la tienne, non pas sur des claviers où tout manque décidément de relief mais dans l'échange de nos idées, de nos lubies et de nos fantaisies ... je crois que le simple partage artistique et amical est déjà chose assez rare pour qu'il en naisse bien des grandeurs qui auront bien plus d'écho positif dans toutes les consciences résignées et assoupies que ce que je pourrais aller revendiquer avec force cris ...

Je regrette en lisant cet article de ne finalement pas te retrouver pour en parler sur notre banc, sur la Butte ou le Pont des Arts, sur le parvis de Notre-Dame ou encore au long d'une allée du Luxembourg ... aujourd'hui je me dis que ce qui peut profondément changer le monde c'est parfois la richesse productive d'une amitié sincère ... que de mots et maux pour en revenir à cette conclusion ...

Je te proposerais bien une correspondance postale plus riche, plus concrète, plus constructive que tous les mails qu'on pourrait s'échanger sur ce support tellement dévitalisé et impersonnel ...

Au plaisir de te relire, de retrouver un peu du Sorberky, de se dire qu'un idéal d'un jour peut réunir pour toujours ...

Amicalement

Songe

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Le 20/03/04 à 04:58

Je me relis et j'ai ce sentiment de poser mes mots sur les tiens comme cheveu sur soupe ...

J'espère que tu sauras m'excuser d'user de plume d'argent pour dérober une place qui revenait, en ce qui me concerne, de droit à l'or silencieux ...

Bien à toi

Songe

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Le 20/03/04 à 11:40
Mon cher Songe,

J'apprécie toujours énormément tes commentaires. Mais leur longueur m'oblige à prendre le temps d'y répondre, simplement. Ne crois pas que je les ignore, loin de là. Ma réponse est bien entamée, mais point encore terminée, car tu soulèves des questions intéressantes auxquelles je tiens répondre de mon mieux. Tu auras de mes nouvelles très bientôt.

Bien à toi, précieux ami des premiers temps,

Barjac
Répondre à ce commentaire
Le 22/03/04 à 16:53
Mon cher Songe,

Pardonne mon retard pour répondre à ton commentaire : celui-ci soulève, même indirectement, certaines questions auxquelles je souhaitais répondre, quitte à prendre le temps qu’il fallait pour ça. Tu trouveras des éléments de réponse dans mon nouveau post. Sache, par ailleurs, que ta plume est toujours la bienvenue en ces lieux, et que mon silence n’est jamais qu’un retard ; je manque d’assiduité à la tâche, ces temps-ci. :)

Ton histoire de vie de bohème m’interpelle. N’ai-je pas, à l’heure de m’engager dans la vie active, conçu ce projet fou de partir avec un sac sur le dos, à l’aventure, voir à quoi ressemble le monde lorsqu’on est vagabond ? C’est un projet qui me fait penser à une forme de suicide : demandant beaucoup de courage, mais trahissant par ailleurs une immense lâcheté. Je ne pense pas que ton projet ait le même sens que celui-là ; je suppose que le tien n’est pas une fuite comme le mien. Mais tu as raison, on vit de peu, et j’ai au moins ce désir de ne pas viser trop haut, un trop haut qui aspire, qui fait de l’homme un compétiteur gérant sa carrière, essayant d’aller toujours plus haut en oubliant toujours plus de l’essentiel. Cela ne m’attire tout simplement pas. Malgré les diplômes, je veux trouver un emploi qui me laisse le temps d’écrire, de réfléchir, de me promener, de profiter de la vie. Il semble d’ailleurs plus facile à l’homme de ceuillir le bonheur lorsqu’il a besoin de peu, possède juste le nécessaire, que lorsqu’il se noie dans les désirs et les possessions matérielles. Je suis entièrement d’accord avec toi à ce sujet. Un peu de paris, un sourire de femme croisée dans une rue, une coulée de soleil inondant les boulevards, un café sur une terrasse, une après-midi aux Tuileries... Autant de petites choses qui à moi aussi m’apportent beaucoup.

