Passé une heure à regarder le plafond avant de pouvoir enfin trouver le sommeil. Tiré des plans sur la comète, torturé mes méninges pour qu'elles recrachent son numéro de téléphone (avec succès, je crois, mais qu'importe), imaginé qu'elle était peut-être mariée (aïe), imaginé qu'elle ne l'était peut-être pas, qu'elle était peut-être seule, et si elle n'osait pas prendre contact, qu'on se retrouvait à 70 piges pour réaliser qu'on pensait chacun à l'autre pendant tout ce temps, tout ce temps gâché. De quoi se tirer une balle. Bien sûr, je m'emballe. Ouvert la boîte de Pandore, et me voilà boule de neigeant sur un flanc de colline. C'est moi il y a quatre ans, retournant là-bas, mais que croyais-je ? Que le monde s'était arrêté de tourner avec mon départ ? Assez. J'ai brûlé les ponts derrière moi, dans un élan de lucidité. J'ai du revenir à la nage, j'avais oublié de lui demander quelque chose ; ça n'a pas été une partie de plaisir. La prochaine fois, penser à poser les questions d'abord, et à me couper la retraite ensuite. Ca facilitera les choses.

Du coup, je ne vous dis pas l'état, ce matin. A. qui fait des phrases, dans la voiture : "Wearing the vampire face, today?" J'en rirais, d'ordinaire, mais comme je fonctionne sur les batteries de secours, je m'économise. Le café n'y fait rien. Je repense à ma conversation avec mon pote M. la semaine dernière. Où comment il y avait cette fille S. qui me connaissait bien et il avait essayé de lui apprendre la guitare et elle avait essayé de lui apprendre le français et puis ils avaient couché ensemble, accidentellement (guitare, accent français, l'attraction était en effet fatale). Pas moyen de me souvenir de cette S. Qui me connaît. Qui sait que M. et moi sommes copains. Qui a la couchette facile. Le déclic, et la grimace. S., bien sûr. Cette nana sortie de nulle part qui m'avait tenu la jambe un matin, m'avait raconté toute sa vie, son copain qui habitait Dieu savait où, et avait complètement ruiné ma pause café avec ses âneries. Le genre de personnes qui, quand elles vous demandent du feu, vous font regretter de ne pas avoir un lance-flammes. Vous les sentez venir, elles ont du blabla plein le regard, des histoires sans queue ni tête à vous faire pourrir d'ennui, ça éclabousse de partout, vous savez tout de suite que vous allez en prendre plein le pantalon. Elles vous guettent, à l'heure où ouvre la fac, quand il n'y a personne d'autre, que vous êtes mal réveillé et que vos radars ne sont pas encore activés. Elles sont ce que je serais si je m'exprimais verbalement :) Il faudrait leur dire qu'on a inventé le blog pour raconter ce genre d'histoires. Et qu'il faut laisser les gens prendre leur café en paix (et leurs potes dormir tranquilles).