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Animâles considérations
Sur l'amour au masculin (plutôt singulier)
Marchant ce matin dans la rue, je croise une fille très féminine. Jeans serrés, talons, pardessus de laine grise, elle marche d'un pas décidé. Et clic, basculement.

Pendant quelques secondes, ce coin de rue m'apparaît tout autre. C'est Paris. Souffle un vent d'espoir. Ville immense, étrangère. Femme, beauté à venir. C'est moi môme, souvenir d'une virée à Paris, faubourg Saint-Honoré, pharmacie, avenue Montaigne, siège d'Antenne 2, restaurant poissonnier. Monde immense dans les yeux du petit bonhomme. Femme jolie, femme élégante, femme si grande et pleine en courbes grâcieuse démarche de chatte. Attendre, un jour tu seras un homme. Alors. Mais attendra-t-elle jusque là ? Dieu faîtes s'il vous plaît que le temps passe un peu plus vite.

C'était la femme. Dans un décor d'aventure, sur fond de boutiques chic. C'était le monde, l'autre monde, le monde adulte, amour amour amour. Le monde des grands, le grand monde, pour ce petit moi. Monde de tous les possibles, monde de tous les désirs, veste en cuir et café en terrasse, femmes éclatantes en rivières de cheveux. Tout ça pour dire ? Que le monde des grands ne fut jamais ce qu'il devait être. Qu'Eva naissante fut vite Eva-porée, Eva-nouie. Eva-noyée. Eva-pourrie. Mon désir d'amour était un désir d'enfant. Irréel, sans limite. Fascination de petit être face aux belles géantes d'un âge encore lointain. L'enfant a grandi, et devenu géant lui-même, il ne reste plus guère que de petites femmes. Le monde lui même a rétréci, passé à la machine, bouilli déteint. Je suis retourné au faubourg Cent Tonnes Aurées. C'était le même, pourtant différent. Disparu le charme de mon souvenir. Différente vision. Au pied de l'arbre, la forêt semble immense ; à son sommet, minuscule. On grandit d'un mètre et voilà que le monde tient dans une boîte.

Idem pour les femmes. La foi ne survit pas longtemps, une fois qu'on a dépassé son dieu. Il reste bien sûr l'attraction de l'homme pour la femme. C'est ainsi que ça se joue dans le monde des grands. Mais la femme déesse s'est effacée. Disparue avec les immenses portails de verre de l'avenue Montaigne, devenus simples vitrines de magasins. Ce n'est qu'à travers le souvenir que je retrouve ma vision enfantine du monde, brusquement, comme ceci, au détour d'une rue où la vue d'une femme jette un pont entre les deux mondes. (Je crois que les sentimentaux, les romantiques, sont ces gens en lesquels l'adulte n'a pas su évincer l'enfant, et les deux se mènent un combat sans fin, impossible cohabitation, désirs contradictoires, visions du monde inconciliables. Nous sommes un champ de bataille.)

Je m'imagine un peuple primitif, à l'unique déesse féminine. Statue géante aux formes pleines, fertilité, sécurité, protection, vie, amour. Hommes-enfants face à la femme-mère. Je vous salue Marie. Les femmes, toutes prêtresses. Cela résume ma vision adulte de la chose. La Femme est une abstraction, un concept à la croisée de deux désirs incompatibles, celui de l'enfant pour la mère nourricière et celui de l'homme pour la femme reproductrice. Les femmes sont un intermédiaire entre l'homme et cette abstraction vers laquelle il tend sans jamais pouvoir l'atteindre. Le désir est désir de réunion, d'être avec (la Femme divinité). Désir irréalisable, sans cesse déçu. L'acte sexuel est une sorte de transe pendant laquelle la divinité investit le corps de la prêtresse et confère à celle-ci tous ses attributs. Mais seulement temporairement, car elle se retire au terme de l'acte. Cela expliquerait le sentiment doux-amer qui nous saisit parfois après l'amour. Compagne redevenue simple prêtresse, sentiment triste. Cela pourrait aussi donner un sens à certains cultes païens, ou la déesse "Nature" ne serait autre que cette déesse Femme (cela n'explique pas ce que ce "Nature" signifie pour les femmes dans le même contexte. Un dieu homme-père, symétrique ?).

Selon ce point de vue, lorsque l'homme regarde une femme, il regarde en réalite toujours un peu au-delà. Lorsqu'il tend vers l'une d'elles, il tend en réalité vers la Femme, mais ne peut aller plus loin que la femme. Tristesse les jours d'hiver. Colère les jours d'été, désir violent, orageux. Coucher avec une femme ? Incomplet. Désir trop fort, étouffement. Coucher avec toutes ? Un mieux. Du domaine de l'idée, bien sûr. Ce pauvre corps ne suivrait pas. Toutes les femmes, c'est presque La femme. Impossible. Colère. Rebellion face à ces pulsions, instinct comme un hurlement vieux de millions d'années. En vain. A genoux de gré ou de force devant cette inconnue qui nous gouverne tous, vassal grincement de dents, refus de l'autorité. Arbitraire facétie de Dame Nature. Préserver l'espèce. Animal instinct. Mais pourquoi ? Ne pourrions-nous être comme elles, attirés juste ce qu'il faut ? Moindres désirs, sans folie sans fureur. Avons-nous besoin d'avoir à ce point besoin ? C'est ainsi, par dessein. Hommes nous sommes, d'Elle les sujets, alors plier le joug devant elles aussi. S'envoyer en l'air de dépit.

Théorie qui explique aussi ce premier paradoxe, noté il y a longtemps. La femme que l'on aime est toujours la plus belle. Ca aurait pu être une autre. On l'aurait aimée avec la même fougue. On a aimé ainsi, on aimera encore. Les visages changent, pas le sentiment. Alors, peu importe la femme, au fond. Et ces mots sincères pourtant mais dont l'écho dérange. Tu es la plus belle. C'est toi et toi seule que j'aime. Je t'aime. Je t'aime. Rousse, brune, blonde au prénom changeant. Le temps passe et avec lui les robes, et pourtant c'est toujours la même chanson, le même unique amour. A travers chacune. Pour Elle. Elle, concept abstrait, intouchable. Divinité si vous le voulez. Toute les femmes mènent à la Femme, de même que tout curé mène à Dieu. L'appeler Femme pour ne pas l'appeler néant. Car alors quel constat terrible de solitude. Tendre vers quelque chose que l'on prétend extérieur à nous. Vers quelqu'un. Tout en sachant qu'au bout du chemin se trouve un miroir. Illusion du but, de la destination, pour justifier le voyage. L'amour enfin démasqué ? Qui sait. Ne pas trop s'y pencher, ou gare au vertige. Pensées potentiellement destructrices. Faîtes jour sur l'imposture amoureuse et le monde s'écroule. L'amour. Au fond, rien de plus qu'une religion.

Oui mais alors. Et chez les femmes ? La même chose en intervertissant le rose et le bleu ? Trop simple, j'imagine. Les pulsions diffèrent sensiblement. Et puis elles ont la machine à fabriquer les bébés. Le truc magique que nous autres n'avons pas. Ca les place dés le départ dans un autre paysage. Que j'ignore. Et sur lequel je ne pourrais faire que spéculer. Mieux vaut me taire pour le moment.

Ecrit par Barjac, le Vendredi 12 Janvier 2007, 15:38.
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Commentaires
Le 16/02/07 à 12:46
J'en ai les larmes aux yeux...
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