Sans doute, ma sensibilité souffre de se sentir seule. Mais tu connais ma conception de l’homme : pour moi, il est prisonnier de son individualité, de sa différence, et ce n’est pas pour rien si faire l’amour ressemble une lutte. On y lutte contre cette prison d’unicité, cette prison du corps que l’on ne peut fondre entièrement en l’autre. Hum, conception personnelle de l’acte amoureux :)

Oui, Songe, tes mots me vont droit au coeur. Je les sais authentiques, mais j’ignore dans quelle proportions ils sont faits pour être réalisés. Je me souviens simplement que tu étais là au début, et que j’avais été frappé par la ressemblance. Aujourd’hui, je connais aussi nos différences, mais je ne t’en apprécie pas moins. Plus proche de moi, tu m’aurais moins apporté. Je continue à te lire, et je sais que tu me lis aussi. Nos théories divergent, mais le respect que j’ai pour toi ne change pas, et ne changera pas. Tu cherches avec le coeur ce que je cherche avec la raison. Nos méthodes diffèrent, mais je doute que nos buts soient si éloignés que ça. Quoiqu’il en soit, tu peux être rassuré : je ne t’oublie pas. Tu es comme un vieil ami, de ceux qui avec le temps sont devenus une présence plus qu’un individu. On sait qu’ils sont là sans avoir besoin de se tourner pour le vérifier, on sait qu’ils savent qu’on est là, alors on peut se permettre de garder le silence, de le savourer, comme seuls les amis peuvent le faire.

Oui, Paris me manque, je rêve aussi des bancs où j’allais user mes fonds de culotte, les dimanches. Mais le jour viendra où je les retrouverai, et j’aurai plaisir à échanger avec toi les idées que l’on couche pour l’instant sur le clavier. En attendant, puisque cela te tient à coeur, il va me falloir prendre la plume. :) Mais ce n’est pas sans joie. Le papier possède un charme que le mail ne lui ôtera jamais, n’est-ce pas ?

Pour Sorberky, pour des idéaux partagés, pour un compatriote en pays étranger.

Bien à toi,

Barjac
Répondre à ce commentaire
Le 28/03/04 à 18:00

Cher Barjac,

J'attendais de clore mon commentaire à ton article pour répondre à ce commentaire-ci ...

Il est vrai que je manque aussi d'assiduité à certaines tâches littéraires qui me tiennent à coeur depuis quelques temps déjà (notament celle de construire une philosophie personnelle qui astreigne ma pensée à une rigueur qui lui fait encore trop défaut pour aborder son environnement).

Cette conception de vie de bohème m'est venue avec l'expérience de cette jungle urbaine qui m'accule chaque jour davantage aux concessions à mon indépendance tant de pensée que d'actes et qui me donne ce sentiment de me rendre chaque jour plus étranger à moi-même. Parallèlement à cela j'ai pu constater qu'on vivait bien de peu pourvu que ce peu accueille les arts et le temps de contemplation qui les favorise ... il y a peu encore je souhaitais moi aussi vivre le monde avec un rien sur le dos et un plein dans le coeur et le regard mais j'ai vite appris, avant même d'avoir passé les frontières, que l'on cherche à nourrir ses chairs avant de faire boire son esprit, j'ai appris qu'on cherchait d'abord à coucher son corps avant d'allonger son esprit au long d'un chemin contemplatif. J'ai appris que ce je fuyais me retrouverais à chaque pas, parce que je me fuyais moi, parce ce que je voulais avant tout me découvrir autre. Or aujourd'hui j'ai découvert cet autre bien moins loin de là d'où je viens que je ne l'imaginais; je vis à une heure de train de là d'où je venais et pourtant ma vie est très différente de ce qu'elle était et j'ai beaucoup appris de moi-même. Aujourd'hui je vois une bohème qui voyage sur place et non plus celle qui souffre d'entendre l'appel du large; aujourd'hui je vois qu'il me reste tant de voyages à faire dans le paysage parisien, que mon art saura fleurir aussi bien dans le soleil de mon modeste appartement que sur un sentier mongol, que j'aurais autant de plaisir à écrire sur les marches de la butte que celle du Taj Mahal. Je voulais courir le monde pour y vivre des aventures trépidantes, aujourd'hui je me rends compte comme le monde commence à ma porte et les aventures à deux aps de chez moi. Celui qui sait vivre de peu aura aussi peu de dépendances et bien des libertés de jouir de sa vie. Aujourd'hui je me suis défait de cette angoisse de la sécurité professionnelle et sociale. Si je peux vivre d'un temps partiel qui me laisse éventuellement dévellopper un art qui puisse alors se vendre, je crois que cela suffira à mon bien-être pourvu que je puisse vivre en harmonie et avec mes idées et avec ceux qui m'entourent. J'ai beaucoup délaissé de ma récente prétention et découvert que l'art était l'humanitaire de l'âme, une charité parfois plus grande pour l'humanité que toutes les sommes versées.

Ma sensibilité souffre aussi souvent d'être seule mais elle le fait encore bien plus d'être mal entourée alors je m'efforce de trouver une vision et une pensée qui sache produire le bien-être dans la solitude elle-même et s'ouvrir à des partages simples mais néanmoins sensibles et attentifs ; il est vrai que je me retrouve bien seul mais je préfère ça à me retrouver entraîné dans un monde qui n'est pas le mien ...

Tes mots aussi me touchent parce qu'ils me disent qu'au delà de tous ces mots, ces absences, ces passions, il est des présences qui se suffisent de quelques mots lus pour se savoir l'une et l'autre présentes même dans les silences. Je crois aussi que nos chemins se chevauchent même si nos pas divergent, car au bout du compte je pense que nous poursuivons intuitivement des objectifs semblables. nous nous retrouvons là où coeur et raison se marient je crois ... et plus avance le temps, plus mon coeur écoute la raison et la raison mon coeur. J'ai comme ce sentiment de parcourir à cette heure un bout de chemin nécessaire à une détermination précise de ma vie à venir et je me dis avec un peu de recul que je n'aurais peut-être pas su retirer toute la richesse de ces pas autrement qu'en solitaire. Ces pas de solitude me donnent aujourd'hui une vision plus sereine des amitiés et amours que je conçois. Il aura fallu toutes ces déceptions, frustrations, attentes, douleurs pour bien discerner la valeur à donner à chaque chose. Si nous nous étions rencontré aux premiers temps, je t'aurais dis que je voulais changer le monde, changer les gens, planter des fleurs dans le macadam sous le fanion de la passion, aujourd'hui je me plais à penser que le monde changera de lui-même lorsque les gens changeront de eux-même : si je mets un peu de macadam dans mes fleurs et qu'elles en fleurissent davantage, alors naturellement ceux qui m'entourent feront de même et les fleurs égayeront le macadam ... je t'aurais peut-être dis que je m'imaginais journaliste en Colombie, humanitaire en Somalie mais aujourd'hui je me rends compte comme j'ai peu vécu et fait dans le monde qui m'entoure directement; j'ai beaucoup réfléchi à la réponse que m'avais faite dans ton dernier mail et ces mots-ci y sont d'une certaine façon la réponse ... je crois que j'avant tout besoin de construire un espace de paix extérieure et intérieure, parce qu'il me semble que c'est quelque chose de précieux qui fait beaucoup défaut bien qu'essentiel.

J'espère pouvoir stabiliser assez ma situation pour t'accueillir à Paris avec plaisir et sérénité lorsque l'heure sera venue ... d'ici là c'est avec plaisir que j'empoigne moi-même une plume que j'ai un peu trop délaissée pour les touches. Je te fais connaître mon adresse dans les articles proposés (tout en précisant que tu seras libre d'y écrire quand tu en auras l'envie, je crois que nous prenons tous deux le temps comme il se présente).

Pour Sorberky oui et pour la douceur de l'air du pays et l'abondance de ses charmes !

Bien à toi

Songe

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Le 18/03/04 à 23:31
Comme c'est drôle moi je n'ai jamais connu l'insouciance de l'enfance, et très tôt la vie m'a parue cruelle. Les textes sur une enfance douce et heureuse me fascinent toujours. Très tôt j'ai développé ma méthode Coué, c'est bien des années plus tard que j'ai appris son existence.

Ma projection de petite fille : celui d'être heureuse "quand je serai grande". J'y arrive tout doucement, ma vie de jeune adulte est plus douce que mon enfance malgré des accidents.

Je crois en l'amour, je lui adresse des prières. . . Il est venu plusieurs fois. Il m'a apporté plus de bonheur que mes rêves d'enfants auraient pu l'imaginer : un monde calme, de douceur, de voluptés, d'extase.

Mais mes ambitions d'enfant sont tellement grandes, que ceux qui m'ont aimés n'étaient, avec le temps, plus à leurs hauteurs. Je les ai laissés derrière moi, bléssés, dans les larmes et les souffrances.

J'espère que l'amour ne me punira pas.

Si aujourd'hui il me punit et que plus jamais il me fera vivre ses douceurs, je me résigne. Je peux demain mourir, j'aurais connu l'amour. La plus belle chose au monde. Il faut y croire. Il est là.


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